( 9 février, 2011 )

Nineties : « puisqu’il fallait bien continuer… » (3ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 1 :

Nineties :

Il y a des jours comme ça où les choses et les gens vous paraissent bien futiles…

Des jours où l’on n’a plus le goût à rien.

Des jours où l’on se dit que le temps continuera sans vous, sans aucune compassion.

Des jours où l’on prends conscience qu’on est si peu de choses, à l’échelle de l’univers.

Des jours où l’on n’est plus personne, sauf un vague numéro sur un formulaire de sécu : un matricule, en somme…

Des jours où il faudra chercher le chiffre, estampillé sur un formulaire sans âme, le seul repère pour pouvoir enfin pleurer au seuil de la dernière demeure de nos chers disparus !

http://www.youtube.com/watch?v=AB4m885sTeE&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

J’étais dans cette église où je fus surpris de la présence de beaucoup de collègues, et de ma surveillante qui avait quitté son regard sévère, pour laisser apparaître ce qu’il y avait de plus doux en elle.

A ma droite, il y avait ma soeur Odile, née en 1951, la seule qui restait après le suicide de Salomé en 1976, et qui m’avait laissé sa chambre en 1969, lorsqu’elle fut admise à l’université, à 150 kilomètres du foyer monoparental.

A ma gauche, il y avait une femme…

Celle dont je n’ai jamais parlé jusqu’à présent : une soeur avec laquelle nous n’avions jamais vécu, puisqu’élévée par mes grand-parents maternels.

Elle était notre aînée, ayant vu le jour en 1949 : Gwladys !

Je n’avais que de vagues souvenirs de nos premiers contacts, j’avais cru dans un premier temps que c’était ma tante, avant que Maman ne me dise qu’elle était ma soeur.

C’est à cette occasion qu’elle m’expliqua son histoire, indissociable de la sienne et de celle de mon père.

Lorsque le cercueil de Maman entra dans l’église, je me remémorai le vecu de mes parents, grand-parents et l’histoire de leur première petite fille…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=kdtoIUqZuC8

Mes parents s’étaient rencontrés à la faculté de médecine de Paris alors qu’ils étaient étudiants, mon père venant des antilles, Maman de sa Normandie.

Ce fut tout de suite le coup de foudre, cette chose irrationnelle que les scientifiques n’ont pas encore réussi à enfermer dans leurs pipettes…

1948 fut l’année du mariage et de l’abandon de la quasi unanimité de la famille, du côté de Maman.

Il est rare que, dans les antilles, on puisse confondre un autochtone avec un suédois ou un norvégien : y’en a que ça gênait, sans doute !!!

L’amour est plus fort que tout, certes, mais il faut se méfier des périphériques…

Nougaro, dans une de ses chansons, décrivait un monde sans pitié : « certains requins m’ont dit : on va pas te manger, mais travaille ton crowl, ce sera plus prudent !!! »

http://www.youtube.com/watch?v=A45pkKG_fXk

« On t’attentait fiston ? »

Apparemment pas celui-là !

C’est grâce à cela que je n’ai jamais connu de cousins ou cousines de cette partie de la famille, pour une histoire de couleur de peau…

Gwladys naquit en 1949, c’était un beau bébé couleur café, couleur de l’amour, si bien décrite par Mister Serge :

http://www.youtube.com/watch?v=9RDahNm5ASA

Mais le jeune couple vivait dans une mansarde : trop froide l’hiver, trop chaude l’été.

La petite fut donc confiée aux grands parents maternels, comme cela se faisait beaucoup à l’époque.

Maman était fille unique mais n’en fut pas plus heureuse pour autant, élevée par un père qui n’avait pas la fibre paternelle, trop ancré dans le drame qu’il avait vécu en 1908, alors qu’il avait encore sept ans : la perte de sa propre Maman, « Ludivine » pourtant très jeune…

« De quoi est-elle morte, en fait ? » avais-je demandé à Maman…

Elle :

« On a dit que c’était d’une fièvre puerpérale… »

Moi :

« Et c’est quoi cette fièvre pé… Pué… Enfin machin, quoi ?!? »

Maman :

« C’était une façon « éléguante » de ne pas dire qu’elle s’était faite avorter, particulièrement à une époque où c’était illégal… »

Moi :

« Un avortement ?!?

Pépère (c’est comme ça qu’on appelait mon grang-père) aurait donc pu avoir un frère ou une soeur, alors ?!? »

Maman :

« Techniquement, oui… Mais le couple ne s’entendait plus du tout, et Ludivine était de plus en plus indépendante, ce qui ne pouvait que faire plaisir à la belle famille protestante qui n’avait que peu apprécié ce mariage, car Charles, ton arrière-grand-père était catholique ! »

Moi :

« Ha, le délire : y’avais une guerre de religion chez les ancètres ?!?

Faudra que j’écrive un bouquin là dessus, un jour !!! »

Maman :

« Si tu veux, mon fils…

Mais il te faudra faire un peu moins de fautes d’orthographe, mon petit lapin !

Et puis, cette histoire se termine mal, même si la vie de ton arrière grand-mère Ludivine fut passionnante.

Elle avait coupé ses beaux longs cheveux roux pour rejoindre les « garçonnes », des femmes qui ne voulaient plus subir la loi des hommes… »

Moi, admiratif :

« Ho, mon dieu : ce que je donnerais pour l’avoir connu…

Que son sang coule dans mes veines est mon plus grand bonheur !!! »

http://www.youtube.com/watch?v=kqreS7KXP7k

 

A suivre…

 

( 6 février, 2011 )

Nineties : puisqu’il fallait bien continuer… (2ème partie)

« La déchirure…« 

Nineties : puisqu'il fallait bien continuer... (2ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=omM5oMSXF0E&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

29 mars 1990 : 04h30

Je venais de décrocher le téléphone, c’était la directrice de la clinique où Maman avait été admise quinze jours plus tôt suite à son accident vasculaire cérébral qui lui avait paralysé tout le coté droit…

« Monsieur, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer :

votre Maman vient de décéder d’une embolie pulmonaire… »

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=k1-TrAvp_xs&feature=related

Elle avait fini par tomber, celle qui me poursuivait depuis le premier jour de ma naissance, celle qui était bien campée au dessus de ma tête : cette putain d’épée de Damoclès !!!

Maman était née cardiaque et j’avais passé mon enfance à la voir évoluer d’hôpitaux en hôpitaux où elle dut subir deux opérations à coeur ouvert…

Malgré cela, elle avait toujours assuré son métier et sa vie de famille, entre deux séjours, entre deux crises.

Jésus, toute proportion gardée, avait sa croix pour vivre son martyr.

Moi, pauvre de moi, j’avais cette épée pour vivre le mien…

Chacun son accessoire.

Trente-trois ans, âge que nous avions en commun, était-il maudit ?!?

En tous cas, c’était celui où je me sentis « orphelin », comme dans cette chanson postume du Grand Georges.

http://www.youtube.com/watch?v=jCxT2dfRC8g&feature=related

Maman avait quitté son enveloppe corporelle dont je caressais le front avant de l’embrasser. Quelque chose avait quitté mon corps au même instant, j’étais comme un néon éteint…

Où était-elle, cette âme qui animait le corps de Maman ?

Nos énergies étaient-elles reliées ?

La mort avait-elle coupé le cordon par où elles passaient ?

Ce fichu  cordon ombilical si cher à ceux que je détestais : les psychologues !!!

Enfin : ils pouvaient être satisfaits, puisqu’il était détruit par la force des choses…

On voyait sur le visage de Maman qu’elle était partie dans la souffrance.

Révolté, je levai les yeux vers le Christ qui était au dessus du lit, et m’adressai à lui, tel Don Qichotte s’attaquant aux moulins à vents :

« Ça aurait fait chier ton père de laisser Maman partir sans la torturer ?!?

Tu ne crois pas qu’elle en avait assez bavé déjà comme ça, Non ?!? »

Une infirmière entra dans la chambre :

« Vous avez appelé, Monsieur ? »

Moi :

« Oui, mais pas qui vous pensez… »

Elle :

« Pardon ?!? »

Moi :

« Excusez-moi… Je reviendrai vers dix heures pour régler les détails administratifs. »

Et je laissai l’enveloppe corporelle de Maman dans cette chambre devenue sans âme et regagnai tel un robot mon véhicule alors qu’il ne faisait pas encore jour.

Je savais que ce serait forcément une sale journée qui m’attendait, la première de ce parcours du combattant que serait le reste ma vie sans elle !

Dès lors, ma propre vie ne m’intéressait plus…

 

A suivre…

( 5 février, 2011 )

Nineties : puisqu’il fallait bien continuer…

« 200 ans après la Révolution française, juste avant les nineties…« 

Nineties : puisqu'il fallait bien continuer... dans Chronique du temps qui passe...

Ceux qui avaient eu la bonne idée de naître du bon côté de l’Europe, juste après l’armistice, connurent les trente glorieuses.

Hélas, pour les autres, l’oppression continuait !

Puis un jour, ils connurent à leur tour la libération, au prix du sang de leurs camarades les plus courageux…

http://www.youtube.com/watch?v=sUZWlf_vuKg&feature=related

le 9 novembre 1989, Maman eu le temps de voir la fin du mur de la honte, à la télévision…

« Je ne croyais pas vivre ça un jour ! », me dit-elle avec émerveillement.

Puis elle se tourna « par réflexe » vers le vieux fauteuil qu’affectionnait Mr Baltazard quand il nous rendait visite, ce pourquoi on ne l’avait pas mis à la décharge.

Il était vide mais on y voyait encore son empreinte : c’est dans ces moments-là que la mort deviens effective, lorsqu’on prend conscience que l’être cher ne repondra plus jamais…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=CVL6wIeBo2g&playnext=1&list=PL560C62AF5D6AE6CB

« Y’a des souvenirs qui se proposent, comme pour mieux déchirer encore… » : qui disait ça ? Ha oui : Charles Aznavour dans une de ces chansons (Me voilà seul), que je passais en boucle en 1977…

Je me souvenais de cette soirée improvisée en 1985, année où j’avais fait un break avec Marianne, n’en pouvant déjà plus de ses scènes perpétuelles.

Nous avions acheté un 45 tours de Frédéric François qui était destiné à « éteindre l’incendie » à chaque hostilité, en le passant :

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=_eWXlX8-brI

(Si tout était si simple…)

J’étais revenu habiter dans mon foyer maternel « monoparental », seul endroit au monde sur terre qui ressemblait au Paradis, enfin… Lorsque je n’étais pas harcelé de coups de fils de Marianne, qui avait obtenu que je vienne passer le mercredi chez elle et le week-end (nuits comprises) !

J’avais accepté pour les enfants, dont elle se servait comme d’une arme de chantage, car elle savait que je les aimais et que c’était réciproque… Et puis, il n’y avait pas d’autres femmes dans ma vie : j’étais tout simplement saturé par son univers pesant de tristesses et de fausses contraintes.

Mais cette soirée-là était toute à moi, Maman avait décortiqué des crevettes qu’elle avait acheté le matin au marché, pour nous faire des tarines dont elle avait le secret.

Soudain, la sonnette retentit…

Maman, avec le sourire :

« Ha, ça : c’est Mr Baltazard, à tous les coups ! »

J’ouvris la porte, c’était effectivement lui qui venait se changer les idées et s’offrir un peu de bien-être en se joignant à nous.

Il avait apporté une bouteille de champagne, j’avais moi-même été faire quelques petites courses, donc, je n’étais pas revenu les mains vides, assortiment de charcuteries fines, fromages variés et bouteilles de bons crus à l’appui !

Maman nous donnait ses tartines pendant que je versais, en guise d’apéritif, un Chivas (whisky) de derrière les fagots dans nos verres… Quel bonheur, même si  éphémère, que cette « tisane malté d’origine écossaise » qui nous coulait sur le jabot, comme la rosé du matin sur les feuilles.

La soirée ne fut tinté que de poésie et d’humour au service de notre convivialité !

Ma plus grande joie étais de voir Maman heureuse de vivre cet instant de joie et de bonheur…

C’est alors que je sortis ce vieux disque des mousquetaires au couvent :

http://www.youtube.com/watch?v=eTmp3sK9FSA

Hélas, tout a une fin et le fauteuil de notre ami restait, aujourd’hui, désespérement vide…

La santé de Maman se dégradait lentement mais sûrement en cette fin d’année 1989.

J’avais repris la vie commune « à plein temps » avec Marianne  depuis 1986, à la plus grande satisfaction des gamins.

Mais elle ne comprenait pas que je sois souvent pendu au téléphone pour échanger quelques mots avec « le premier amour de ma vie » : précisément celle qui me l’avait donné, et devait hélas perdre la sienne quelques mois plus tard…

http://www.youtube.com/watch?v=mUpPi0s7Ggo&feature=related

Moi (il paraît que mon visage se déshumanisa à cet instant) :

« Si tu ne peux pas accepter ça, alors : il faudra te passer de moi, car jamais, Ô grand ja-mais (!!!), je ne laisserai qui que ce soit m’obliger à abandonner ma Maman !

Si tu dis UN mot de plus sur le sujet,

que tu me sors la théorie de ta connasse de psy sur le « cordon ombilical non coupé »,

je quitte à l’instant cet appartement et tu ne me reverras jamais plus !!!

Compris ?!? »

Elle acquiesça timidement…

Moi, bouillant de l’intérieur, montrant mon oreille :

« J’ai pas entendu !!! »

Elle, haussant les épaules :

« Oui : j’ai compris… »

Je n’étais pas particulièrement fier de mon comportement « macho », mais c’était plus fort que moi… Je pouvais encaisser toutes les critiques me concernant sans répondre, mais  il ne fallait surtout pas toucher à la dernière divinité vivante de mon univers bien ébranlé : Maman !!! »

Pour me détendre et me calmer, je mis une cassette vidéo d’un film de Jean-Yanne :

http://www.youtube.com/watch?v=XVDXebfFvEE&feature=related

Un monde beau et gentil, même pastiché, pouvais-je encore y croire, alors que tanguy avait 16 ans et se faisait de plus en plus rebelle ?

Et ça ne faisait que commencer : ce que vous appelez l’enfer, c’était déjà chez-moi…

 

A suivre…

( 4 février, 2011 )

Eitghties : du flash-back comme s’il en pleuvait… (8ème partie)

« Mr Balthazard : dernier tour de piste…« 

Eitghties : du flash-back comme s'il en pleuvait... (8ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=fRwlTMu4Hyg

Janvier 1989…

Ce n’était pas le « Fernand » de la chanson mais sa solitude et mon désespoir étaient similaires, même s’il y avait sa famille, quelques amis et proches dont j’étais…

Non : il s’appelait « Dr Balthazard »; c’était le collègue de Maman, un véritable ami… Mon presque Père : celui du coeur, et on me l’avait tué !!!

Ho ! Il n’avait pas été victime d’un homicide au sens « juridique » du terme, mais son suicide tombait à pic pour renflouer les caisses de son « amante religieuse », sa troisième femme qui s’était fait faire deux enfants de lui, comme d’autres font des placements, spéculant avec leurs doigts crochus, peaufinant un avenir fructueux…

Je n’avais rien pu faire pour lui, toujours amoureux de cette créature dont il avait divorcé quelques temps avant, mais dont il était toujours fortement amoureux, malgré qu’elle l’ait trompé d’une manière éhontée.

Ce n’était pourtant pas faute de l’avoir pris en charge, jours après jours, week-ends après week-ends, sauf ceux pendant lesquels je travaillais…

Il avait toute mon admiration, toute mon affection.

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Aussi lui en ai-je beaucoup voulu, lors qu’il a sauté de ce pont un dimanche maudit de janvier 1989, alors que j’assurais mon travail au Centre des Moines !!!

Pendant ce temps, le téléphone de sa maison sonnait : c’était moi qui essayait de le joindre depuis la cabine téléphonique du sous-sol, pendant ma pause. Le fait qu’il ne réponde pas ne présageait rien de bon, et pour cause…

Cette chanson de Gilbert Bécaud me revenait en mémoire, elle collait parfaitement à mon état d’esprit, à cette différence près que mon ami était mon ainé de plus de trente ans…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=qk-GfbACo-8

La chapelle était pleine, mais où étaient-ils ces gens-là, lorsque la dépression vint le faucher et qu’il avait besoin de présence, victime d’un passé qui l’avait soudainement rattrapé ?!?

La retraite, il savait bien qu’elle allait arriver un jour, mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était de veillir et se voir diminué, lui : cet être si actif et enjoué !

Mourir : sa solution… Etait-ce la solution ?

Il avait donné une lettre à son ex-femme, où il expliquait exactement ce qu’il allait faire, à n’ouvrir que quand elle serait arrivée chez elle avec les enfants, dans le Sud-Ouest… Ce sombre dimanche !!!

Elle voulu me faire croire qu’elle avait respecté sa volonté, pour une fois, elle qui était si curieuse et sournoise.

Mais cela ne concerne que sa conscience : je n’en dirai pas plus…

 

« Ha, il peut sourire : il n’a plus de problème, lui, maintenant !!! »

Ainsi parlait son fils aîné, né du premier mariage, degardant son père sur son lit de mort.

Il avait été placé à l’institut médico-légal après avoir été retrouvé noyé… Ils lui avaient reconstitué un visage  effectivement souriant, avant de le restituer à la famille. Une de ses amies avait téléphoné dans mon service pour m’apprendre l’horrible nouvelle, le lundi en fin de matinée.

Ma surveillante, me voyant au téléphone, fronça les yeux dans un premier temps, puis son visage si sévère se fit tendre et compréhensif, quand elle vit les larmes qui coulaient sur mon visage, le téléphone encore dans ma main qui bipait…

J’essayai de lui dire qu’on avait retrouvé le corps de Mr Balthazard dans le fleuve, un ou deux kilomètres en aval du pont où son sac, sa veste et deux ou trois effets personnels avaient été bien rangés sur cette rampe qu’il avait ensuite enjambée !

Mais aucun son ne sortait de ma gorge qui était trop nouée, ma poitrine trop oppressée…

« Venez dans mon bureau, Jean-Jacques. »

Elle était là à me regarder craquer, me tendant kleenex sur kleenex.

J’avais toujours cru que son coeur était de marbre.

Ho, je savais bien qu’elle m’apréciait, et quelle ne fut pas ma fierté lorsque j’appris de la nouvelle surveillante générale, lors d’un entretien, que « Mme Florentino » [appelons-là comme-ça ] était à l’origine de ma mutation dans son service, alors qu’il était prévu que je soit affecté en maison de retraite (service plus « pépère »), suite à la libération du CDI en 1987 !!!

En fait, elle m’avait repéré depuis longtemps et considérait que je serais un « bon soldat » au sein de son équipe, que quelques filles fuyaient à cause de son sale caractère…

« Mon Dieu, Jésus-Marie-Joseph et tous les Saints du Paradis » : vallait mieux éviter de la croiser quand elle était de mauvaise humeur, ou alors, il ne fallait surtout pas oublier la gousse d’ail, la bible, le crucifix et : si t’avais un copain exorciste et qu’il passe dans le coin, fallait lui demander de jeter un oeil, sinon, t’étais mort !!!

Etait-cela, la femme des années 80, à l’aube des « nineties » ?!?

http://www.youtube.com/watch?v=D7dyrq2r2Sk&feature=related

Mais j’avais trouvé la parade, n’ayant même pas fait exprès : j’avais juste besoin d’être moi-même…

N’étant globalement entouré que de dépressifs et suicidaires dans ma vie privée, j’avais trouvé « refuge » dans l’humour et la dérision. Je pense, avec le recul, que c’est ce qui m’a sauvé la vie, en fait ! Cela et la faculté de me réfugier, non en absurdie comme l’ami Michel, mais dans celui des rêves et de l’espoir… Et de la foi qui existait en moi, peut-être ?…

En regardant le fils observer son père au « sourire artificiel médico-légal » bien exposé sur son lit, je me disais qu’en fait, les larmes de la progéniture de mon ami et bienfaiteur ne sortaient que parcequ’il ne s’appitoyait que sur lui-même…

Certains font des bras d’honneur, ce qui est très vulgaire ! D’autres, beaucoup plus poètes, savent faire rimer « révérence » avec « élégance », pour quitter un monde dans lequel ils n’ont plus leur place, car trop sordide !

La cérémonie se déroula comme tant d’enterrements auxquels j’avais participé jusque là, et je vis le cercueil de mon ami disparaitre dans ce fourgon mortuaire, qui l’emportait dans le Sud-Ouest, dans le fief de cette femme qui ne l’aimait pas mais avait porté ses enfants, fruit d’un amour à sens unique…

A suivre…

( 1 février, 2011 )

Eighties : du fash-back comme s’il en pleuvait… (7ème partie)

« De vraies raisons de pleurer…« 

Eighties : du fash-back comme s'il en pleuvait... (7ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

J’étais allé chercher les gamins à l’école et montais l’escalier avec le même entrain qu’un condamné à mort montant à l’échafaud, la lame de la guillotine étant la porte que j’allais franchir, c’est à dire celle de notre appartement…

Qu’y avait-il de l’autre côté ?

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

L’antithèse de la joie de vivre et de la convivialité, pour ne pas dire : ma chère et tendre…

Cela faisait un moment que je me demandais si notre couple, encore jeune, ne terminerait pas comme dans cette chanson :

http://www.youtube.com/watch?v=89gnZ14idwM

Marianné était affalée dans le canapé, se gavant de chocolats… De mes chocolats !!!

Elle nous accueillit avec des sanglots, comme très souvent elle le faisait.

Moi :

« Sympa ! j’avais acheté ces petites gâteries pour qu’on les partage avec les gamins…

Enfin bref, allons dans la chambre : tu vas me dire ce qui ne va pas, cette fois-ci.

Et vous les gars vous pouvez regarder le

 dans Saga familiale

« Club Dorothée »

pour vous détendre un peu, mais après, on n’oublie pas de faire ses devoirs, hum ?!? »

http://www.youtube.com/watch?v=NRxyPGy9NeU&feature=related

Eux, à l’unisson, avec un petit sourire :

« Oui Jean-Jacques ! »

Moi, un air « faussement » sévère :

« Vous vous foutez de moi ?!? »

Eux, complices :

« Oui, heu… Non, Jean-Jacques ! »

C’était un petit jeu entre nous pour détendre l’atmosphère.

Je conclus avec un sourire « réellement » crispé :

« Je reviens dès que possibe, les gars… »

Eux s’en fichait comme de leur premières couches culottes, car ils avaient allumé la télé.

Marianne pleurait, pleurait et pleurait encore !

Moi, mimant l’expression d’un curé en confession :

« Je t’écoutes, parle sans crainte… »

Elle :

« Tu ne peux pas comprendre ! »

Moi :

« C’est vrai : je suis tellement con… »

Elle :

« Tu ne sais pas ce qu’est la dépression !!! »

Moi :

« Explique-moi : je serais beaucoup plus intelligent après… »

Et la fontaine des lamentations se remis à couler à flot. Elle me taxa de cynisme, ce qui n’était pas faux, mais que faire : pleurer avec elle, m’appitoyer sur ce qu’il y avait de plus négatif sur mon passé et me jeter du balcon ?!?

Non merci !!!

Moi :

« Ecoute-moi bien…

Je ne peux pas ressusciter ton frère, je ne peux pas ressusciter ton père, je ne peux pas changer ton passé… Tu prétends que les enfants sont tout pour toi, mais que fais-tu pour LEUR passé ?!?

Quand ils parleront de ce qu’ils vivent en ce moment, après avoir déjà eu un passé de merde, avec un père alcoolique irresponsable qui leur a fait plein de promesses qu’ils n’ a jamais tenues, ils se souviendront que c’est sur MON épaule qu’ils pleuraient chaque fois que ce con ne se présentait pas, alors qu’il devait les emmener en week-end !!!

Mais combien de dégâts leur aurons-nous faits, nous, les soi-disants adultes, avant qu’ils ne le deviennent eux mêmes, si tenté qu’ils y arrivent ?!? »

Marianne :

« Comment-ça : « qu’ils y arrivent » ?!? »

Moi :

« Tel que c’est barré, que ce soit avec les « mamies foldingues », leur « éthylique de père prodigue » ou toi « soeur sourire » (qui n’arrête pas d’engueuler Tanguy pour un rien, soit-dit en passant !), je ne suis pas persuadé que votre souci premier soit le bien-être des petits… Parceque, je suis loin d’être parfait, mais je ne passe pas l’essentiel de mon temps à me regader le nombril, moi !!!

Et puis, je vais te dire une bonne chose : à moins que tu ne m’invites à sortir de ta vie, le prochain ou la prochaine qui créé le moindre traumatisme aux petits : je l’expédie avec les honneurs qu’on lui doit !!! »

Je sortis de la chambre, les deux avaient l’air inquiets :

Tanguy :

« Tu ne vas pas quitter Maman ? »

Moi :

« Et merde ! Vous avez tout entendu ? »

Kévin :

« Tu parlais fort… »

Moi, après un soupir :

« Bah… Vous savez : faut pas écouter tout ce que je dis quand je suis en colère… »

Kévin :

« Si tu pars, je viens avec toi ! »

Moi, retrouvant le sourire :

« C’est gentil, mais ça n’arrivera-pas…

Bon : pendant que je prépare la cuisine, vous faites vos devoirs et si vous êtes sages je vous laisserai regarder la télé, mais pas trop tard ! »

Marianne fit l’effort de sortir de la chambre et vint me rejoindre dans la cuisine « de la réconciliation ».

Elle admit que cette situation n’était pas évidente pour moi, je lui accordai que j’avais quelques petites choses à rectifier dans mon caractère et que les mots avaient dépassés ma pensée, du moins qu’à défaut, toutes choses n’étaient pas bonne à dire…

Ouf, la soirée était sauvée !

Ce genre de scènes était légion, et plus elle se multipliaient, plus j’étais blasé, comme les mômes l’étaient déjà, hélas pour eux.

Je me disais que ceux qui avaient « réellement le droit de pleurer » étaient les membres des familles de nos chères célébrités disparues, car l’année précédente : 1986, fut une hécatombe pour notre patrimoine « populaire »…

Daniel Balavoine, mort le 14 janvier 1986

http://www.youtube.com/watch?v=6-IR_TVFihk

Coluche,  mort le 19 juin 1986…

Le plus sympa des des enfoirés, en plus !!!

http://www.youtube.com/watch?v=xnp-wM9kzM8&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=0F9zAkhJXv0&feature=related

Thierry le Luron, mort le 13 novembre 1986…

http://www.youtube.com/watch?v=8LVRCXcK7fY&feature=related

Triste année quand on y pense !

Pour se consoler, et après réconsiliations, il ne restait plus qu’à faire comme dans ce standard dont je ne donnerai la traduction qu’en présence de mes avocats…

http://www.youtube.com/watch?v=pfYU_xNAvNg&feature=related

 

A suivre…

( 30 janvier, 2011 )

Eigthies : du flash-back comme s’il en pleuvait… (6ème partie)

« Elle est épatante, cette petite femme-là…« 

                    Ou :

« Echanger un regard n’est pas tromper !« 

http://www.youtube.com/watch?v=IREvB7j_hsc

« Centre des Moines » : 1987.

Nous étions lundi matin et je me rendais à mon travail, au « Centre des Moines » [on l'appelera comme ça], un établissement de rééducation et de réadaptation créé en 1982.

Nous étions lundi et j’entamais ce début de semaine, à six heures du matin, dans la joie et la bonne humeur…

« Tu sais mon vieux : tu feras sûrement la plonge et tu auras un balai à la main. »

Ainsi parlais Mr Balthazar trois ans plus tôt, un collègue et ami de Maman, qui m’avait organisé un rendez-vous avec le directeur du centre, qui était également un de ses amis.

Moi :

« Aucun souci, du moment que je trouve un travail ! »

C’est ainsi qu’après l’entretien de 1984, je fis des remplacements de plus en plus nombreux avant d’être titularisé comme agent de collectivité en 1987.

Bureau de la surveillante générale, avril 1984.

Elle :

« Je vais vous intégrer dans une équipe de gériatrie. Je pense qu’il faudra éviter de dire que vous êtes fils de médecin et que vous avez fait les Beaux-Arts. Vous risqueriez d’être impopulaire, particulièrement auprès de vos collègues agents de collectivité… »

Moi :

« Aucun problème, Madame, mais je tiens à préciser que le statut de mes parents n’est pas le mien, et n’ayant jamais réussi à obtenir le moindre examen, je ne vois pas pourquoi je devrais me sentir supérieur aux autres. »

Elle :

« Vous n’avez pas d’examens, mais on voit tout de suite vous avez une certaine culture… »

Moi, presque rouge, impressionné par son regard :

« Vous me flattez, Madame ! »

Eigthies : du flash-back comme s'il en pleuvait... (6ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=VFfgK1gdZ2o

Elle avait pris l’ascendant sur moi, non par son statut de dirigeante, mais par le charme qu’elle dégageait.

Ha ! les femmes de 40 ans, ça me poursuivait…

Avant de terminer l’entretien, elle dit :

« Vous savez que le personnel est à majorité féminin : ça ne va pas vous poser problème ? »

Moi, essayant de me re-concentrer :

« Vous pouvez être rassurée : je n’ai été élevé que par des femmes, alors… »

Elle, un brin nostalgique :

« Vos parents sont divorcés ? »

Je lui répondai par l’affirmative.

Elle me présenta à l’équipe, qui semblait la craindre.

Il est vrai qu’avec le temps, je constatai qu’elle avait un foutu carractère !

Mais quel charme…

Une collègue :

« Son divorce ne l’a pas rendu plus aimable, c’est le moins qu’on puisse dire !!! »

Bon sang : mais c’est bien sûr… Voilà pourquoi elle avait posé la question concernant mes parents !

Même à l’amiable, un divorce se passe rarement comme dans la chanson de

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Gérard Lenormand :

http://www.youtube.com/watch?v=5gYw7VHx4Ok

Le plus grave, c’est quand la haine dépasse la nostalgie, jusqu’à engendrer tant de choses sordides… Si sordides …

1987 fut la plus belle année de ma vie, car on me remis mon C.D.I. : contrat à durée indéterminée : « yes » !!!

De plus, c’était l’année où j’allais avoir trente ans, un certain Yves me laissait entrevoir des jours heureux :

 dans Saga familiale

« Qu’est-ce que c’est bien d’avoir trente ans
On se moque de l’air du temps
On est encore dans la jeunesse

A cheval sur les souvenirs
On a le temps de voir venir
La vieillesse

On parle beaucoup des tourments
Des problèmes avec les enfants
Des querelles et des jours de peines

Mais quand parfois on est content
Qu’est-ce que c’est bien d’avoir trente ans
Quand on aime

On croit toujours que les tourments
Font cortège avec les printemps
Qui se posent sur nos épaules

Mais la légende a fait son temps
Moi je suis plus heureux qu’avant
Comme c’est drôle

Qu’est-ce que c’est bien d’avoir trente ans
Quand je repense à tout ce temps
Je me souviens de ma détresse

De mes premiers chagrins d’amour
Des années tendres au coeur si lourd
De tristesse

J’aurais donné toute ma vie
Pour être plus vite aujourd’hui
Pour échapper à mon silence

J’ai gravi les marches du temps
Qu’est-ce que c’est bien d’avoir trente ans
Quand j’y pense

On croit toujours que tout s’éteint
Que le temps défait les chemins
Que les rues sont toujours les mêmes

Mais la légende a fait long feu
Moi mon chemin c’est un ciel bleu
Et je t’aime

Si je t’écris ces mots d’amour
C’est pour te dire que si un jour
Je t’ai fait pleurer, ma tendresse

C’était les derniers soubresauts
De mes peurs et de mes sanglots
De jeunesse

Et puis pour dire à ton petit
Dont les yeux se sont assombris
Que j’ai pleuré pour des nuages
Que j’ai passé par son chemin
Avec ma tête entre mes mains
A son âge
Je t’ai attendue bien longtemps
Mais pour t’aimer plus tendrement
Je n’ai plus rien qui me retienne

Je n’ai plus mal à mon passé
le présent a tout effacé
De mes peines

Mais j’ai toujours mon coeur d’enfant
Et pour s’aimer tout simplement
Qu’est-ce que c’est bien d’avoir trente ans »

(Yves Duteil)

Ainsi, j’avais enfin l’assurance d’avoir un salaire qui tombait tous les mois : ça change une vie, pariculièrement quand on a une « relative » sécurité de l’emploi.

Je n’avais donc aucune raison de faire la gueule en arrivant le matin au boulot, où je retrouvais les patients de ce service de rééducation d’où le CDI s’était libéré.

La surveillante générale avait quitté le centre pour s’installer dans une autre ville avec son nouveau compagnon.

Les filles m’avaient décoché quelques petites phrases du style :

« Elle va te manquer, ta fillancée ! »

Moi :

« Hein ?!? Vous parlez de quoi ?… »

Une collègue :

« Hum, tu sais bien ! »

Moi :

« Rien du tout ! Enfin, franchement, soyons lucides : vous imaginez qu’une cadre supérieure peut se permettre d’avoir une aventure avec un « ramasse-bourrier » (terme qu’avait utilisé une patiente démente à mon égard et qui m’avais fait beaucoup rire) ?!? »

Comme elle voyaient que la conversation commençait à me les briser menu, comme disait Audiard, elles continuèrent :

« Une femme qui divorce en manque d’affection : tout est possible ! »

Moi :

« Bon, les Ménie Grégoire du dimanche, là : j’ai assez d’emmerdements comme ça et je ne suis l’homme que d’une seule femme !!!

Il me semble que nous avons du travail, non ?!? »

Pendant qu’elles s’éloignaient en riant et que je levais les yeux au ciel, une patiente passait en boucle un tube qui cartonnait depuis 1986 :

Celui de la belle Julie…

http://www.youtube.com/watch?v=9E5txW7zzQ0

Et pendant ce temps-là Marianne avait pris une journée, soit-disant incapable  de travailler car trop déprimée…

Elle avait téléphoné dans le service pour me prévenir, ce qui indisposait ma nouvelle surveillante autoritaire.

Un jour, elle m’avait dit :

« Vous ne rentrez-pas chez-vous, Jean-Jacques ? Vous avez pourtant terminé depuis un moment ! »

Moi :

« Ha oui ! Bon : je vais rentrer… »

C’est à ce moment, qu’elle comprit qu’il y avait un malaise dans ma vie affective.

 

A suivre…

( 29 janvier, 2011 )

Eighties : du flash-back comme s’il en pleuvait… (5ème partie)

« D’abord…« 

 

Eighties : du flash-back comme s'il en pleuvait... (5ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=NfwW76JzVQI

Elle ne parlait que de cette maison qui aurait dû être à sa mère, si sa grand-mère lui avait restituée comme la morale l’exigeait, après la mort du père.

Mais la morale, chez ces gens-là, on n’connaît pas M’sieur…

« On compte » : comme dans la chanson de « Grand Jacques » qui « avait mal aux autres » comme » j’avais mal pour elles » d’évoluer dans ce monde petit… Si petit !

On regarde la moustache du père, la barbe du grand père, on s’appitoie sur le portrait du défunt fils, derrière ces trois photos exposées sur la cheminée condamnée, où on leur fait dire ce qu’on veut, puisqu’ils ne peuvent plus répondre… Où du moins qu’on ne peut plus les entendre.

La mamie Berthe tenait « Belle-Maman » sous sa coupe, comme depuis toujours. Lorsque son gendre partit rejoindre son mari « au delà de l’arc-en-ciel », elle lui mit le marché en main : l’accueillir dans la maison où accepter la vente de celle-ci, puisqu’elle avait le pouvoir décisionnaire, étant la « propriétaire légale » des lieux.

Et voilà comment une fille qui déteste sa mère se retrouve à vivre avec elle…

Je demandai à Marianne :

« En fait, qu’est-ce qui te gêne dans cette histoire ? Après tout : ce n’est pas toi qui vis avec les deux ! »

Elle, avec le regard défiguré par la haine :

« Quand mamie Berthe crèvera, la maison devra être partagée en deux !!! »

Moi :

« Ben dis-donc : tu la détestes encore plus que ta mère, vous n’engendrez pas la mélancolie ! Et… Pourquoi faudrait-il partager la maison en deux ?!? »

Elle :

« Parceque maman a une soeur !!! »

Moi :

« Ha merde ! Le « couplé » c’est déjà la croix et la bannière, mais si il faut se coltiner un « triplé » : moi je décroche !!! »

Puis, regardant aux allentours :

« Dites : y’a-t-il un exorciste dans la salle ? On se presse, c’est urgent !!! »

Pour l’avenir, j’imaginais ce tableau :

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Horreur ! Malheur !!!

http://www.youtube.com/watch?v=evb3RMZouTI&feature=related

Le groupe Gold se présentera au public avec ses Gibsons telles des Winchester en 1987. Ils ressemblaient à des cow-boys d’un western spaghetti des seventies, et c’est eux que j’aurais aimé avoir comme exorcistes…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=pbOYd23NWKA&feature=related

Mais là, nous étions un peu plus de trois ans en arrière et Marianne n’avait décidemment aucun sens de l’humour.

Elle :

« Tu m’énerves : tu rigoles de tout ! N’empêche que je n’accepterai jamais d’être dépossédée de ce qui me revient !!! »

Moi :

« Hé-hé, fallait commencer par là ! Tout ce qui vous intéresse les unes les autres : c’est le pognon… La famille vue sous cet angle : ça donne envie… »

Et le temps passa, de scènes en scènes, de crises d’angoisses en crises d’angoisses dont elle abusait.

Tout cela finit par me laisser « tout doucement » indifférent, à l’image des conflits à tout va, qui étaient presque quotidiens au sein de ce trium vira du diable.

En 1985, Bibi a chanté cette chanson qui m’a fait « tilt », car elle était chanté par une femme qui parlait d’un rapport sentimental avec un homme… Mais un homme aurait très bien pu chanter ça en s’adressant à une femme : moi, en l’occurence ?

http://www.youtube.com/watch?v=Z32RknbZE2I

Et oui : mon travail m’apportait plus de bonheur que ma vie familiale…

D’ailleurs, quel était mon travail et depuis combien de temps ?

A suivre…

( 28 janvier, 2011 )

Eighties : du fash-back comme s’il en pleuvait… (4ème partie)

« Malédictions »

Eighties : du fash-back comme s'il en pleuvait... (4ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

La maison de « Belle-Maman » m’avait tout de suite fait mauvaise impression : mon instinct me disait qu’il régnait quelquechose de maléfique dans cette demeure, où vivait également sa propre mère : un être tyranique…

Toutes les deux étaient veuves, ça ne présageait rien de bon !

Alors que j’appréhendais ce premier contact « officiel » chez « les mamies », l’album de Michael Jackson « Thriller » cartonnait depuis presque deux ans en tête des hits parade.

http://www.youtube.com/watch?v=ZEHsIcsjtdI&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Sincèrement, je préférais écouter  »Billie Jean » et le voir danser dans ce clip d’anthologie.

http://www.youtube.com/watch?v=TIbr2uPcqZE

Mais nous étions bien sur le seuil de cette maison dont la facade était classée « monument historique » où Mamie Paulette et Mamie Berthe nous attendaient.

Ni l’une ni l’autre n’avaient l’instinct maternel, et lorsque les enfants commencèrent à courir autour de ma voiture,

 dans Saga familiale

Belle-Maman fit entendre sa douce voix pour les engueuler.

Bien sûr, Marianne rentra dans le lard de sa mère, et pendant que les deux échangeaient quelques paroles aimables (que je n’ose même pas vous répéter, M’sieur le commissaire !),

Je fis la bise à Grand-Maman, qui regardait cette scène, consternée, en lui disant avec un air faux-cul (il paraît que je le fais très bien, mais c’est un rôle de composition !) :

« Enchanté, moi, c’est Jean-Jacques ! Je suppose que vous êtes la Mamie Berthe… »

Elle acquiesça et me fit un petit sourire.

Puis, faisant la bise à Belle-Maman :

« Et oui, à cet âge-là, faut qu’ça bouge…

Bon, c’est pas le tout : on cause, mais on se déshydratre, hein ?

Et puis vous, les gars, vous pouvez faire un break cinq minutes ?!? »

J’avais aussi fait sourire la mère, on avait progressé !

Et ce fut le rituel de l’apéritif où chacun parlait de tout et de rien…

Avec le temps, j’appris ce qui c’était passé dans cette maison, qui fut le début de tous leurs emmerdements.

On me fit visiter toutes les pièces sauf une dans le grenier.

Au dessus de la porte fermée aux planches usées, il y avait un petit jour et je ne tardai pas à deviner…

Sur une poutre de soutien, il y avait une veste en daim posée dessus.

C’était donc ça, le véritable motif du décès du frère de Marianne, l’année précédant mon entrée dans cette famille : un suicide par pendaison !!!

Il avait deux ans de moins que sa soeur, qui ne s’en remettait pas…

Sept ans plus tôt, en 1976, j’avais perdu une soeur, mais, elle, avait choisi les médicamments pour mettre fin à ses démons.

Le plus terrible fut le regard de Maman caressant le front sans vie de sa fille, « sa chair », qui était sans vie sur cette table sans âme du centre anti-poison…

J’étais donc à même de comprendre la détresse de Marianne, qui observait parfois le téléphone en pleurant. Il ne s’agissait pas d’une rupture amoureuse, comme dans cette chanson qui me foutait le bourdon chaque fois qu’elle passait sur la FM, mais le vide dans le coeur était le même !

http://www.youtube.com/watch?v=3TZ4QuE1Kqg

Le père de Marianne avait trente ans de plus que sa mère, il était donc logique qu’il parte pratiquement en même temps que son beau-père dont il avait le même âge, au tout début des années 80.

C’est lui qui avait fait l’acquisition de cette demeure, mais il avait dû demander à « belle-maman Berthe » de lui servir de prête-nom, car il était déjà marié et ne pouvait divorcer, car sa femme officielle était handicapée.

Celle-ci, en toute logique ne lui fit aucun cadeau, ce qui fut à l’origine de la faillite de son commerce. C’est ainsi que Belle-Maman repris son travail de comptable, tandis que son homme, de plus en plus vieillissant, sombrait dans l’alcool et la maladie.

Marianne subit des maltraitances, victime d’une mère qui reproduisait le schéma qu’elle avait elle-même vécu.

Pour arrondir les fins de mois laborieuses, ils louaient des chambres disponibles dans cette grande maison.

C’est ainsi que Marianne fit la connaissance d’un jeune garçon qui jouait de la guitare.

La suite ? Classique !!!

N’en pouvant plus d’être marthyrisée, elle se fit faire un enfant de ce personnage pour fuir avec lui…

A l’époque, la majorité était à 21 ans, elle était donc une mineur qui avait fugué, aux yeux de la loi.

Après quelques démarches administratives assez compliquées, guidée par des assistantes sociales, elle finit par se marier avec ce type, père biologique de Tanguy en 1973.

Elle remit le couvert avec la naissance Kévin en 1978, alors que le couple allait de moins en moins !!!

Il fallut du temps avant que la mère, la fille et le père ne se revoient. Et même après, ce ne fut jamais l’amour fou, d’où ces dimanches en famille que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.

Il y avait un vide dans cette famille, du fait du suicide du fils, je comblais donc ce vide mais restait psychologiquement lucide : « elles ont eu la peau des hommes, elles n’auront pas la mienne !!! »

A suivre…

( 27 janvier, 2011 )

Eighties : du flash-back comme s’il en pleuvait… (3ème partie)

« Mais : qu’est-ce que c’est que ça ?!? »

Eighties : du flash-back comme s'il en pleuvait... (3ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=2jzJjCqL6wU

Ma chère et tendre ainsi que les deux chenapants faisaient de la gym devant la télé, alors que je me remettais difficilement de la soirée  »beauf » de la veille (le terme ne sera homologué que quelques années plus tard…) !!!

Marianne, avec un sourire coquin :

« C’est « gym-tonic » et on fait ça tous les dimanches matins avec les enfants… »

Moi, à peine réveillé, malgré que midi se rapproche du cadran :

« Ne me dites pas que vous aimez ces conneries !!! »

Elle :

« Ce que tu peux être vieux jeu, mon pauvre ami… »

Moi, résigné :

« Hum… Heu, tu n’aurais pas une aspirine qui traine quelquepart ? »

Car, effectivement, j’avais fait connaissance, la veille, de quelques couples de ses amis (il fallait bien présenter « la bête » !), dont les éléments mâles levaient assez bien le coude.

Dans leurs soirées, la « gym » en question était plutot celle-ci :

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Désolé pour l’exposition de certains liens graveleux qui figurent sur le côté de cette vidéo !

http://www.youtube.com/watch?v=45plcASqWkQ

Apparemment, j’avais réussi mon examen d’admission dans le cercle de ce qu’elle croyait être ses amis et sa belle famille.

Par contre, eux : ils avaient lamentablement échoué au mien, car nous ne faisions pas partie du même monde, dans le sens psychologique du terme, entendons-nous (je développerai mes argument plus tard afin de laisser place à la contradiction) !

J’étais plus à l’aise avec les enfants qui n’avaient pas encore été contaminés par le côté pathétique de certains  »adultes », ces mêmes qui ne l’étaient pas vraiment, faute d’avoir eu effectivement une jeunesse et d’en avoir profité…

Majeur, je l’étais.

Adulte, j’en avais acquis le statut.

Mais mon coeur, lui, n’avait jamais renié celui de son enfance !

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=SA8c3IaPqeA

D’ailleurs, si les adultes se souvenaient un peu de leur enfance, ils méditeraient cette pensée de Sacha guitry : « Pourquoi les maîtres sont-t-ils si méchants ? Ne se souviennent-ils pas qu’ils ont été enfants eux-mêmes ?!? »

(Si j’ai bonne mémoire)

Lors que nous avions des invités, il y avait donc deux clans :

eux :

et nous :

Parceque, si j’étais intraitable sur quelques points d’éducation, je savais être assez souple pour écouter les doutes et la détresse d’un être en devenir, et lui tendre la main au lieu de lui foutre sur la gueule !

J’avais, toute modestie mise à part, le don de les faire rire, et je trouvais ça très important.

C’est à cette époque que j’acquis la conviction que pour être « parent », il serait souhaitable d’en être digne, donc : qu’il faudrait presque passer un examen d’aptitude…

Mais : qu’est-ce que je n’avais pas dit là, dans une de ces soirées mémorables où les femmes qui se prétendaient « libérées » me sont tombée dessus !!!

Et en plus, il y avait cette chanson qui me hérissait le poil, qui passait sur une des stations FM « libres » !

http://www.youtube.com/watch?v=YHRTSljHQlQ

Je me faisais traiter limite de facho, parceque j’avais juste suggéré qu’il valait mieux s’abstenir de concevoir un enfant, s’il est impossible aux parents de l’assumer et donc, par le fait, de faire de sa vie un enfer…

Je n’avais pas enfanté, j’étais un homme (encerclé par ce troupeau de « castratrices ») qui n’avait qu’un seul droit à leurs yeux : celui de fermer sa gueule !

Alors que ma chère et tendre me fusillait du regard, je cru bon de conclure avec un large sourire  :

« Mesdames, ce que j’admire en vous, c’est que vous avez le courage d’être vous-mêmes,

avec tout ce que cela comporte de ridicule… »

Je rejoignis les conjoints qui fumaient sur le balcon, sous le regard assassin de mes interlocutrices, sachant pertinemment que j’allais subir une scène de ménage jusqu’à trois heures du matin : le prix à payer pour revendiquer ma liberté d’expression !

J’en rajoutai même une couche en leur disant :

« Moi : je ne les ai subies qu’une soirée mais vous, c’est tout le temps… Pfff !!! »

Ils se contentèrent de sourire.

Quand tout le monde fut parti, j’eus droit à ma scène de ménage, mais celle-ci ne dura que jusqu’à deux heures du matin : c’était toujours ça de gagné sur ma nuit de sommeil, car un autre défit m’attendait le lendemain…

Nous allions passer le dimanche chez « Belle-Maman », que nous appelerons Paulette :

http://www.youtube.com/watch?v=Uy1DsWNOWdc&feature=related

Faut vous dire M’sieurs-Dames que chez ces gens-là, les dimanches, c’était ça :

On admirera au passage la formidable interprétation du chanteur :

Pascal Aubry

http://www.youtube.com/watch?v=-9wMCYYeNjM

L’envie de se tirer loin… TRES loin !!!

Mais ça c’est une autre histoire que je vais vous narrer :

celle du passé douloureux de Marianne…

A suivre…

( 25 janvier, 2011 )

Eighties : du flash-back comme s’il en pleuvait… (2ème partie)

L’ami Georges nous avais quitté le 29 octobre 1981…

Eighties : du flash-back comme s'il en pleuvait... (2ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=6uXei215978&feature=fvsr

… Rejoignant son copain de toujours « Grand Jacques », au pays où le temps s’immobilise, celui de nos rêves…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=hVK-s84SN_s

 dans Saga familiale

Léo, lui, continuait sa route… Avec le temps : pensait-il avec autant de nostalgie que moi, un anonyme dans la foule, à cette journée magique où trois des plus grands poètes se rencontrèrent, jadis ?

http://www.youtube.com/watch?v=DP5TXbDbrNo&feature=related

Dans ce monde en mutation perpétuelle, il ne me restait que la nuit pour seul refuge… Loin des modes auxquelles d’adhéraient de moins en moins, surtout la musique !

J’étais en charge de deux gamins qui en avaient bavé, à cause de l’irresponsabilité, pour ne pas dire la connerie des adultes : spécialement les deux qui les avaient conçus…

Enfin, c’était comme ça et ils n’y étaient pour rien, les pauvres !

Le plus petit jouait au « petit bébé à sa Maman », l’aîné se prenait toutes les claques et les reproches. J’ai dû remettre de l’ordre dans tout ça.

Les samedi matin, c’était les éternelles crises de nerf de « Madame » contre sa progéniture. Un jour, en ayant marre, j’instaurai une « prime au mérite » pour qu’ils rangent cette chambre qu’ils avaient en commun.

Lorsqu’ils me présentaient « la facture », je repensais à la chanson de la non moins talentueuse Marie Laforêt…

http://www.youtube.com/watch?v=o1ueKjKpn_8&feature=fvst

Cadeau ? Nous avions tous cette chose en commun : la vie ne nous en avait pas fait beaucoup…

On dit que l’amour transporte les montagnes ?

Ô mon Dieu : si il avait pu les applatir !!!

Car le terme « couple » n’est pas forcément synonyme de « fusion », au propre comme au figuré, car, passé la case du « tout nouveau tout beau », arrive le fatal moment où chacun dévoile ses goûts, son caractère, et c’est là que ça se complique !

Nous avions au moins cette chanson en commun, c’était déjà ça :

http://www.youtube.com/watch?v=Nbk69sAMeWI&feature=fvst

Mais pour le reste, aë-aïe-aïe !!!

 

A suivre…

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