Eighties : du fash-back comme s’il en pleuvait… (4ème partie)
« Malédictions »
La maison de « Belle-Maman » m’avait tout de suite fait mauvaise impression : mon instinct me disait qu’il régnait quelquechose de maléfique dans cette demeure, où vivait également sa propre mère : un être tyranique…
Toutes les deux étaient veuves, ça ne présageait rien de bon !
Alors que j’appréhendais ce premier contact « officiel » chez « les mamies », l’album de Michael Jackson « Thriller » cartonnait depuis presque deux ans en tête des hits parade.
http://www.youtube.com/watch?v=ZEHsIcsjtdI&feature=related
Sincèrement, je préférais écouter »Billie Jean » et le voir danser dans ce clip d’anthologie.
http://www.youtube.com/watch?v=TIbr2uPcqZE
Mais nous étions bien sur le seuil de cette maison dont la facade était classée « monument historique » où Mamie Paulette et Mamie Berthe nous attendaient.
Ni l’une ni l’autre n’avaient l’instinct maternel, et lorsque les enfants commencèrent à courir autour de ma voiture,
Belle-Maman fit entendre sa douce voix pour les engueuler.
Bien sûr, Marianne rentra dans le lard de sa mère, et pendant que les deux échangeaient quelques paroles aimables (que je n’ose même pas vous répéter, M’sieur le commissaire !),
Je fis la bise à Grand-Maman, qui regardait cette scène, consternée, en lui disant avec un air faux-cul (il paraît que je le fais très bien, mais c’est un rôle de composition !) :
« Enchanté, moi, c’est Jean-Jacques ! Je suppose que vous êtes la Mamie Berthe… »
Elle acquiesça et me fit un petit sourire.
Puis, faisant la bise à Belle-Maman :
« Et oui, à cet âge-là, faut qu’ça bouge…
Bon, c’est pas le tout : on cause, mais on se déshydratre, hein ?
Et puis vous, les gars, vous pouvez faire un break cinq minutes ?!? »
J’avais aussi fait sourire la mère, on avait progressé !
Et ce fut le rituel de l’apéritif où chacun parlait de tout et de rien…
Avec le temps, j’appris ce qui c’était passé dans cette maison, qui fut le début de tous leurs emmerdements.
On me fit visiter toutes les pièces sauf une dans le grenier.
Au dessus de la porte fermée aux planches usées, il y avait un petit jour et je ne tardai pas à deviner…
Sur une poutre de soutien, il y avait une veste en daim posée dessus.
C’était donc ça, le véritable motif du décès du frère de Marianne, l’année précédant mon entrée dans cette famille : un suicide par pendaison !!!
Il avait deux ans de moins que sa soeur, qui ne s’en remettait pas…
Sept ans plus tôt, en 1976, j’avais perdu une soeur, mais, elle, avait choisi les médicamments pour mettre fin à ses démons.
Le plus terrible fut le regard de Maman caressant le front sans vie de sa fille, « sa chair », qui était sans vie sur cette table sans âme du centre anti-poison…
J’étais donc à même de comprendre la détresse de Marianne, qui observait parfois le téléphone en pleurant. Il ne s’agissait pas d’une rupture amoureuse, comme dans cette chanson qui me foutait le bourdon chaque fois qu’elle passait sur la FM, mais le vide dans le coeur était le même !
http://www.youtube.com/watch?v=3TZ4QuE1Kqg
Le père de Marianne avait trente ans de plus que sa mère, il était donc logique qu’il parte pratiquement en même temps que son beau-père dont il avait le même âge, au tout début des années 80.
C’est lui qui avait fait l’acquisition de cette demeure, mais il avait dû demander à « belle-maman Berthe » de lui servir de prête-nom, car il était déjà marié et ne pouvait divorcer, car sa femme officielle était handicapée.
Celle-ci, en toute logique ne lui fit aucun cadeau, ce qui fut à l’origine de la faillite de son commerce. C’est ainsi que Belle-Maman repris son travail de comptable, tandis que son homme, de plus en plus vieillissant, sombrait dans l’alcool et la maladie.
Marianne subit des maltraitances, victime d’une mère qui reproduisait le schéma qu’elle avait elle-même vécu.
Pour arrondir les fins de mois laborieuses, ils louaient des chambres disponibles dans cette grande maison.
C’est ainsi que Marianne fit la connaissance d’un jeune garçon qui jouait de la guitare.
La suite ? Classique !!!
N’en pouvant plus d’être marthyrisée, elle se fit faire un enfant de ce personnage pour fuir avec lui…
A l’époque, la majorité était à 21 ans, elle était donc une mineur qui avait fugué, aux yeux de la loi.
Après quelques démarches administratives assez compliquées, guidée par des assistantes sociales, elle finit par se marier avec ce type, père biologique de Tanguy en 1973.
Elle remit le couvert avec la naissance Kévin en 1978, alors que le couple allait de moins en moins !!!
Il fallut du temps avant que la mère, la fille et le père ne se revoient. Et même après, ce ne fut jamais l’amour fou, d’où ces dimanches en famille que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.
Il y avait un vide dans cette famille, du fait du suicide du fils, je comblais donc ce vide mais restait psychologiquement lucide : « elles ont eu la peau des hommes, elles n’auront pas la mienne !!! »
A suivre…