( 4 juin, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (24ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 22 :

Nineties :

L’amour : plus fort que tout ?… (2/12)

A l’intérieur de sa « traction arrière Citroën », notre quinquagénaire s’adressait à nos deux amoureux qui n’arrêtaient pas de se confondre en excuses :

« Bon ben, ça va la marmaille ! J’ai été jeune, moi aussi… Même si mon parcours n’est pas l’exemple rêvé, car pour mes vingt ans : j’aurais préféré qu’on me propose de conquérir une autre fiancé que…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

…La « Grosse Bertha »;

tu parles d’une nuit de noce !!! »

L’homme s’appelait Gaston Gerbesah, plombier de son état et surtout ami de la famille.

Il avait vu arriver Réné, Alice et la petite Isabelle début 1940

 dans Saga familiale

quelques mois avant la débâcle,

ce qui explique pourquoi toute la petite famille avait fait le trajet inverse des autres, c’est à dire vers le nord,

très loin de la Zone libre !

Mais tout le monde, mon Grand-Père en tête, n’avait pas le don de lire dans l’avenir…

René « l’électricien » et Gaston « le plombier » avaient vite sympathisé. Ils étaient tous deux « manoeuvres » dans deux disciplines différentes, ce qui les rendaient complémentaires et soudait une amitié « confraternelle ».

Comme tous les civils de France, les deux furent étonnés qu’une armée puisse reculer aussi vite, face à un ennemi à qui nous avions quand même repris l’Alsace et la Lorraine vingt-deux ans plus tôt, non sans un certain orgueil; celui-là même sur lequel la Nation avait planté des lauriers où elle s’était endormie !

Nos uniformes n’avaient pas changés, tandis que l’ennemi défait de « 18″ avait refait sa garde-robe et motivé ses troupes terriblement réarmées,

au sein d’un nationalisme exacerbé

qui nous atomisa, faisant encore débats bien des années plus tard, entre deux réconciliations…

http://www.dailymotion.com/video/x8mb50_brassens-les-deux-oncles_music

Que ce soit avant ou après la libération, les deux ne manquèrent jamais de travail, ce qui indisposa quelques personnes anonymes, qui envoyèrent quelques lettres du même nom aux nouvelles autorités de la « France Libre ».

Les deux furent convoqués à la gendarmerie.

Afin d’éviter les exécutions sommaires locales, le Général De Gaulle avait mandaté des représentants faisant autorité au sein du gouvernement de la France Libre.

Ceux-ci devaient gérer les dossiers déterminant qui avait collaboré avec les Allemands, pour être traduits en justice si besoin.

Le commissaire Beaufort était venu de Paris et avait dû installer son Q.G. dans la gendarmerie, car Tigreville ne possédait pas de commissariat et la Mairie était en ruine.

Commissaire Beaufort :

« Si je vous ai convoqué, Messieurs, c’est que plusieurs courriers vous accusent tous deux d’avoir collaboré avec l’ennemi pendant l’occupation, en réalisant des chantiers pour lesquels vous auriez été confortablement rétribués… »

Gaston Gerbasah :

« Vous pouvez causer français, si c’était un effet d’vot’ bonté, M’sieur l’commissaire ? »

Puis se retournant vers René

« Tu comprends c’qui dit l’parigot, toi mon René ? »

René :

« Hélas oui ! »

Beaufort :

« Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? »

René :

« Rien, si ce n’est que nous n’avions d’autres choix que d’accepter les chantiers que la kommandantur nous proposaient, sous peine de représailles ! »

Gaston :

« Faut vous dire qu’avec nos bourgeoises et la marmaille,

jouer les cow-boys :

on s’en ressentait ni l’un ni l’autre !!! »

René :

« D’autant que j’ai été réformé pendant mon service militaire chez les chasseurs alpins, parceque j’avais le souffle court (en fait il était asthmatique, ce qu’on ne découvrira que bien plus tard) et que lors de la séance de tir : j’ai tout mis dans le plafond, au grand désespoir de l’instructeur !

Sûr, j’aurais fait une belle recrue dans le maquis !!! »

Beaufort, fronçant les sourcils :

« Dites, vous deux : vous ne seriez pas en train de vous foutre de moi ?!?

Parce-que, si vous voulez jouer au con… »

Gaston :

« Ben non, à ce jeu-là, vous savez bien qu’on fait pas le poids ! »

René :

« Et puis, c’est pas le genre de la maison : on n’oserait surtout pas mettre en doute les capacités intellectuelles d’un commissaire qui accuse des honnêtes citoyens sur des « on-dit », dont on ne connaît pas les auteurs… Ces mêmes qui ont probablement attrapé « la crampe de l’écrivain » entre 1940 et 44, des témoins de moralité en quelque sorte !!! »

Gaston :

« Témoins… Témoins ?!? Faudrait déjà déjà les trouver, parc’qu’on sait pas qui c’est ces cons-là ! »

Beaufort, blessé dans son orgueil :

« Ça va chier pour vos matricules, espèces de rigolos !!! »

Une voix se fit entendre :

« Beaufort : vous n’avez rien de mieux à vous mettre sous la main qu’un héros de 14/18 et un honnête citoyen dont le potager a alimenté la résistance locale ?!? »

C’était le commandant de la gendarmerie, un des chefs de la résistance locale.

Beaufort :

« Comment je pouvais le savoir ?!? »

Le commandant :

« En faisant votre travail, mon bon !!! »

Barnabé captivé, à qui Gaston racontait l’histoire pendant le trajet :

« Finalement, vous l’avez échapé belle ! »

Gaston :

« Tu l’as dit bouffi !!! Et depuis, je préfère les animaux aux hommes, n’en déplaise à M’sieur l’curé… »

Barnabé lança un regard vers la banquette arrière où était installée Isabelle, qui avait écouté l’histoire qu’elle connaissait déjà.

Pourquoi était-elle si triste alors que les deux amoureux étaient réunis, ce qui aurait dû la remplir de joie ?…

 

A suivre…

( 22 mai, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (23ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 21 :

Nineties :

L’amour : plus fort que tout ?… (1/12)

 

Isabelle se précipita dans les bras de Barnabé.

Il oublia quelques instants la contrariété qui était la sienne…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Jamais il n’avait été à ce point  »prisonnier » de l’amour d’une femme, c’est bien ce qui l’inquiétait, lui, la séduction faite homme !

Edith Piaf, fort de ses trente-deux ans, ne faisait que confirmer son succès grâce à cette voix qui transperçait les âmes; l’essentiel de ses textes symbolisaient ce phénomène dont il se moquait il n’y a pas si longtemps : la dépendance amoureuse et charnelle !

Elle était en tournée aux États-Unis où elle triomphait avec les compagnons de la chanson.

Barnabé avait entendu une de ces dernières chansons sur la T.S.F. d’un petit bistrot parisien où d’habitude il prenait son petit-déjeuner, avant de se rendre à la faculté de médecine.

Il n’avait jamais fait attention aux paroles qui prirent, en cet instant précis, toute leurs significations…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=5EdBLTCdTJU

Le quinquagénaire était embarrassé, il regardait aux alentours, le temps de l’étreinte des deux tourtereaux.

C’est le privilège de ceux qui s’aiment que d’ignorer le monde qui les entourent dès qu’ils se touchent… D’ignorer le temps, surtout.

Notre quinquagénaire, un homme à l’apparence assez simple auréolé d’un béret basque, regardait sa montre.

Il attendait poliment mais commençait à faire les cents pas.

Allez savoir pourquoi il se mit à penser au « Père Einstein », ce célèbre savant de soixante-huit ans, dont il avait entendu parler comme tout le monde et dont il ne comprenait même pas le titre des ouvrages de ceux qui en parlaient ?

Mais si, ça lui revenait, maintenant !

C’étaient les premiers de sa classe qui l’avaient méchamment surnommé « Einstein » parcequ’il avait beaucoup de difficultés à assimiler les cours. Et pourtant, ce n’était pas manque d’avoir essayé et essayé encore…

Pour sûr, ce n’était qu’un « manuel », rien à voir avec ce monde-là.

Mais des plombiers, ce qu’était son père, il en faut, non ? Et puis des manuels aussi : l’prolo, mêm’ s’il a les mains dans l’cambouis et qu’il est sur l’bas du pavé, c’est quand même pas un pestiféré,  »bou Diou » !!!

L’école : c’est bien là que commencèrent les premières humiliations…

C’était-y d’sa faute si y comprenait qu’dalle, dans c’te classe avec c’t'odeur d’encaustique qui lui r’filait la déripette ?!?

C’est bien pour ça qu’il avait horreur des parquets.

A la maison y’en avait partout et fallait prendre les patins si on voulait pas s’pendre une tarte heu’ d’la mère dans la tronche ! 

La classe était déjà divisée en deux; il y avait ceux qui avaient la mémoire de tout, particulièrement de ce qui ne leur servira jamais; « qui seront pharmacien parceque Papa ne l’était pas »,

comme l’écrira Jacques Brel (qui n’avait que 18 ans) bien plus tard…

http://www.youtube.com/watch?v=v6rLLE48RL0

Et puis il y avait l’autre groupe : ceux dont l’orientation était déjà toute tracée, destinée à pérenniser la dynastie de leurs ancêtres ouvriers et paysans. Un sillon fait de labeurs et de privations.

Il eut la mauvaise idée de fêter ses 21 ans en 1914, ce qui lui valut d’aller faire une longue promenade, en première ligne, aux frais de l’Etat avec fusil et sac à dos,

face à des soldats allemands aussi terrorisés que lui…

Et d’en revenir salement amoché, victime d’un obus.

Enfin, une fois soigné, il n’aurait plus à revenir pour participer à cette boucherie qui devait le hanter tout le restant de sa vie. De plus, il faisait désormais partie du club des héros.

Il avait appris que « le premier de sa classe », son camarade qui lui avait pourri sa vie d’écolier à grand coup de mépris, était mort lors des premiers assauts.

C’était ben la peine de faire heu’l'prétentieux et d’men faire baver des ronds d’chapeaux, tiens !!!

 

 

Mêm’ là il a fallu qu’il arriv’ premier c’con-là…

Plus personne ne l’appellerait « Einstein » !

La semaine d’avant, il avait écouté avec attention une émission qui lui était consacrée. « E=mc2″, ça ne lui parlait pas; mais lorsqu’il sut que c’était la chute d’un couvreur, observée depuis la fenêtre de son bureau, qui lui inspira les recherches aboutissant à cet équation, il en fut stupéfait !

Effectivement, le speaker expliqua qu’à l’inverse de n’importe quel citoyen lambda, il ne fut pas horrifié par le spectacle dramatique, mais se posa une question :

« Pendant sa chute, quelle a été sa perception du temps par rapport à la mienne, simple observateur ?… »

Et toc : « la loi de la relativité » venait de naître !

 

Ben finalement, l’pékin qui s’est viandé : l’a servi la science !!! P’t'êt mêm’ qu’il a sauvé l’monde…

http://www.youtube.com/watch?v=clXV8Lb2XLU

Tiens, si je regarde ces deux-là : je suis sûr que l’temps leur paraît court, alors que bibi y s’fait chier… finalement, c’est pas si compliqué la r’lativité : suffit d’mexpliquer, c’est tout !

Voilà comment, sur le quai d’une gare en décembre 1947, ce brave homme pris conscience qu’il n’était peut-être pas si con que ça…

 

A suivre…

 

( 11 mai, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (22ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Nineties :  dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

L’oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (4/4)…

 dans Saga familiale

Plus jamais ça…

http://www.youtube.com/watch?v=16aze4C0IE8&feature=related

Chapitre 20 :

 

Mais ensuite ?!?…

Suite et fin de la conversation entre Barnabé et le professeur dans le train qui arrive bientôt en gare de Caen…

Barnabé :

« L’abolition de l’esclavage,

le 27 avril 1848, ne fut qu’un premier pas…

Ce qui se passe en Indochine n’est que la continuité d’un processus irréversible qui mènera chaque nation à l’autodétermination.

Il faut bien admettre que la France a cessé d’être une grande puissance mondiale, à la seconde même où elle fut ridiculisée et humiliée par des nazis qui nous ont eux-même colonisés, pour ne pas dire plus ! »

Le professeur :

« Notre prestige, effectivement, a fondu comme neige au soleil ce jour-là… »

Barnabé :

« … Ainsi que notre crédibilité auprès des colonies, particulièrement en Indochine, ce qui fait bien les affaires d’Hô Chi Minh, du reste ! »

Le professeur :

« Je me méfie de ce maquisard communiste qui affiche une hostilité constante à l’égard de l’administration française. »

Barnabé :

« J’ai entendu parler de l’histoire de son père qui était mandarin et fut victime d’une injustice de notre administration coloniale…

Il fut traumatisé par le triste spectacle de la déchéance de son père, alors qu’il n’était qu’un enfant. »

Le professeur :

« Sombre histoire dont aucun Français ne peut se glorifier…

Il en est bien d’autres, hélas, que les  »décolonisés » sauront nous rappeler le cas échéant ! »

Barnabé :

« Et nous leur renverront les leurs, car je ne vois pointer que d’éventuels dirigeants communistes dans leur horizon incertain…

Joseph Staline (1878-1953)

Ils n’ont que pour exemple « Staline », qui abreuve ses sillons avec beaucoup trop de sang à mon goût

Pauvre Lénine : s’il voyait ça !!! »

Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924)

http://www.youtube.com/watch?v=flJLqRzZneE

Le professeur :

« Vous parliez de la triste jeunesse d’Hô Chi Minh, saviez-vous que celle de Staline, justement, ne fut pas meilleure ? »

Barnabé :

« Non, je ne connais de lui que le personnage public qui fit en son temps un pacte de non agression avec Hitler qui m’est resté en travers de la gorge… »

Le professeur :

« Vous n’êtes pas le seul, ami !

Mais pour en revenir à ce que je vous disais, le petit Joseph (Staline) vit son père, cordonnier qui gagnait bien sa vie, devenir alcoolique et dû subir la séparation de ses parents.

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Sa Maman que le père avait abandonnée, fervente orthodoxe et pensant bien faire, lui assura une éducation religieuse stricte, le faisant admettre dans des établissements réputés comme tels, espérant en faire un prêtre.

Le petit Joseph, devenu grand et anticlérical, se fit renvoyer en 1899 (il avait 21 ans) pour « propagande marxiste », car il y avait belle lurette que celui qui était devenu adulte ne lisait plus les textes saints !

Il leur préférait les livres interdits, dont « Les travailleurs de la mer » de Victor Hugo… »

Barnabé :

« Vous m’inquiétez : tous les enfants traumatisés seraient donc, selon votre théorie, des dictateurs en puissance ?!? »

Le professeur :

« A part quelques exceptions, je pense que oui !

Mais ce n’est pas ça le plus grave… »

Barnabé :

« Plus grave ?!? Je ne vois pas ce qui peut l’être plus que cette affreuse guerre dont nous nous sommes à peine sortis ?!? »

Le professeur :

« Justement : la façon dont les enfants seront traités à l’avenir dans ce monde en mutation !!!

Nous arrivons bientôt à la moitié de ce siècle qui a déjà vécu deux guerres mondiales.

Aucun enfant, dans le meilleur des cas pendant cette période, n’a réellement connu la paix… Beaucoup se sont retrouvé orphelins de père : on peut rêver mieux comme parcours affectif !!!

L’Europe a compris que les conflits directs ne sont plus envisageables, d’autant qu’il existe depuis 1945 cette bombe apocalyptique qui permet de faire autant de victimes en moins de temps et, ne nous faisons pas l’illusions, que tout le monde possédera…

La technologie au service du commerce prend le pas sur l’humain depuis la fin du XIXème siècle, il y a gros à parier que ce phénomène ne fera que s’emplifier !

Les enfants s’y adapteront tellement vite que les adultes seront complètement dépassés, ce qui ne peut-être que nocif pour l’avenir de l’Homme, car l’autorité aura disparue au détriment de la morale pour laisser la place à la force brute… »

Barnabé :

« Votre pessimisme fait froid dans le dos ! C’est donc comme cela que vous envisagez la deuxième partie du XXème siècle ?!? »

Le professeur :

« J’aimerais tellement avoir tort…

La pire des guerres ne sera ni Coloniale, ni entre l’Est et l’Ouest, encore moins entre le Nord et le Sud : elle se fera en notre sein, opposant les enfants aux adultes dans une société qui aura oublié ses valeurs essentielles !

Croyez-en un vieux de la vieille qui a trainé ses guêtres partout dans le monde :

un jour ce seront les adultes qui craindront les enfants… »

Barnabé :

« Lorsque j’en aurai, j’aimerais bien voir ça !

Je peux vous dire que celui qui ne filera pas droit se prendra un bon coup de pied au cul : il n’aura pas envie d’y revenir !!! »

Le professeur, ironique, faisant un signe de croix :

« Dieu vous entende, mon fils… »

Barnabé :

« Oui, enfin… Dieu : si vous saviez… »

Le professeur :

« Je devine !

Cependant, n’oubliez-pas que vous devez entrer dans sa maison au moins une fois pour votre mariage, que je vous souhaite très heureux ! »

Barnabé :

« Je vous en remercie… »

Le professeur regarde à travers la vitre du train :

« Dites-moi, que le temps a passé vite, nous arrivons déjà en gare de Caen…

Ce fut un réel plaisir que de converser avec vous ! »

Alors que les deux se congratulaient et échangeaient leurs adresses, Isabelle, son aimée, était sur le quai à l’attendre, toujours aussi rayonnante.

Cependant, ses yeux ne pouvaient dissimuler quelques larmes qu’elle n’avait pu retenir…

Il faudrait qu’elle s’en explique, de même que la présence de ce quinquagénaire qui n’était pas « beau-papa » et qui lui tenait l’épaule !!!

 

A suivre…

( 30 avril, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (21ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Nineties :

(Chanson de Boris Vian diffusée en 1954, mais je pense qu’elle était déjà en gestation en 1947 dans la tête de ce génie atypique…)

Messieurs qu’on nomme Grand !!!

http://www.youtube.com/watch?v=_CUD26DXY8U&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font. dans Saga familiale

L’Oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (3/4)…

 

Chapitre 19 :

Le train n’était plus qu’à quelques kilomètres de la gare de Caen, et la conversation continuait de plus belle entre le professeur et Barnabé…

Le professeur :

« Partout dans le monde, les peuples colonisés se font de plus en plus pressants pour obtenir leur indépendance. Ce qui s’est passé cette année (pour rappel : 1947) à Madagarscar est tout bonnement scandaleux : 30 000 morts, pour un autochtone, c’est payer cher le fait d’avoir exprimé le désir de ne plus être humilié et aspirer au bonheur d’être enfin libre de sa destinée !!! »

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19470329

Barnabé :

« Si vous saviez ce que les békés, du moins les plus riches et influents de mon île, nous ont fait endurer pendant la guerre : vous en seriez tout autant scandalisé !

*Ils jetaient des quartiers de boeuf qu’ils avaient aspergés d’essence, pour que les plus pauvres d’entre-nous ne puissent les manger. Ils s’étaient tellement bien accommodés à l’administration de Vichy qu’ils se sont livrés à des actes que je préfère taire, tellement ils sont ignobles !!!

Heureusement, ils y avait parmis eux des gens bien, qui avaient des postes clefs à la marie et à la gendarmerie : ils ont sauvé la vie de pas mal de mes compatriotes au péril de la leur… »

(*Phrases prononcées récemment par mon Père et que je reproduis textuellement sans en changer une ligne)

 

Le professeur, attérré :

« Si Dieu a fait l’homme à son image, qu’il doit être laid… »

Barnabé, reprenant son sourire :

« Excusez-moi de vous demander pardon, cher Maître, mais s’il pouvait se contenter d’avoir l’apparence de

Danielle Darrieux,

je ferais bien un brin de causette avec lui, moi… »

Le professeur, jouant de son regard impressionnant :

« Hum… Un peu de sérieux, mon ami !!!

Mais, dites-moi : ne vous affichez-vous pas comme un anticlérical, oserais-je le dire :  »épidermique » ?!? »

Barnabé, levant les yeux vers le ciel :

« Ne le dites pas trop fort : « il » va nous entendre…

Je me marie bientôt et pour faire plaisir à la femme de ma vie,

il me faut passer par l’un de ces édifices ! »

Le professeur, amusé :

« Vous avez soudain la posture d’un homme qui prie… »

Barnabé :

« Que néni !!! Je ne faisais qu’admirer le plafond de cette cabine, sans plus ! »

Le professeur :

« Vous vous affichez comme un « agnostique » : êtes-vous bien sûr que cela soit par conviction ? Ne serait-ce pas plutôt une façade ?… »

Barnabé :

« (« Agnostique de façade », il faudra que je la replace, celle-là !!! {bayelef})

Où voulez-vous en venir, cher Maître ? »

Le professeur :

« Je devine en vous « un homme de foi qui s’ignore » en quête de vérité, voire de pureté. »

Barnabé :

« Je serais donc un « curé laïc », selon vous ?!? »

Sourire du professeur …

Barnabé :

« Je me suis toujours méfié de la pureté, quelle que soit son étiquette, car elle débouche souvent sur l’extrémisme !

Ce qui m’écarte de la religion n’est pas Dieu en lui-même, mais l’interprétation de ce que les hommes en font…

Il est censé incarner l’amour

mais on ne le représente que comme quelqu’un qu’il faudrait craindre !

Craindre quelqu’un qui nous aime : ce n’est pas paradoxal ? »

Le professeur :

« Si l’on admet que « Dieu », dans l’inconscient des hommes même anticléricaux, représente l’image du « Père » : celui-ci aime sa progéniture et sa progéniture l’aime, pourtant, le temps qu’un enfant se transforme en adulte, il a bien fallu passer par une étape essentielle qui s’appelle l’éducation. Elle ne se fait pas sans un rapport de force : la crainte d’une sanction si l’on s’écarte trop de la morale et des lois…

Ne dit-on pas « qui aime bien chatie bien » ?!?

Puis après la santion, vient le pardon…

Voilà pourquoi cette notion ne me choque pas plus que cela. »

Barnabé :

« <> : vous m’avez vaincu !

Mais je reste persuadé que les religions, qui nous invitent à les rejoindre pour obtenir le paradis, sont plus destructrices en prêchant la paix que les soldats, dont l’enfer est le quotidien et la guerre la raison de vivre…

S’il n’y avait que moi, si on m’en laissait la responsabilité : toute religion serait interdite, au moins sur notre sol national !

Enfin quoi : ne sommes nous pas un État Laïc, et particulièrement depuis 1905 ?!? »

Le professeur :

« C’est une thèse que défend le communisme : seriez-vous sympathisant ? »

Barnabé :

« Ho non : car ils ont la même technique que les religieux les plus extrêmes à l’époque de  »l’inquisition », dont ils ont récupéré le mode de fonctionnement détestable… La torture, le non-respect de la vie et de la liberté individuelle, entre-autres !!!

Je suis cependant d’accord avec eux pour clamer que le colonialisme est une conception désormais périmée et condamné à court terme…

Pensez-vous que les jeunes, dont je suis, se sentent concernés par l’Indochine « française » ?

Pour ma part, je n’irai pas combattre un peuple qui, lui, ne m’a jamais traité de « sale nègre », même si son idéologie n’est pas compatible avec la mienne !!! »

Le professeur :

« Finalement, vous êtes en phase avec Aimé Césaire… Non ?!?

De plus, c’est bien lui qui souhaité que la Martinique devienne « département français », malgré tout le mal qu’il pense des colons que nous sommes à ses yeux, plutôt que de prôner l’indépendance… »

Barnabé :

« Si vous me parlez de l’être humain,

j’ai une certaine affection pour lui…

Mais de la à l’appeler « Papa Césaire » et le suivre aveuglément tel un pèlerin sur les chemins de son parcours politico-médiatique, il y a de la marge !!!

On ne peut exiger le beurre, l’argent du beurre, et mépriser la main qui vous nourrit…

Les Antilles font maintenant partie de la France, au même titre que n’importe quel département de l’hexagone : les droits sont donc identiques d’un point de vue constitutionnel pour chaque citoyen… Nous sommes d’accord ? »

Le professeur :

« Absolument ! continuez… »

Barnabé :

« Il m’est insupportable qu’on puisse manipuler mes congénères pour les faire éternellement glisser dans cet « entonnoir idéologique passéiste », qui les fait ressasser et ressasser encore l’oppression dont nos ancêtres furent l’objet !!!

Un français demande-t-il des comptes à un italien pour ce qui s’est passé au temps de César ?!?

Les esclaves : ce concept n’a-t-il jamais existé dans l’antiquité : en Afrique, en Asie, en Europe ?!?

Les livres prétendent que l’esclavage a été une composante essentielle du développement du monde grec : ce n’est pas moi qui l’invente !!!

Notre cher Aimé aurait-il l’indignation  »sélective » ?

Et pour ne parler que des antilles : les indiens Arawaks, peuple pacifique et cultivé, ne furent-ils pas massacrés et réduits en esclavage par les indiens Caraïbes, peuple sanguinaire (pour ne pas dire plus !) ?!?

Ils avaient gardé leurs femmes à des fins personnelles, ce qui veut tout dire…

Sauf erreur de ma part, je n’ai pas lu ou entendu beaucoup d’intellectuels que ça ait choqué dans le monde : on a passé ce massacre « fratricide » en perte et profits au patrimoine d’une humanité totalement indifférente !

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Le professeur :

« Tout à fait !!!

Cela explique du reste l’étonnement des premiers colons, en entendant deux langues distinctes : « caraïbe » pour les hommes, « arawak » pour les femmes… »

 

Suite et fin de cette conversation au prochain épisode…

( 20 avril, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (20ème partie)

« les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit »…

(article premier des Droits et du Citoyen – 17 juin 1789)

Nineties :

http://www.youtube.com/watch?v=wS10laW0rFo

Chapitre 18 :

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font. dans Saga familiale

L’Oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (2/4)…

La conversation entre le Professeur et Barnabé reprenait de plus belle…

Le professeur :

« Contesteriez-vous la chose ?!?

Lorsque Jesse Owens gagna toutes ses médailles à Berlin en 1936, ce fut une belle leçon qu’il donna à l’humanité et un terrible pied de nez (d’autres ont employé des termes moins choisis) au petit caporal de pacotille, lui rappelant au passage qu’il n’était pas César ! »

http://www.youtube.com/watch?v=QDkaOSGDweU

Barnabé :

« Mes dix ans s’en souviennent… »

Le professeur :

« Et, quoique n’aimant pas beaucoup la boxe, sport beaucoup trop violent à mon goût, je vous avoue qu’une grande émotion me tira presque les larmes quand Joe Louis atomisa l’icône du nazisme,

Max  Schmeling, en 1938…

Ces actes symboliques réalisés par des hommes de couleur, admirés enfin par leurs homologues de race blanche : n’en retirez-vous pas une parcelle fiereté, un atome d’espoir ?!? »

Barnabé, soudain nostalgique :

« <>, c’est comme ça que l’on surnomme mon professeur de philosophie, Monsieur « Joseph H », que j’ai quitté cette année à regret pour faire mes études en métropole…

Il a le même gabarit, mais lui, c’est sa culture qui atomise ses ennemis et sa plume Ô combien magique qui enchante ses admirateurs dont je suis.

Il est la preuve qu’un homme de couleur n’est pas uniquement le « saltimbanque » ou le « gladiateur » ayant reçu l’aval d’un « gentil maître blanc » qui pourra l’encenser quand bon lui semblera !!! »

Le professeur :

« Je vous ai agacé, je le sens, par l’évocation de ces deux personnages hors-norme, cependant, vous ne pouvez refuser d’admettre le bien qu’ils ont fait à l’histoire des hommes, avec les armes dont ils disposaient… »

Barnabé :

« Une arme « physique », comme toujours !

Ici, une fois de plus, en valorise encore et encore une élite musculaire et l’on se garde bien d’envisager chez l’homme de couleur des compétences intellectuelles…

Que ce soit positif ou négatif, je ne vois là rien d’autre qu’une discrimination !!! »

Le professeur :

« La discrimination a été inventé par quelque-chose de bien plus cruelle que l’homme : la nature…

Votre solide et impressionnante stature est là pour corroborer ma thèse : vos ancètres étaient les plus solides qui soient, mais… D’autres, venus d’Europe, avaient compensé ce handicap en dominant cette nature, à l’aide d’artifices technologiques.

Étaient-ils plus intelligents ? Je n’en suis pas persuadé !

Plus puissants ? Nous sommes bien forcés de l’admettre, sinon jamais ce trafic d’esclaves n’aurai vu le jour dès le XVème siècle.

Pour en revenir à ce que vous disiez, je suis persuadé que le temps, comme pour toute chose effacera les stéréotypes, du moins si l’on se place du côté « européen ».

Chaque homme ne sera jugé que sur sa compétence intellectuelle et professionnelle, non sur son origine et son physique…

Je crains cependant que la littérature « nègre » (comme la nomment leurs auteurs) ne freine ce processus de réconciliation entre les peuples !

J’ai étudié quelques ouvrages dont la lecture, je vous l’avoue, m’a parfois profondément agacée, lorsqu’elle ne m’a pas tout simplement ennuyée ! »

Barnabé :

« Tiens donc ! »

Le professeur :

« Il y est constamment question de l’Identité Africaine, du souffle des ancêtres, des morts qui ne le sont pas… Certains se complaisent à vouloir respirer l’odeur de leurs morts… Je me suis découragé très vite. Les différents auteurs sont censés s’adresser à un public populaire, mais seuls quelques avertis « ciblés » (pour ne pas dire endoctrinés !) peuvent espérer les comprendre !!! »

Barnabé :

« En quoi cela vous choque-t-il qu’un antillais puisse revendiquer son origine africaine ? »

Le professeur :

« Choqué n’est pas le terme exact…

Parlons justement des Antilles : il me semble que les racines sont quelque peu mitigées, dans la mesure où les africains « exportés » se sont mélangés à la population locale, les indiens arawaks et caraïbes, entre autres…

Sans compter tous les métissages qui ont eu lieu par la suite !

(et quand on voit ce que ça a donné :

Vive le métissage (des cultures, en l’occurence) !!!)

http://www.youtube.com/watch?v=No2N2jSe7HI&feature=related

Il ne faut pas se faire d’illusions : les africains n’aiment pas plus les antillais ou afro-américains qu’ils ne les détestent… En fait, ils leur sont parfaitement indifférents, excepté une ou deux élites qui se sentent concernés par le sujet. »

Barnabé :

« Pour tout vous dire, je ne me reconnais pas en tant qu’antillais dans cette littérature.

Cela ne m’empêche pas d’apprécier leurs auteurs et leur engagement politique,

l’émiment sénégalais ( véritable africain, lui !) Léopold Sédar Senghor en tête, mais…

En ne parlant des hommes de couleurs « noires », « jaunes », « rouges, tels des victimes et de l’homme blanc qu’en qualité d’oppresseur, comme le fait constamment

Aimé Césaire, son grand ami martiniquais,

je ne crois pas qu’on arrivera un jour à abolir les ségrégations !

On finira par le faire « à l’usure », bien sûr, en sortant des lois qui conforteront quelques cérébraux prétendant représenter « le peuple », en prenant bien soin d’ignorer que c’est dans la rue et les lieux publics que se changent les mentalités, non dans les salons et les livres auxquels ils n’ont pas accès !!! »

Le professeur :

« L’homme de la rue suivra, comme d’habitude, que voulez-vous : c’est dans la logique des choses, et Césaire terminera…

Au Panthéon, allez savoir !!! »

Barnabé, sourire aux lèvres :

« Et pourquoi pas Senghor Président de la République, pendant que vous y êtes, hi-hi ?!? »

Le professeur, amusé à son tour :

Marguerite Yourcenar (1903-1987), élue le 6 mars 1980 à l’Académie Française (fauteuil n°3)…

« Puis une femme à l’Académie Française… Hum-hum !!! »

Barnabé :

« Ho non, vous allez trop loin, cher Maître : pourquoi pas la parité homme-femme, pendant que nous y sommes ?!? »

 

A suivre…

( 13 avril, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (19ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 17 :

Nineties :  dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

 

L’Oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (1/4)…

Mais que faisait-il donc, mon Papa, dans ce train qui l’emmenait à la gare de Caen, où il captivait cet auditoire improvisé dans la cabine où il s’était installé ?!?

Et Maman : pourquoi n’était-elle pas avec lui ?

Nous le saurons plus tard…

 dans Saga familiale

« Certes, nous leur devons de nous avoir libéré et nous ne remercierons jamais assez les américains d’avoir payé un lourd tribut, en affrontant l’armée la plus puissante du monde ! L’Oncle Sam a lutté contre la forme la plus horrible de racisme qu’on ait connu de mémoire d’homme, et je pense la plus destructrice… Mais cela ne saurai égarer mon jugement !!! »

Ainsi parlait Barnabé à ce professeur à la retraite,

sosie de Sacha Guitry (au même timbre de voix), qui l’avait convié à s’asseoir à côté de lui.

Le professeur :

« Vous m’intéressez : développez, jeune homme ! »

Barnabé :

« L’Oncle Sam réchauffe un serpent dans son sein, nommé « Ku Klux Kan »… »

Le professeur :

« Vous n’êtes pas sans savoir que cette organisation a été dissoute il y a trois ans ? »

Barnabé :

« Je sais, oui, mais pour une raison fiscale, non par désapprobation du gouvernement américain !  »

Le professeur :

« Effectivement… Mais où voulez-vous en venir ? »

Barnabé :

« Au fait que nous avons été délivrés par une nation qui, si elle nous a rendu la liberté en chassant de notre territoire les apôtres du racisme et de la xénophobie, est loin d’en avoir fait autant sur son propre sol !!! »

Le professeur :

« Hum-hum… Vous voulez parler de la « discrimination » ? »

Barnabé :

« Précisément… Les nazis ont obligé les juifs à porter une étoile jaune avant de les parquer comme du bétail dans ces « trains de la honte »…

Les américains n’autorisent pas les noirs à utiliser les mêmes pissotières qu’eux : quelle est la différence avec l’idéologie fasciste, quand on sait que les lynchages de mes frères de couleur sont légion et restent impunis… Les hommes de race blanche se sentent tellement protégés par une impunité ni n’ose dire son nom, qu’ils s’exhibent sur des cartes postales après leurs forfaits, fiers de leurs exactions !!! »

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« Strang fruit », chanson interprétée par Bille Holiday, éveillera certaines consciences, mais il faudra encore attendre pour espérer changer les mentalités…

http://www.youtube.com/watch?v=eKIgLLmzxZA&feature=fvwrel

Le professeur :

« Ceci est bien regrettable et votre indignation est tout à fait fondée, mais je vous trouve bien sévère avec cette nation qui, ne l’oublions pas, est très jeune par rapport à notre vielle Europe, qui ne fut pas toujours un exemple de vertu en la matière… N’oubliez pas que les américains se sont fait une guerre dite de « sécession », ce qui prouve que la moitié d’entre-eux a su se remettre en question concernant l’esclavage et la condition humaine ! »

Barnabé :

« Oui, on peut leur reconnaître ça, et je pense qu’ils irons plus loin encore… Mais combien de victimes innocentes avant d’abolir cette discrimination institutionnelle ?!? »

Le professeur :

« Je comprends votre impatience, mais j’ai bien peur qu’il ne vous faille attendre longtemps encore, et pleurer beaucoup de vos frères d’infortune…

Mais il me vient une question qui me brûle les lèvres :

que pensez-vous du statut des indiens d’Amérique ? »

Barnabé :

« Je ne peux que vous remercier de me poser cette question, car elle va pouvoir me permettre d’exprimer ma révolte concernant ce que des colons ont infligé à ce peuple qui était chez-lui et ne demandait rien, sinon de pouvoir vivre en ses terres, dans le respect de ses coutumes et traditions, à l’écart des nôtres, je veux dire en cela celle des européens…

Ils sont venus fouler leur sol, dont celui de mon île en 1502, et dictèrent leurs lois, au mépris des populations déjà existantes, jusqu’à les exterminer !!! »

Le professeur :

« Je constate, et c’est tout à votre honneur, que vous n’avez pas utilisé le terme « génocide », comme certains…

Dans un de ses écrits, Bernardin de Saint Pierre, écrivain notoire proche de Jean-Jacques Rousseau, avait défini ce qui se passait comme tel :

« On a dépeuplé l’Amérique afin d’avoir une terre pour planter, on a dépeuplé l’Afrique afin d’avoir une nation pour les cultiver »… »

Barnabé :

« Si cet homme était encore vivant, j’aurais eu plaisir à lui serrer la main !!!

Car tout découle de là… »

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Le professeur :

« Savez-vous, mon ami, d’où viens le terme « négritude ? »

Barnabé :

« J’ai entendu ce terme de la bouche même d’Aimé Césaire, un jeune littéraire antillais de renom qui s’est engagé en politique et maire de Fort-de-France… »

Le professeur :

« Aimé Césaire ? J’ai effectivement entendu parler de cet homme qui, je pense, sera une référence pour tout homme de couleur opprimé dans ce vingtième siècle…

Mais s’il s’est approprié le terme  »négritude », il n’en n’est pas l’inventeur.

Il faut remonter au XVème siècle,  lorsqu’un gigantesque trafic vit le jour entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique… En 1444, l’île de Gorée fut découverte par Dinis Diaz, un capitaine portugais, au large de Dakar.

maisondesesclaves

C’est là que naquit « la maison des esclaves » que l’on appelait « nègres », hommes femmes et enfants, troqués contre des produits européens souvent insignifiants ! Et par qui ?!? »

Barnabé :

« Ho, je ne le sais que trop… Par des africains !!! »

Le professeur :

« Ainsi, nous sommes donc d’accord pour considérer que les premiers négriers furent les africains eux-mêmes… »

Barnabé :

« Je ne saurais contester la chose ! Mais pour revenir à la « négritude » ?… »

Le professeur :

« J’y viens… Je ne saurais vous dire qui a utilisé ce qualificatif le premier, mais il définissait dès le XVème siècle la manière de penser et le désespoir soumis des gens séparés de leur famille. »

Il y aura toujours chez les descendants de ces « déracinés », comme une plainte qui se traduit même aujourd’hui dans leur façon d’être, de penser, de chanter une berceuse dont la nostalie est de toute beauté, mais si triste… »

http://www.youtube.com/watch?v=wTOXdqrFkto&feature=fvst

Barnabé :

« Peut-être est-ce pour cela qu’il ont rouvé refuge dans la religion que leur proposaient les « maîtres blancs » ? »

Le professeur :

« Comme vous y allez !!! Les missionaires ne se sont jamais considérés comme des « maîtres », mais comme des messagers au service de leur foi et d’une religion qu’ils pensaient meilleure que toutes les autres… »

Barnabé :

« …Exigeant de leur « nouvelles recrues » l’abandon des coutumes qui faisaient leur identité et leur personnalité profonde ! »

Le professeur :

« Les coutumes ? Mon dieu, si vous saviez, mon jeune ami… Avez-Vous entendu parler de « l’excision » et d’autres horreurs  qui se pratiquent au nom de « traditions » ancestrales, au sein de certaines ethnies ?!? »

Barnabé :

« Hélas, oui… Et vous marquez un point de plus ! »

Le professeur :

« Ce n’était pas mon intention…

Il faut reconnaître cependant que les chrétiens, en convertissant les esclaves, étaient loin de se se douter que la messe, revue et corrigée par ces nouveaux adeptes, se verrait attribuée de nouvelles lettres de noblesse en modernisant les cantiques, jusqu’à créer ce que l’on appelle le « negro spiritual » et qui donnera le « gospel » !!! »

http://www.youtube.com/watch?v=CNQXQKflJNA

Juste pour le plaisir, cette interprétation de summertime par Miles Davis.

http://www.youtube.com/watch?v=N090STPx-2M

 

A suivre…

( 17 mars, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (18ème partie)

« Les anges maudits, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 16 :

Une histoire d’amour…

Nineties :

http://www.youtube.com/watch?v=oOTj0jCtwpA&feature=related

(Le disque a été enregistré en 1947.

On reparlera de la môme Piaf qui, à cet instant avait parfaitement traduit ce qui se passait dans le coeur d’une femme amoureuse, Maman, en l’occurence !) 

 

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font. 

C’était la nuit. Doucement et tendrement, le temps s’écoulait…

Un peu comme la pluie sur ce toit si proche (trop proche !), dont les gouttes martelaient un rythme totalement anarchique.

Cela inspirait Barnabé qui aurait tant aimé avoir le talent d’un compositeur, afin de traduire ce spectacle sur une partition, à coup de rondes, de croches, de blanches et de noires, autour d’une clef de sol de do ou de fa…

Il était littéraire dans l’âme, mais la fibre musicienne était là, encrée quelque-part dans des gènes qu’il devait me transmettre !

Il s’en rappelera lorsqu’il entendra cette chanson de Nougaro, bien plus tard…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=rJxF3A0lbSo

Dans le train qui l’avait conduit dans la capitale, il avait fait la même chose, écoutant les percutions des roues contre les rails, relayés par les wagons qui faisaient « caisses de résonances » et lui évoquaient la rythmique d’un air de jazz qu’il avait entendu quelques années plus tôt…

http://www.youtube.com/watch?v=mi2emUrIyQY&feature=fvst

Il était allongé dans son lit, « dans la splendeur d’une beauté que l’on venait d’arracher au sommeil » (Audiard). A côté de lui, blottie confortablement dans ses bras, la tête au creux de son épaule, Isabelle dormait en toute quiétude,

avec son amour pour seul pyjama.

En très peu de temps, le nouveau couple décida d’emménager dans un seule mansarde, joignant l’utile (pour des raisons économiques) à l’agréable…

 

Paris avait ceci de particulier qu’il possédait une incomparable palette d’artistes, connus ou non, se produisant dans les cabarets, pour le plus grand plaisir du chaland !

Les rues, emplies de magasins, bistrots et restaurants, avaient une âme, celle de la diversité sociale des passants qui se croisaient.

Paris était « la France », une « douce France » comme le chantait Charles Trénet :

http://www.youtube.com/watch?v=L2WHAcyH3n8

Une France populaire incarnée par André Bourvil :

Toujours la façade !!!

http://www.youtube.com/watch?v=28J9n9mPNJs

 

Pour s’informer, il y avait le cinéma : nous étions encore loin du « 20 heures » présenté par Patrick Poivre d’Arvor, qui, cependant, réalisa son premier bulletin d’information en poussant son premier cri le 20 septembre 1947 :

http://www.ina.fr/video/AFE86004558/les-actualites-francaises-edition-du-23-octobre-1947.fr.html

Mais on allait au cinéma principalement pour y revoir ou découvrir des films, interprétés par de grands comédiens, tel le grand Louis Jouvet dans « Quai des Orfèvres » (1947) :

http://www.youtube.com/watch?v=lGQzY62SlqA

L’année allait bientôt se terminer, mais avant d’aborder 1948, il restait une épreuve et pas des moindres à affronter : la présentation du « fiancé » à mes Grand-Parents…

Le destin de mes parents et de l’ensemble de ma famille devait se jouer là !

A suivre…

( 9 mars, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (17ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 15 :

Nineties :

Tel un conte de fée, comme au cinéma…

« Excusez-moi les amoureux, permettez-vous à vieux « con de l’âge » [tiré de l’expression « les vieux qu’ont de l’âge »] de rentrer dans son humble demeure ? »

Cette voix théâtrale, c’était celle du père Lazare, un brave retraité, veuf depuis la guerre, dont on devinait que la pension était bien maigre pour vivre dans une de ces mansardes, qu’il essayait de rejoindre.

Maman :

« Ho, Monsieur Lazare, ne dites pas ça : vous êtes le plus jeune de nous tous !!! »

Monsieur Lazare, avec le sourire :

« Ne dis pas de pareilles choses, ma petite Isabelle : tu vas m’attirer le courroux de ton chevalier servant, oui, je parle bien de cette armoire à glace qui te tient dans ses bras jeunes et vigoureux !!! Tu sais, pour me connaître, que l’arthrose ne m’autorise aucun effort physique, ce qui m’interdit les duels sur le pré comme on en faisait aux temps jadis, ne serait-ce que pour avoir eu l’outrecuidance de croiser des yeux aussi charmants que les tiens… »

Mon Père lui répondit par un sourire et s’inclina respectueusement devant lui, séduit par le verbe de ce personnage dont il devinait un parcours fait de culture et de lettres, lui qui les aimait tant !

Un homme inculte et sans intelligence n’aurait jamais pu faire preuve d’autant d’esprit et d’auto-dérision.

Maman avait pris le père Lazare en affection et lui apportait souvent des parts de gâteaux ou de plats qu’elle faisait.

Elle lui tenait compagnie et l’aidait parfois pour certaines tâches ménagères, dont la cuisine.

S’il avait du linge à repriser, elle n’était pas avare de ses coups d’aiguilles, elle repassait aussi…

Isabelle et Barnabé :

Bonne soirée, Monsieur Lazare ! »

Lui :

« Merci mes petits, et à demain…

Enfin : si l’autre (il lève les yeux vers le ciel) le veut bien ! »

Alors que le père Lazare avait fermé sa porte, barnabé dit :

« L’autre ?… »

Isabelle :

« Il parlait de Dieu. Il faut dire qu’il est assez anticlérical, voire même anarchiste sur les bords. »

Barnabé :

« Anticlérical ? Demain : je le serre sur mon coeur, ce brave homme !!! »

Isabelle ramassa son livre, tandis que Barnabé de nouveau seul avec elle, baissait les yeux, comme un petit enfant qu’on aurait pris en faute.

Elle le trouvait si touchant, lui, ce grand gaillard qui tenait timidement son panier de provisions…

Les mains se rejoingirent, et Barnabé entra dans l’univers d’Isabelle, au sein de cette mansarde qui avait les mêmes dimensions et qui était pourtant si différente.

Isabelle :

« Vous pouvez lâcher mon panier, vous savez ! »

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Barnabé, s’étant assis sur le lit :

« Le panier ? Ha oui, pardon ! »

Il lui tend, puis il dit :

« On peut se tutoyer : ne sommes-nous pas camarades de classe ? »

Isabelle, rouge d’émotion :

« Si vous… Si tu veux ! »

 dans Saga familiale

Elle l’avait bien repéré, mais de loin, dans les classes de cours et les couloirs de la fac.

Avec le cordon de filles qui l’entourait, elle se disait qu’elle n’aurait aucune chance d’approcher un tel homme ! D’ailleurs, elle se méfiait des Don Juan, vecteurs de tant de chagrins d’amour ! Elle en avait fait son deuil, se jurant bien de ne jamais fréquenter de tels personnages.

 

Alors : que se passait-il, aujourd’hui ?!?

 

Assez intrigué, j’avais questionné Maman dans le but de visualiser ce « coup de foudre » tant décrit dans la littérature et au cinéma.

En analysant la description qu’elle m’en avait faite, j’en conclus que « West Side Story » (1961) était le film le plus proche ayant décrit ce phénomène impalpable…

http://www.youtube.com/watch?v=FXNZFe63brY&feature=fvwrel

Jusqu’à présent, mon Père avait fait pas mal de conquêtes, s’imaginant que c’était ça l’amour : une relation charnelle où il était recommandé de satisfaire quelques désirs lubriques, comme s’il s’agissait d’honorer un contrat…

Dès la rencontre avec Maman, il prit conscience que l’amour, le vrai, possédait d’autres paramètres, qu’il n’avait jamais connus depuis son premier souffle .

Il n’avait jamais rêvé d’une vie à deux, et ça changeait tout !

http://www.youtube.com/watch?v=rw7sCNtYOd0&feature=related

Maman, de son côté, faisait amoureusement un gâteau dans le but d’inviter une nouvelle fois cette homme dont elle savait qu’il était celui de sa vie…

http://www.youtube.com/watch?v=-9dQysBGyPw&feature=related

Au deuxième rendez-vous, les lèvres se joignirent, et pour la première fois de sa vie, mon Père ne précipita pas les choses.

En sortant de chez Maman, il savait que ce baiser n’était pas un adieu, mais le début d’une belle histoire…

Il était tout euphorique !

http://www.youtube.com/watch?v=D1ZYhVpdXbQ

 

A suivre…

( 4 mars, 2011 )

Nineties : »Puisqu’il fallait bien continuer… » (15ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 13 :

Nineties :

A) La France en deuil…

28 novembre 1947 : mort de Philippe Leclerc de Hautecloque dans un accident d’avion dans le Sahara.

http://www.youtube.com/watch?v=a4SQdZgSEjY

B) Quitter son nid…

Quelques mois plus tôt, Outre Atlantique, un bateau s’éloignait de l’île natale d’un jeune homme répondant au prénom de  »Barnabé ».

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Il avait 21 ans, l’âge de la majorité, il sera mon géniteur…

Si l’émotion se transmet dans les gènes, cela peut probablement expliquer pourquoi cette chanson, de mon  »Papa virtuel » Henri Salvador, me serre la gorge !

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=JDzz2KGuyH0

C’était la première fois qu’il quittait son île, lui qui ne rêvait que de littérature, poésie et belles lettres. Il se voyait guider les premiers pas de petits enfants vers la culture, avant d’ouvrir leur esprit en direction de philosophes et écrivains.

Il se voyait un peut comme le Père décrit par Marcel Pagnol, dont il avait lu presque tous les livres.

http://www.youtube.com/watch?v=lG0MJHqCivU

Son propre père ne vivait pas à la maison avec sa mère, à laquelle il avait fait trois enfants.

Il faut dire qu’aux Antilles, il était fréquent qu’un seul homme vive avec plusieurs femmes dans autant de foyers différents.

Ainsi, je suis incapable de dire combien de demi-frères et demi-soeurs mon Grand-Père avait fait à l’auteur de mes jours !

Je ne sais rien de lui, si ce n’est qu’il était spécialiste en océanographie.

Maman me raconta qu’il aurait côtoyé Charcot et participé en tant que mousse à une ou plusieurs expéditions, dans sa jeunesse.

Tout cela est à mettre au conditionnel, le nom de mon Grand-Père paternel ne figurant sur aucune des listes d’équipages diffusées sur le net, concernant les deux expéditions dont celle de l’Antarctique.

Tout ce que je sais, c’est qu’il était passionné par la mer, les bateaux, et qu’il avait un grand respect pour cette homme charismatique qu’était « Jean-Baptiste Charcot »…

http://gabierschimeriques.free.fr/pourquoi-pas.charcot/jeanbaptistecharcot.htm

Mon Grand-Père paternel fut-il influencé par le destin de « Charcot fils » à ce point, qu’il exigea de Barnabé qu’il traverse l’Atlantique pour devenir Docteur en Médecine, comme l’avait fait en son temps « Charcot père » ?!?

« Pourquoi mon Père tenait-il à ce point que j’entre à la faculté de médecine de Paris alors que je me destinais à être prof de Français ou instituteur. Je n’ai jamais su d’où lui était venue cette idée ! »

Ainsi parlait mon Père de son propre Père…

Toujours est-il qu’il était sur ce bateau qu’il l’emmenait au Havre, d’où il prendrait le train pour Paris, afin d’intégrer la faculté de médecine.

Son coeur était à l’image des violons d’un concerto de Bach qu’il aimait écouter : triste mais rempli d’espoirs… Une combinaison de sentiments assez complexes.

http://www.youtube.com/watch?v=H9V0Pr0aTi4&feature=related

Il savait qu’en foulant les pavés gris, humides et froids de ce nouveau monde, plus rien ne serait pareil et que son véritable destin, sa véritable lutte commençaient là…

 

A suivre…

( 2 mars, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer » (14ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 12 :

Nineties :

1945 : les femmes obtiennent enfin de droit de vote en France !!!

Nombre de femmes pensèrent que pour les hommes, c’était également l’occasion d’obtenir celui de réfléchir avant de parler :

 

http://www.youtube.com/watch?v=b4DhcCPuXOs&NR=1

Parceque, je ne voudrais pas dire, mais les machos d’aujourd’hui, c’était de la guimauve par rapport à ceux de cette époque…

http://www.youtube.com/watch?v=NS9KYfhpkMU&feature=related

Pendant ce temps, pour Pétain et Laval, la météo n’était pas au beau fixe !

Laval, homme le plus détesté de France sera fusillé le 15 octobre 1945.

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Personne, à part un ou deux révisionnistes qui traînaient dans le

coin, ne l’a vraiment pleuré…

Pétain fut condamné à mort, mais De Gaulle n’appliqua jamais la sentence, se souvenant probablement du héros de Verdun.

Est-ce en repensant à ce vieil homme, qui n’était plus que l’ombre de lui-même, que De Gaulle écrivit par la suite :

« La vieillesse est un nauffrage ! »

http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/AFE86003224/la-fin-du-proces-petain.fr.html

De Gaulle et Petain

La condamnation à mort fut commuée en peine de prison à perpétuité, le vieux maréchal mourut le 23 juillet 1951, à Port-Joinville sur l’Île-d’Yeu.

Les bourreaux tout puissants d’hier se rendirent compte qu’ils n’étaient plus considérés comme des Dieux invincibles.

Ceux qu’ils avaient asservis, cette sous-catégorie qui les avaient vu fouler, triomphants, le pavé de la patrie de Voltaire et d’Hugo, prétendaient se faire juges et avoir le droit de leur demander des comptes : ils ne supportaient pas cette réalité nouvelle, d’où cette arrogance insupportable !

 dans Saga familiale

Leur banquets, entre deux joutes judiciaires,  furent l’apothéose de la convivialité entre anciens tortionnaires, mais pas pour longtemps…

Juste ce qu’il fallait pour que les rescapés de l’holocauste et leurs familles se rappellent à leur bons souvenirs !

Renault fut nationalisé sans compensation financières pour cause de collaboration avec l’ennemi.

Pour les banques, c’était une autre histoire : l’Etat voulait mettre la main sur le pouvoir monétaire… On a vu ce que ça a donné par la suite !

Cette même année, fut créée la Sécurité sociale, un rêve qui devenait réalité…

Mais pour combien de temps ?!?

Maman, qui allait avoir 19 ans, attendait tranquillement de pouvoir se libérer d’un père qui, s’il n’était pas un tyran, n’avait jamais été capable de se comporter en père de famille vis à vis d’elle, c’est à dire de lui apporter ce trésor que l’on nomme « tendresse », si indispensable à une enfant…

 

A suivre…

 

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