• Accueil
  • > Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.
( 8 juillet, 2011 )

Nineties : « puisqu’il fallait bien continuer… » (28ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 26 :

Nineties :

L’amour plus fort que tout ?… (6/12)

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

« Commedia dell’arte !!!« 

http://www.youtube.com/watch?v=b5prn9W7xfc&feature=fvwrel

 dans Saga familiale

La Traction Avant Citroën du Père Gerbesah était presque arrivée à destination.

Ses passagers : Isabelle et Barnabé discutaient, non sans une certaine tension…

Barnabé :

« Dans quel monde vis-tu, ma pauvre : tu ignorais donc qu’aux États-Unis, on pratique la discrimination raciale ?!? »

Isabelle :

« Je le savais bien sûr !

J’avais tellement espéré que Peter ne fasse pas partie du lot… »

Gaston (Gerbesah) : 

« Y t’as écrit quoi exactement  »l’ostrogoth », pour te met’ dans des états pareils ?!? »

Barnabé, prenant la parole à sa place :

« Pas difficile à deviner : quand Mademoiselle a annoncé à son  »Robin des Bois » qu’elle comptait épouser un Antillais, Môssieur a répondu :

« Épouser un homme de couleur, vous plaisantez, ma chère !!! »… »

Gaston, à Isabelle :

« Et tu comptes lui répondre à c’te grand couillon ?!? »

Isabelle :

« Ha ça : plus jamais… »

Et elle se replongea dans cette discussion de la veille qui l’opposa à ses parents, dans la villa qui portait son nom, comptant sur le soutien de Tante Geneviève…

Isabelle, qui venait juste de terminer la lecture de la lettre de Peter à son père :

« Oui : l’homme que j’aime et avec qui je veux fonder une famille a la peau noire !!! »

René :

« Et bien…

Il ne manquait plus que ça… »

Alice :

« Tu comptes avoir des enfants avec ce…

Enfin…

Cet indigène des colonies ?!? »

Isabelle :

« Les Antilles sont devenues des départements français depuis l’année dernière, Maman !

Barnabé est donc un citoyen avec les mêmes droits que n’importe qui en France… »

René :

« Peut-être, mais…

Il est…

Enfin,

il n’est pas tout à fait comme nous, quoi !!! »

Tante Geneviève (la bonne soeur) :

« C’est avant tout une créature de Dieu, ne l’oublions-pas ! »

René :

« Pfff !!! Si l’église s’en mêle… »

Isabelle, embarrassée :

« Justement, en parlant d’église… »

René, le regard horrifié :

« Ne me dis pas qu’il est « pasteur » ou quelque-chose comme ça, en plus !!! »

Isabelle, retrouvant le sourire :

« Ça ne risque pas…

A part toi, je ne pense pas avoir connu une personne plus réticente à l’égard des religions, quelles qu’elles soient !!! »

René, arborant le même sourire :

« Ho !!! »

Soeur Geneviève, déçue :

« Ha ?!? »

Isabelle :

« Mais le mariage sera quand-même célébré à l’église… »

Tante Geneviève :

« Ha !!! »

René :

« Je m’y étais fait, moi,  à l’idée que Peter devienne notre gendre… »

Alice :

« Il faut avouer que c’était un bon parti : avec lui ton avenir était assuré ! »

Isabelle, outrée :

« Et c’est toi, Maman, qui me dit ça ?!?

Ainsi, dans votre esprit, Je n’étais pas la petite correspondante

qui échangeait innocemment des lettres avec un soldat, héros de la Libération, mais juste une fille à marier, à mettre sur le marché comme une vulgaire marchandise ?!? »

René, sévère :

« Je ne te permets pas de nous parler sur ce ton !!! »

Isabelle :

« En vertu de quoi ?!?

Du droit des femmes à se taire et de celui des hommes à les traiter plus bas que terre, de les rendre malheureuses jusqu’à ce qu’elles deviennent veuves, donc :

enfin libres et épanouies ?!? »

http://www.youtube.com/watch?v=roDeNkSfgWU&feature=related 

Alice :

« Isabelle, mon enfant : tu vas trop loin… »

René :

« Tu viens ni plus ni moins de me traiter de « négrier » !!!

Fais attention, car tu as beau avoir vingt et un ans,

je peux encore te donner une gifle… »

Isabelle tends la joue et dit :

« Fais-le et ce sera la dernière : car plus jamais tu ne reverras ta fille unique !!! »

Alice, contre toute attente :

« Et tu te retrouveras seul, René, car il est hors de question que tu me sépares de mon enfant ! »

Tante Geneviève :

« Allons-allons : ne cédons-pas à la violence ni à la colère ! Tâchons d’ouvrir nos coeurs plutôt que de les fermer… »

René, atterré :

« C’est un cauchemar : je suis en train de dormir et je ne vais pas tarder à me réveiller… »

Alice :

« Te réveiller ?!? Il serait bien temps, tiens !!!

Si ta fille préfère se jeter dans les bras d’un nè… Heu…

D’un homme de couleur,

au lieu de saisir l’occasion de faire un beau mariage avec

« quelqu’un de normal », nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-même ! »

René :

« Ha ça, c’est la meilleure !!!

(il se retourne vers sa soeur)

Tu vas voir que ça va être de ma faute… »

Isabelle :

« Maman : il ne s’agit pas de… »

Alice lui coupe la parole, s’adressant à René :

« Ta faute ? Oui !!!

Mais la mienne aussi…

Un couple est sensé vivre heureux et en harmonie, non ? »

René :

« Et alors, où est le problème ? »

Isabelle :

« Papa, Maman, Je voudrais quand-même préciser que… »

Alice, lui recoupant la parole :

« Attends, ma fille…

(Puis, à René)

Tu n’as jamais réussi à comprendre qu’une Maman et une épouse,

c’était pas la même chose !!!

Ta vie, c’est un deuil perpétuel depuis la perte de ta Mère, mais que devrais-je dire, moi, qui n’ai jamais connu mes parents ?!?

Comment veux que la petite ait envie de fonder une famille « conventionnelle », quand  tu n’arrêtes pas de faire une gueule d’enterrement du soir au matin, et ce, depuis 1925, dès le premier jour de notre mariage ?!?

Les autres familles, elles, ne célèbrent la Toussaint qu’une fois par an, nous : c’est 365 jours, et je te fais grâce des années bissextiles !!!

Pour l’épanouissement de notre fille, on pouvait rêver mieux… »

René, outré et surtout complètement dépassé amorça une sortie, se dirigeant vers la porte, mais Isabelle se mit en travers.

En croisant son regard, il eut le sentiment que ce n’était plus celui de sa fille mais les yeux du diable en personne, ce qui le paralysa un moment…

Isabelle :

« Tu ne t’enfuiras pas une fois de plus, comme tu l’as fait si souvent à la moindre contradiction…

Il s’agit de mon avenir, j’ai des choses très importantes à dire : personne ne sortira et je ne veux plus être interrompue !!! »

Tante Geneviève avait pris son frère René par les épaules et l’avait guidé vers son fauteuil en cuir. Il était plus groggy que le jour où il avait reçu le crochet au foie dans cette bagarre mémorable qui l’avait opposée au « boxeur »…

Pour lui, tout venait de foutre le camp,

à part cette main qui prit tendrement la sienne.

C’était celle d’Alice, son épouse venue s’assoir à côté de lui, dont il n’imaginait pas qu’elle put un jour faire preuve de tant de caractère !

Il prit conscience en cet instant que dans un couple, rien n’était acquis définitivement, et qu’une fille, ça devient inévitablement une femme !!!

C’était elle qui allait imposer ses conditions et planter les jalons de son avenir…

 

A suivre…

( 3 juillet, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (27ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 25 :

Nineties :

L’amour plus fort que tout ?… (5/12)

Les désillusions de « Peter le Magnifique »…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Peter était un des héros du 6 juin 1944. On l’avait proposé comme correspondant à Isabelle, initiative qui visait à sceller l’amitié Franco-Américaine, après l’armistice en 1945.

Beaucoup de jeunes Françaises eurent ainsi l’occasion d’échanger des courriers avec ces soldats bienfaiteurs, venus d’outre-Atlantique…

Peter avait son avenir tout tracé en tant qu’avocat dans le cabinet familial, mais il était rebelle et très rêveur. Il n’était pas « major de sa promotion » à l’université, au grand désespoir de son père :

 dans Saga familiale

un homme aussi intraitable qu’ambitieux !

Il essaya de soustraire sa progéniture à l’incorporation, ce qui n’eut pas le don de plaire aux autorités.

C’est ainsi que Peter se retrouva en première ligne à « Omaha Beach »…

Lui, romantique belliqueux, se croyait invincible, tel son héros de référence

 

Robin des Bois !

Il pensait que les balles allemandes ne pouvaient occire le juste…

« Omaha Beach » le fit redescendre assez brutalement de son nuage,

il rejoignit le monde cruel des adultes

ce 6 juin 44 où il faillit bien mourir noyé !

Il ne savait pas comment il avait réussi à atteindre la plage, car il avait sauté de la barge, comme beaucoup d’autres camarades d’infortune qui essayaient désespérément de fuir le tir nourri des mitrailleuses allemandes.

Entraînés par un matériel trop lourd vers le fond, pas mal de marines se noyèrent.

D’autres, comme Peter, avaient dû faire l’abandon de leurs armes pour ne pas connaître le même sort.

Il avait nagé entre les corps de ses camarades qui s’entrechoquaient au sein des vagues déchaînées, rouges de leur sang, et les balles qui sifflaient, essayaient de happer tout ce qui était encore vivant…

En décembre 1945, Peter se confia à Isabelle dans une de ses lettres :

« Il est manifeste que Dieu semblait être du côté de cette armée définie comme invincible…

Pour preuve : ils avaient réduit dans cette vieille Europe tous ceux qui refusaient leur autorité en esclavage, colonies comprises !!!

Suprême humiliation, ils nous tiraient comme de vulgaires lapins, nous : représentants d’une nation que nous voulions la première du monde, si l’on s’en référait à notre culture aussi bien littéraire que cinématographique, si chères à mon coeur.

Je m’aperçu, bien avant d’aborder la côte, que tout le scénario de ce film macabre vécu en temps réel, ne nous avait pas été livré intégralement !

Je parvins cependant à atteindre la plage, miraculeusement épargné par les balles qui ne cessaient de me frôler, ma dague entre les dents…

« C’est avec ce « canif » que tu comptes me dégommer ces enculés ?!? »

Ce timbre de voix et ce langage très vert, je les avais reconnus : ils étaient l’oeuvre du sergent chef Harding, le seul dont la disparition n’aurait pas été le drame de mon existence.

J’avais eu le tort d’être « bien-né », contrairement à lui qui se complaisait à m’humilier pendant l’instruction.

Le chef me montra les cadavres de nos camarades qui jonchaient déjà la plage et dit :

« Ils sont armés mais ça ne leur sert plus à grand chose : va faire « tes courses », reprends le combat et allons botter le cul de ces enfoirés de frisés…

Exécution !!! »

C’était demandé si gentiment…

Pour me donner du courage, je chantais une bonne chanson de chez-nous :

« Yankee Doodle » !

http://www.youtube.com/watch?v=AwHvyqNDUvE&feature=related

Et nous avons grimpé cette falaise, mais au prix de la vie de combien des nôtres ?…

Contrairement à mon père qui s’était fait porté pâle en 1917, je devins un héros.

Il y eu la bataille des Ardennes, l’invasion de l’Allemagne et la libération des camps de concentration…

L’horreur : une vision inimaginable !!!

Nous étions beaucoup, parmi les soldats, à admirer Hitler sans en partager la doctrine.

Cet homme, petit caporal de la guerre 14, avait fait de son pays ruiné la plus grande puissance militaire mondiale, et il en était le chef…

Mais en voyant les corps entassés et les survivants réduits pratiquement à l’état de squelettes aux regards vidés de tout espoir, de toute âme, nous fûmes tous vaccinés !!!

Le führer se suicida et ses inconditionnels interprétèrent ce geste comme « grandiose »…

Nous sommes plusieurs, qui étions sur le terrain, à dire qu’il avait pris conscience qu’il était redevenu une sombre merde, et qu’il était mort comme un lâche n’assumant pas ce qu’il avait fait !

Le grand orateur était à court d’argument, mais les débats ne faisaient que commencer…

Pour ma part, je ne pardonnerai jamais à ce sombre personnage ce qu’il m’a obligé à faire au fond de la Manche et que ma conscience me rappelle chaque nuit !!! »

Peter et Isabelle entretenaient une correspondance régulière, chacun confiant ses doutes et ses espoirs dans une vie quotidienne qui reprenait son cours, essayant d’effacer les traumatismes de la guerre…

Et pourtant, c’est en décembre 1947 que « Peter le magnifique » brisa le coeur d’Isabelle, elle qui n’avait déjà pas besoin de ça !!!

 

A suivre…

( 24 juin, 2011 )

Edith Lefel, l’ange créole fait femme…

Edith Lefel, l'ange créole fait femme... dans Chronique du temps qui passe...

Edith Lefel (1963-2003)

Il a fallu que je fasse un lien à l’occasion de mon mariage pour apprendre que « la Sirène » ne chante plus depuis le 20 janvier 2003, victime d’une crise cardiaque, alors qu’elle n’avait pas quarante ans…

Voici son parcours :

http://edith-lefel.skyrock.com/

http://www.youtube.com/watch?v=K-QiH2j4E4o

Elle portait le même prénom que son idole : la Môme Piaf, dont elle interprète une de ces plus célèbres chansons :

http://www.youtube.com/watch?v=UyNdTnNRIe0&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

C’est le privilège d’un Ange de pouvoir continuer à chanter, puisqu’immortel…

( 23 juin, 2011 )

Quand je pense que je ne voulais plus entendre parler de mariage… (2/2)

Quand je pense que je ne voulais plus entendre parler de mariage... (2/2) dans Chronique du temps qui passe...

Soudain, j’entendis la musique sur laquelle je devais faire mon entrée…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Celle de mon Maître, naturellement !

http://www.youtube.com/watch?v=3Mn1ibFdXDU&playnext=1&list=PLB079759019A15300

Je savais que quelques amis viendraient; avec la famille de Gigi j’avais estimé qu’il n’y aurait pas plus d’une cinquantaine de personnes, chiffre communiqué au presbytère…

« Et ta famille ? », m’avait demandé le prêtre.

« Elle est loin, dans les deux sens du terme ! », lui avais-je répondu avant de conclure par :

 dans Ha ! On est bien...

« Je vous expliquerai un jour… »

Quelle surprise en entrant, de constater que les amis et proches étaient

Trois fois plus !!!

Notre brave curé en était tout émoustillé.

Notre marié entra en scène : je ne crois pas mentir en disant qu’elle vivait le rêve de sa vie, en marchant le long de l’allée centrale, escortée de quatre petits enfants, au bras de son frère qui avait revêtu son plus beau costume…

Dire que c’était moi qui lui inspirait cette joie qui faisait rayonner son visage !!!

Dire que c’est elle qui inspirait cette joie qui ne me quittait plus, et que j’étais heureux pour elle comme elle était heureuse pour moi !!!

Ha ! C’était donc ça, « l’amour » ?!?

http://www.youtube.com/watch?v=abrpRM40pCE&feature=related

Même si, dans mon passé, j’avais assisté à plus d’enterrements que de mariages, j’avais toujours trouvé les cérémonies trop longues.

Aussi, avais-je choisi des textes et chants relativement courts, ayant pitié des anticléricaux qui avaient fait l’effort de passer le seuil de la Maison du Seigneur, par amitié pour nous !

http://www.youtube.com/watch?v=jAloxhilZ1s

Était-ce par que j’étais directement impliqué, que le reste de ma vie se jouait-là, mais le temps me parut court… Comme s’il n’existait plus !

La chorale était assuré par Michel, un cousin de Gigi venu de la Réunion comme tous, fervent catholique pratiquant…

Notre brave curé aurait bien voulu l’embaucher pour les messes dominicales, mais quand on habite à plus de 9000 kilomètres de là, c’est un peu compliqué :P !

Il fut tellement satisfait de tout qu’il en oublia d’en faire la quête…

Juste après l’échange des consentements, un rayon de soleil traversa l’un des vitraux et vint illuminer le bouquet de fleur déposé sur l’autel : nous passions les alliances…

On aurait dit le doigt d’un ange, comme le fit remarquer notre curé !!!

Gigi vit là un premier signe « porte-bonheur », alors que nous sortions de l’église accompagné de cette chanson de Yannick Noah, choisi par par celle qui était devenue officiellement mon épouse, fan inconditionnelle de ce personnage sympathique…

http://www.youtube.com/watch?v=Y09uQbiLUkc&feature=related

A la porte de l’église, nous fûmes submergé par le riz, mélangés aux coeurs en papier rouge…

Deuxième signe que Gigi interpréta comme un signe divin, une mini tornade prit naissance au pied de la porte de l’église et fit s’envoler tous les coeurs en papier vers le ciel.

« C’est ta Maman qui nous a fait ce deuxième signe, pour dire qu’elle est avec nous ! »

Ainsi parlait Gigi, à l’image de la tradition de ses ancêtres dont la racine est africaine, donc très attachée aux disparus qui font partie intégrante du quotidien.

J’avais beau être cartésien, je pensais que Maman (décédée 21 ans plus tôt) était là, avec moi, comme au premier jour…

La fête qui suivit fut très réussie, à l’image de ce que j’espère être le reste de ma vie, dont la page est loin d’être terminée !!!

Et comme l’a chanté l’ami Michel :

http://www.youtube.com/watch?v=nI8u3-z0VaY

A plus, les amis…

( 22 juin, 2011 )

Quand je pense que je ne voulais plus entendre parler de mariage… (1/2)

Quand je pense que je ne voulais plus entendre parler de mariage... (1/2) dans Chronique du temps qui passe...

Il faut dire que mon expérience en ce domaine m’avait laissé de très mauvais souvenirs, divorce oblige !!!

(Cette période figurera dans de prochains épisodes qui feront suite aux « nineties »… Un peu de patience ;) )

Mais là, nous étions bien le 18 juin 2011, et cette journée allait marquer à jamais le plus bel évènement de deux vies qui se croisèrent dix ans plus tôt : celles de Jiji (moi) et Gigi (elle)…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=QKSEDiC5q3s

Il y eu d’abord la Mairie…

Lorsque la Conseillère Municipale lui posa la question :

« Voulez-vous prendre [elle dit mon nom] comme époux ? »

Avec cette spontanéité qui la carractérise, submergée par l’émotion, ne sortit de ses cordes vocales qu’un tout petit son disant :

 dans Ha ! On est bien...

« Ho oui… »

La représentante du Maire, sourire au lèvres et l’oeil malicieux fit répéter ce « oui » de façon à ce que tout le monde entende.

Puis ce fut mon tour : mon « oui » franc et massif provoqua l’hilarité générale…

Juste avant nous, était passé un couple originaire du Maroc, venu avec des musiciens. Leur animation fut aussi la nôtre, par le fait.

Et c’était beau !!!

http://www.youtube.com/watch?v=uIwh3Ptzqlo

Il n’était pas encore midi mais du point de vue administratif, « l’affaire était bouclée ».

 

La Conseillère Municipale avait en charge les ressources humaines et semblait prendre à coeur son rôle. Elle nous fit la bise avant notre départ, ce qui me surprit agréablement. Elle nous félicita Gigi et moi-même de travailler dans notre service de gériatrie…

Mais la journée ne faisait que commencer,

et « Dieu le Père » n’avait pas oublié qu’on avait rendez-vous avec lui à 15 heures, en sa demeure…

Je n’avais qu’une phrase à connaître par coeur et elle s’était déjà perdu dans les méandres de ma mémoire !

Nous avions organisé un buffet avec la branche réunionnaise, celle de la famille de Gigi, avec musiques à l’appui, où même dans les chansons,

on a le sens de la famille…

http://www.youtube.com/watch?v=zl5fUHJYFwI&feature=related

Pour rendre hommage aux ancètres martiniquais, dont le sang coule à 50% dans mes veines, je me devais de faire écouter une bonne musique de « pays à moi » : logique !!!

Le groupe Malavoi ! :P

http://www.youtube.com/watch?v=uw3WZTyVgj4

Ca plaisantait plus, les gars : Jean-Michel, mon témoin et ami m’avait emmené à la porte de l’église dans sa superbe Jaguar qu’il avait décorée pour l’occasion avec sa femme.

Il y avait un vent à décorner les boeufs ! 

Il y avait foule, les flashs des appareils photos et caméras crépitaient.

Dans leur ligne de mire,  je vis enfin « ma belle » dans sa robe de mariée, dont les voiles formaient un ballet surnaturel…

Suite et fin demain…

( 14 juin, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (26ème partie…)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 24 :

Nineties :

L’amour, plus fort que tout ?… (4/12)

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

« Une confidente bien utile…« 

Isabelle avait garé son vélo le long du trottoir de la boulangerie, en calant la pédale pour qu’il reste debout.

C’était bien la première fois depuis le 6 juin 44 qu’elle avait décidé d’en franchir le seuil, après le drame qui s’y était déroulé.

Mais revenons quatre ans en arrière, en 1940…

René, nouvellement installé à la villa Isabelle, avait été sollicité en sa qualité d’électricien pour effectuer des travaux à la boulangerie, chaudement recommandé par son nouveau voisin et ami Gaston Gerbesah.

Cela ne pouvait pas mieux tomber, car les économies fondaient fondaient comme « neige au soleil », en cette période où les rectrictions ne faisaient que commencer.

Prosper, le patron, avait la bonhomie de l’homme de cinquante ans qui avait réussi sa vie.

 dans Saga familiale

Il avait perdu sa première épouse ainsi que l’enfant qu’elle tenta de mettre au monde, en cette sombre année 1926. La vie n’ayant plus de sens pour lui, il eut pour la première fois la tentation d’y mettre fin. Mais ce n’était pas si évident : il fallait en avoir le courage… Ou bien l’inconscience ?

Allez savoir !

Notre ami Gaston, lui, ne se posait pas ce genre de question, et depuis la Grande Guerre où il avait été mariculeusement sauvé, il avait secoué son copain pour lui dire que cette putain de vie valait quand même le coup d’être vécue, malgré les coup de pied au derche qu’elle se plaît à vous donner, c’te garce !!!

Prosper avait échappé à la mobilisation de 1914 (il avait 24 ans) car il avait été victime d’un accident de la voie pubique quelques mois auparavant. Il fut dit que c’est sa solide constitution qui le sauva. Il pesait le quintal et atteignait facilement le mètre quatre vingt dix. Aussi fort qu’un taureau, personne n’avait songé à le contrarier au café, où il s’octroyait des récréations bien méritées !

Mais il n’usait pas de son physique à des fin belliqueuses, car il était le plus brave des hommes…

A la caisse du bistrot, une jeune femme nommée Mariette,  venue de la ville, enfin : d’une autre ville, se faisait de plus en plus tendre avec notre ami Prosper. Elle avait quinze ans de moins que lui, mais cette union fut encouragée par une bonne partie de la population qui ne voulait pas voir partir celui qui faisait du si bon pain !

De ce fait, elle planta ses jalons et devint la caissière, puis l’épouse de Prosper, qui retrouva une raison de vivre.

Gaston, son témoin, était heureux pour lui.

Hélas…

Prosper comprit qu’il s’était fait berner, car ce n’était pas le coeur qui guidait sa belle, mais un organe situé un peu plus bas !

Lors de son veuvage, il avait bien fallu engager un mitron, car Prosper ne pouvait assurer le travail tout seul. Il en était d’ailleurs fort satisfait, malgré que le jeune homme soit d’une timidité maladive, donc souvent très maladroit.

Mariette trouva le moyen de le guérir de ses démons, elle qui les avait au corps !!!

Un service rendu pour un autre ?

Mais pour le couple, quelque-chose d’irréversible portant le nom de « sévices » !!!

C’est en poussant la porte de cette boulangerie que René et sa fille firent intrusion dans l’univers impitoyable

de Mariette, femme vénale et adultère,

mais qui avait la beauté du diable !

Incorrigible, elle avait essayé ses charmes sur René qui n’y était pas insensible, mais préférait amplement l’amitié de Prosper aux appétits lubriques de cette créature !

Et puis, Alice veillait au grain, car son mari avait beau être correct, il n’était qu’un homme, après tout… Et les hommes parfois sont si faibles !!!

Quatre années passèrent jusqu’à ce 6 juin 1944, et trois autres encore jusqu’à ce qu’Isabelle se retrouve aujourd’hui au beau milieu de ses souvenirs…

Elle eut un petit pincement au coeur en entrant dans cette boulangerie qu’elle connaissait depuis ses treize ans.

Lorsqu’elle revenait du pensionnat, elle aimait bien aller chercher le pain pour raconter à Prosper ce qu’elle avait vécu dans la semaine.

Il lui donnait chaque fois un bonbon ou une confiserie.

Il y avait une grande complicité entre les deux.

Si son enfant n’était pas mort à la naissance, « il » ou « elle » aurait le même âge qu’Isabelle.

Mariette, beaucoup plus motivée par ses toilettes et le contenu du tiroir-caisse que par les relations humaines, était agacée par cette relation.

Au fil du temps, elle voyait cette petite fille innocente dont le corps se transformait, comme le veut la nature, avant que l’adolescente ne devienne femme.

Elle en devint même jalouse !

Les oeillades coquines de Mariette échangés avec le mitron faisaient de la peine à Isabelle, qui avait oublié d’être aveugle. Elle préférait ne pas imaginer ce qui se passait dans l’arrière boutique.

Pauvre Prosper : il ne méritait vraiment pas ça !

La femme joua les veuves éplorées juste le temps de donner le change au public, lorsque Prosper fut tué dans les premiers bombardement du 6 juin 44.

Que faisait-il dans la rue à ce moment-là, au lieu de rejoindre les abris ?

Pour Isabelle, il n’y avait aucun doute : pas d’enfants, pas de vie amoureuse ni de tendresse, juste le droit de travailler du soir au matin… C’était bien un suicide qui ne portait pas son nom !

Il n’y a que dans les romans que les choses se terminent bien, et Pagnol n’avait hélas pas écrit le script de la vie du pauvre Prosper, même s’il était boulanger…

Isabelle n’entendrait plus le disque qu’il lui passait, tout simplement parque les paroles évoquait Paris, ville de naissance de celle qu’il appelait affectueusement « sa petite fille ».

http://www.youtube.com/watch?v=7SfkrvNVqMc

Ainsi, « Madame » put coucher avec son amant, qui avait dès lors chaussé les pantoufles de son patron et réchauffé son lit, en toute impunité, sans honte !!!

René et Alice furent surpris du refus de leur fille d’aller chercher le pain à partir de cette date…

Trois ans plus tard, la patronne était toujours derrière sa caisse, l’ex mitron commençait à avoir la bedaine et l’oeillade coquine était destinée à un nouvel employé.

Fit-elle semblant de ne pas reconnaître Isabelle en lui tendant la miche de pain ?

Peu lui importait…

En reprenant son vélo, elle eu un sourire narquois en pensant à l’arrière boutique :

si les murs pouvaient parler !!!

Il fallait traverser la grand-route, passage dangereux, pour rejoindre la villa familiale.

Le facteur s’apprétait à mettre le courrier dans la boîte, mais le remit directement à Isabelle qui le remercia.

Elle ouvrit sur place une lettre venue des États-Unis, la lut, puis la referma, très contrariée…

Alors qu’elle rangeait son vélo en fronçant les sourcils, elle reconnut la voix de Tante Geneviève :

« Comme tu as de la chance : le temps passe et tu embellis de jours en jours !

viens m’embrasser… »

Isabelle s’éxécuta, regarda alentour puis dit :

« Papa et Maman sont absents ? »

Geneviève :

« Ils sont juste à côté, chez Gaston.

« Je crois qu’ils mettent au point les préparatifs pour loger ce jeune homme que tu dois leur présenter… »

Isabelle :

« Ha, tu es déjà au courant ? »

Geneviève :

« René et Alice se font une joie de ces fiançailles ! »

Puis, voyant Isabelle soudain embarrassée :

« Quelque-chose ne va pas, mon enfant ?… »

Isabelle ne put retenir ses larmes, Geneviève la pris dans ses bras :

« Allons dans ma chambre et confie-moi les secrets qui te rongent… »

Isabelle, se sentant libérée et en confiance, se livra à une confession complète et détaillée, assise à côté de Geneviève qui lui tenait la main; en ces instants où le coeur s’exprimait avec toute la sincérité du monde, ce n’était plus Tante Geneviève qui l’écoutait et partageait avec elle, mais soeur  »Soeur Marie Geneviève des Anges »…

Elle parla de Barnabée, bien sûr, et sans rien cacher, mais aussi de cette lettre qui l’avait terriblement déçue !

 

A la fin de l’entretien, Geneviève se recueillit, Isabelle en fit autant.

Par l’intensité de ce silence, il y eut « communion entre les deux femmes dont l’une était  »le confesseur » et l’autre  »le confessé »…

http://www.youtube.com/watch?v=4XwieZNtJzM

Puis, rompant enfin le silence, Geneviève dit :

« Dieu, créateur de toute chose, ne reconnaît qu’une couleur : celle de l’amour !

Il ne peut que bénir cette union, même si vous avez précipité certaines choses avant le mariage… »

Isabelle :

« Dieu, je n’en n’ai jamais douté, mais tu connais Papa !

Quand il va savoir que Barnabé est noir, il risque de nous faire une crise d’apoplexie sur place !!!

Et quand il va connaître les propos de cette lettre, tenus par Peter : j’ai bien peur que cela ne l’achève, lui qui gardait espoir de me voir un jour fiancé avec lui… »

Mais qui était-donc ce « Peter », bel homme américain ressemblant à Errol Flynn, avec lequel Isabelle entretenait une correspondance, et dont elle avait la photo ?

 

A suivre…

( 10 juin, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (25ème partie)

« Les anges maudits, les comptables et le père prodigue…« 

chapitre 23 :

Nineties :

L’amour plus fort que tout ?… (3/12) :

« Quel qu’en soit le prix, on ne badine pas avec l’honneur !!!« 

La traction passait non loin de la gendarmerie, ce qui fit sourire Gaston Gerbesah et Barnabé, ce dernier croyant bon de chanter sur l’air d’une chanson célèbre de 1895 :

« Ne dites jamais « mort aux vaches » :

Soyez bons pour les animaux… »

Gaston Gerbesah, rigolant :

« Mais je connais c’t'air-là : ma pauv’Mère me chantait ça quand j’étais p’tiot !

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Ce s’rait’y pas « La Pimpolaise », des fois ?!? »

http://www.youtube.com/watch?v=nLCPQoYaus4

Barnabé :

« Oui, mais je me suis permis d’en changer les paroles… »

Gaston :

« Ben, j’avais cru remarquer, oui ! »

Puis il regarde dans le rétro et s’adresse à Isabelle, très soucieuse :

« Et toi, la p’tiote : te fais donc pas de mouron…

Je l’connais bien ton paternel : y va finir par s’y faire, laisse-lui un un peu d’temps, quoi ! »

Barnabé, ironique :

« Je pense qu’en ce Noël de l’an de grâce 1947, on va connaître

 dans Saga familiale

de grands moments de convivialité…

http://www.youtube.com/watch?v=E776XisGHlk&feature=related

En plus, tes parents ont invité ta tante bonne-soeur : ça ne pouvait pas me faire plus plaisir !!! »

Isabelle haussa les épaules.

Elle venait de raconter à Barnabé la « grande scène du trois » qu’elle avait subie la veille avec René, son Père, et Alice, la douce Maman si compréhensive habituellement.

Mais si l’on veut comprendre l’histoire, revenons plus de vingt-quatre heures en arrière, à la « Villa Isabelle »…

Isabelle s’était levée tôt ce matin-là et avait terminé sa toilette.

Dans la cuisine, alors que personne n’était réveillé, elle avait fait chauffer de l’eau pour tout le monde dans le gros « pot-à-bouillon » réservé à cet effet, avait rempli son vieux broc en faïence, puis transvasé dans la bassine assortie de la même matière juste ce qui lui était nécessaire…

La bassine et le broc, datant de la fin du XIXème, lui avait été donnés par mon Grand-Père, seul souvenir de la Maman tant chérie de ce dernier, décédée en 1908, et dont la photo figurait au dessus de la cheminée.

« Charles le catholique », son propre père voulait se débarrasser de ce qu’il appelait des « vieilleries » ayant appartenues à Ludivine et qui lui venait de cette « belle-famille suisse », qu’il tenait pour seule responsable de la mésentente du couple et de la mort dramatique de son épouse…

Voyant que René ne se remettait pas du décès de sa Maman, et peut-être pour se faire pardonner un peu de se servir de son fils qu’il avait envoyé chez les jésuites pour se venger de la branche protestante suisse, il avait gardé ce broc et cette bassine qu’il avait laissé à son enfant, qui traitait l’ensemble telle une « Sainte Relique ».

[Revoir "Les Nineties : puisqu'il fallait bien continuer..." (3ème et 4ème parties)]

Il y avait deux points communs entre Staline et mon Grand-Père : ils devinrent anticléricaux car on tenta de leur imposer une éducation religieuse stricte, et ils furent traumatisés par le comportement assez irresponsable de leur pères respectifs.

Heureusement pour la famille (et pour la France, n’ayons pas peur des mots !), la comparaison s’arrêtait là !!!

Isabelle découpait des tranches de la miche de pain achetée la veille qu’elle s’apprêtait à faire griller. Elle venait de sortir la motte de beurre presque congelé du garde manger.

Cela ne faisait que quelques mois qu’elle avait quitté la maison familiale, mais il lui semblait que son absence avait duré plusieurs années.

Ainsi, elle avait parcouru les rues de Tigreville sur sa bicyclette.

http://www.youtube.com/watch?v=eoHjQs6C4UY

Aujourd’hui, l’air était glacé : le col de son manteau était relevé et l’écharpe qui la couvrait jusqu’au menton n’était pas du luxe !

Malgré le froid et l’hiver rigoureux, elle retrouvait des sensations « d’avant », celle où elle était encore la « jeune fille » qui se promenait quelques mois plus tôt dans cette belle campagne normande, humant la nature aux mille parfums qui se terminait le long des dunes, derniers remparts avant la mer, dont elles définissaient la frontière.

Le vent du large fouettait les visages, donnant un peu de fraîcheur à cet été caniculaire de 1947. Cependant, quelque-chose clochait : il faisait plus chaud dans le Calvados que dans les Antilles !!! Qu’était-il arrivé à Dieu pour créer une telle hérésie ?!?

Toujours fidèle à lui-même, le Père Gerbesah, voisin et ami, avait cru bon d’y aller de son commentaire avisé :

« Ben mes aïeux, faudra qu’on m’expliqu’ pourquoi qu’ c’est toujours les années d’pépies que l’pinard est si bon… Pouvez m’croire, c’année, y va batt’ des r’cords : « le p’tit Jésus va descendre en culotte de v’lours » dans nos boyaux !!! »

Sacré Gaston ! Isabelle adorait sa façon de s’exprimer si naturelle et ne supportait pas qu’au sein de sa famille, un des membres du  »clan catholique de la Mayenne », issu des ancêtres de Charles, dénigre cet homme si gentil et serviable.

Le Frère de Charles n’ayant pas eu d’enfants, Maman n’avait qu’une seule Tante : la demi-soeur « Geneviève », fruit des amours secrètes du papa de René, née dix ans après lui : la bonne soeur évoquée par Barnabé…

[ Revoir : Nineties : puisqu'il fallait bien continuer... (8ème et 9ème partie)]

http://www.youtube.com/watch?v=7eRSwsomVeE

Hortense, une des cousines éloignées de passage que Maman n’aimait guère, se moquait une fois de plus de Gaston.

Pour Isabelle (Maman), ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, elle lui rétorqua :

« Si Gaston a le langage « rustique », comme tu te plais à le dire avec cette suffisance qui te caractérise, c’est qu’il est « authentique », lui !!! Ce n’est pas un hasard si les deux mots ont la rime similaire… Il y a plus de poésie dans son franc-parler que dans la prose ou les écrits de ceux ou celles qui se prennent pour le nombril du monde !!! »

René, essayant de rester sérieux :

Il pense :

(Qu’est-ce qu’elle lui a mis à cette garce, hi-hi !)

Il dit :

« Enfin, ma fille : tu déraisonnes… »

puis, faussement sévère, il ajoute :

« Je ne te permets pas de parler à ta cousine sur ce ton ! »

Isabelle :

« Hortense, c’est ta cousine, pas la mienne !!! »

Isabelle, si douce à son habitude, sortit de la maison hors d’elle en claquant le porte.

Hortense :

« Hum ! C’est agréable… »

Alice, stupéfaite :

« Je suis désolée, Hortense, je ne sais pas ce qu’elle a aujourd’hui ! »

René, assez ironique :

Il pense, parlant de Hortence :

(Elle commence à me les gonfler, celle-là !!!)

http://www.youtube.com/watch?v=CVaUBBH3KZ0 

Il dit :

« Elle a qu’elle grandit, qu’elle s’éveille cette enfant !

A partir d’un certain âge, on devient plus lucide… »

Je ne pense pas qu’on revit cette cher Hortense de sitôt, ni même les autres membres de cette famille exécrable.

Au fil du temps, René devenait de plus en plus bougon et renfermé à la maison, particulièrement depuis « l’épisode des lettres anonymes », qui l’avait rendu méfiant concernant le genre humain.

C’est dehors qu’il trouvait un peu de joie, à l’écart des discutions familiales, sans intérêt à son goût.

S’il n’avait pas eu l’amitié et la complicité de Gaston, il serait un misanthrope pur et dur…

Pendant la guerre, un homme avait manqué de respect à Isabelle, l’alcool aidant. Encore adolescente, elle l’avait répété à son Père qui interpella le gus, souvent aviné du soir au matin. S’en était suivi une dispute puis les choses s’étaient vite envenimées.

René n’était pas bagarreur mais il avait une poigne de fer. Ainsi, il avait soulevé du sol son adversaire, le maintenant au niveau de la gorge. Ce que mon Grand-Père ignorait, c’est que l’autre avait pratiqué la boxe. Il fut donc surpris par un crochet au foie qui lui coupa le souffle et le fit tomber à ses pieds.

Un bruit métallique se fit entendre, René observa les pieds du « boxeur » vaciller avant qu’ils ne soient rejoints par les genoux, puis le reste du corps, comme aimantés vers l’asphalte, qui termina la course de l’ensemble…

Essayant de réguler son souffle, notre pauvre René ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, jusqu’à ce qu’il aperçoive notre brave Gaston, une énorme pelle de chantier à la main. Il dit en lui tendant sa main libre :

« Viens t’en, mon René : tu vas choper la crève dans c’fossé ! »

Puis il ajouta en riant :

« On connaît l’appel du Général, on se souviendra de la pelle de Gaston !!! »

René, se tenant le ventre :

« Pfff… Quel couillon !!

T’aurais pu me dire qu’il était boxeur, c’con-là !!! »

Gaston :

« T’es parti tellement vite que même à vélo, j’aurais pas pu te rattraper pour te présenter son pédigré ! »

René :

« Il n’est pas de la première jeunesse mais il cogne dur, la vache… Tu l’as pas tué au moins ? Sinon, je ne te dis pas dans quelle merde on est !!! »

Gaston :

« Pas de première jeunesse ?!? Ha t’es sympa : on est d’ la classe lui et moi !!!

Ha ben tiens : elle s’ réveille « ta belle au bois dormant » !

Tu vois bien que j’l'ai pas tué, c’te sac à vin… »

Plusieurs voisins du quartier firent leur apparition pour aider René.

Lorsque le bonhomme vis la foule, il pris la fuite complètement apeuré en zig-zagant.

René, à la foule :

« Laissez-le partir, en fait, c’est un pauvre type bien plus à plaindre qu’autrechose… »

On ne revit plus cet individu à Tigreville et je ne sus jamais ce qu’il avait dit à Maman.

Mais son regard brillait, avec une petite larme au coin de l’oeil, chaque fois qu’elle me racontait cette anecdote que j’ai entendue une bonne centaine de fois, jusqu’à la fin de sa vie. Elle concluait ainsi :

« Te rends-tu compte qu’il s’était battu pour moi pour sauver mon honneur ?!?… »

 

A suivre…

( 4 juin, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (24ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 22 :

Nineties :

L’amour : plus fort que tout ?… (2/12)

A l’intérieur de sa « traction arrière Citroën », notre quinquagénaire s’adressait à nos deux amoureux qui n’arrêtaient pas de se confondre en excuses :

« Bon ben, ça va la marmaille ! J’ai été jeune, moi aussi… Même si mon parcours n’est pas l’exemple rêvé, car pour mes vingt ans : j’aurais préféré qu’on me propose de conquérir une autre fiancé que…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

…La « Grosse Bertha »;

tu parles d’une nuit de noce !!! »

L’homme s’appelait Gaston Gerbesah, plombier de son état et surtout ami de la famille.

Il avait vu arriver Réné, Alice et la petite Isabelle début 1940

 dans Saga familiale

quelques mois avant la débâcle,

ce qui explique pourquoi toute la petite famille avait fait le trajet inverse des autres, c’est à dire vers le nord,

très loin de la Zone libre !

Mais tout le monde, mon Grand-Père en tête, n’avait pas le don de lire dans l’avenir…

René « l’électricien » et Gaston « le plombier » avaient vite sympathisé. Ils étaient tous deux « manoeuvres » dans deux disciplines différentes, ce qui les rendaient complémentaires et soudait une amitié « confraternelle ».

Comme tous les civils de France, les deux furent étonnés qu’une armée puisse reculer aussi vite, face à un ennemi à qui nous avions quand même repris l’Alsace et la Lorraine vingt-deux ans plus tôt, non sans un certain orgueil; celui-là même sur lequel la Nation avait planté des lauriers où elle s’était endormie !

Nos uniformes n’avaient pas changés, tandis que l’ennemi défait de « 18″ avait refait sa garde-robe et motivé ses troupes terriblement réarmées,

au sein d’un nationalisme exacerbé

qui nous atomisa, faisant encore débats bien des années plus tard, entre deux réconciliations…

http://www.dailymotion.com/video/x8mb50_brassens-les-deux-oncles_music

Que ce soit avant ou après la libération, les deux ne manquèrent jamais de travail, ce qui indisposa quelques personnes anonymes, qui envoyèrent quelques lettres du même nom aux nouvelles autorités de la « France Libre ».

Les deux furent convoqués à la gendarmerie.

Afin d’éviter les exécutions sommaires locales, le Général De Gaulle avait mandaté des représentants faisant autorité au sein du gouvernement de la France Libre.

Ceux-ci devaient gérer les dossiers déterminant qui avait collaboré avec les Allemands, pour être traduits en justice si besoin.

Le commissaire Beaufort était venu de Paris et avait dû installer son Q.G. dans la gendarmerie, car Tigreville ne possédait pas de commissariat et la Mairie était en ruine.

Commissaire Beaufort :

« Si je vous ai convoqué, Messieurs, c’est que plusieurs courriers vous accusent tous deux d’avoir collaboré avec l’ennemi pendant l’occupation, en réalisant des chantiers pour lesquels vous auriez été confortablement rétribués… »

Gaston Gerbasah :

« Vous pouvez causer français, si c’était un effet d’vot’ bonté, M’sieur l’commissaire ? »

Puis se retournant vers René

« Tu comprends c’qui dit l’parigot, toi mon René ? »

René :

« Hélas oui ! »

Beaufort :

« Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? »

René :

« Rien, si ce n’est que nous n’avions d’autres choix que d’accepter les chantiers que la kommandantur nous proposaient, sous peine de représailles ! »

Gaston :

« Faut vous dire qu’avec nos bourgeoises et la marmaille,

jouer les cow-boys :

on s’en ressentait ni l’un ni l’autre !!! »

René :

« D’autant que j’ai été réformé pendant mon service militaire chez les chasseurs alpins, parceque j’avais le souffle court (en fait il était asthmatique, ce qu’on ne découvrira que bien plus tard) et que lors de la séance de tir : j’ai tout mis dans le plafond, au grand désespoir de l’instructeur !

Sûr, j’aurais fait une belle recrue dans le maquis !!! »

Beaufort, fronçant les sourcils :

« Dites, vous deux : vous ne seriez pas en train de vous foutre de moi ?!?

Parce-que, si vous voulez jouer au con… »

Gaston :

« Ben non, à ce jeu-là, vous savez bien qu’on fait pas le poids ! »

René :

« Et puis, c’est pas le genre de la maison : on n’oserait surtout pas mettre en doute les capacités intellectuelles d’un commissaire qui accuse des honnêtes citoyens sur des « on-dit », dont on ne connaît pas les auteurs… Ces mêmes qui ont probablement attrapé « la crampe de l’écrivain » entre 1940 et 44, des témoins de moralité en quelque sorte !!! »

Gaston :

« Témoins… Témoins ?!? Faudrait déjà déjà les trouver, parc’qu’on sait pas qui c’est ces cons-là ! »

Beaufort, blessé dans son orgueil :

« Ça va chier pour vos matricules, espèces de rigolos !!! »

Une voix se fit entendre :

« Beaufort : vous n’avez rien de mieux à vous mettre sous la main qu’un héros de 14/18 et un honnête citoyen dont le potager a alimenté la résistance locale ?!? »

C’était le commandant de la gendarmerie, un des chefs de la résistance locale.

Beaufort :

« Comment je pouvais le savoir ?!? »

Le commandant :

« En faisant votre travail, mon bon !!! »

Barnabé captivé, à qui Gaston racontait l’histoire pendant le trajet :

« Finalement, vous l’avez échapé belle ! »

Gaston :

« Tu l’as dit bouffi !!! Et depuis, je préfère les animaux aux hommes, n’en déplaise à M’sieur l’curé… »

Barnabé lança un regard vers la banquette arrière où était installée Isabelle, qui avait écouté l’histoire qu’elle connaissait déjà.

Pourquoi était-elle si triste alors que les deux amoureux étaient réunis, ce qui aurait dû la remplir de joie ?…

 

A suivre…

( 22 mai, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (23ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 21 :

Nineties :

L’amour : plus fort que tout ?… (1/12)

 

Isabelle se précipita dans les bras de Barnabé.

Il oublia quelques instants la contrariété qui était la sienne…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Jamais il n’avait été à ce point  »prisonnier » de l’amour d’une femme, c’est bien ce qui l’inquiétait, lui, la séduction faite homme !

Edith Piaf, fort de ses trente-deux ans, ne faisait que confirmer son succès grâce à cette voix qui transperçait les âmes; l’essentiel de ses textes symbolisaient ce phénomène dont il se moquait il n’y a pas si longtemps : la dépendance amoureuse et charnelle !

Elle était en tournée aux États-Unis où elle triomphait avec les compagnons de la chanson.

Barnabé avait entendu une de ces dernières chansons sur la T.S.F. d’un petit bistrot parisien où d’habitude il prenait son petit-déjeuner, avant de se rendre à la faculté de médecine.

Il n’avait jamais fait attention aux paroles qui prirent, en cet instant précis, toute leurs significations…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=5EdBLTCdTJU

Le quinquagénaire était embarrassé, il regardait aux alentours, le temps de l’étreinte des deux tourtereaux.

C’est le privilège de ceux qui s’aiment que d’ignorer le monde qui les entourent dès qu’ils se touchent… D’ignorer le temps, surtout.

Notre quinquagénaire, un homme à l’apparence assez simple auréolé d’un béret basque, regardait sa montre.

Il attendait poliment mais commençait à faire les cents pas.

Allez savoir pourquoi il se mit à penser au « Père Einstein », ce célèbre savant de soixante-huit ans, dont il avait entendu parler comme tout le monde et dont il ne comprenait même pas le titre des ouvrages de ceux qui en parlaient ?

Mais si, ça lui revenait, maintenant !

C’étaient les premiers de sa classe qui l’avaient méchamment surnommé « Einstein » parcequ’il avait beaucoup de difficultés à assimiler les cours. Et pourtant, ce n’était pas manque d’avoir essayé et essayé encore…

Pour sûr, ce n’était qu’un « manuel », rien à voir avec ce monde-là.

Mais des plombiers, ce qu’était son père, il en faut, non ? Et puis des manuels aussi : l’prolo, mêm’ s’il a les mains dans l’cambouis et qu’il est sur l’bas du pavé, c’est quand même pas un pestiféré,  »bou Diou » !!!

L’école : c’est bien là que commencèrent les premières humiliations…

C’était-y d’sa faute si y comprenait qu’dalle, dans c’te classe avec c’t'odeur d’encaustique qui lui r’filait la déripette ?!?

C’est bien pour ça qu’il avait horreur des parquets.

A la maison y’en avait partout et fallait prendre les patins si on voulait pas s’pendre une tarte heu’ d’la mère dans la tronche ! 

La classe était déjà divisée en deux; il y avait ceux qui avaient la mémoire de tout, particulièrement de ce qui ne leur servira jamais; « qui seront pharmacien parceque Papa ne l’était pas »,

comme l’écrira Jacques Brel (qui n’avait que 18 ans) bien plus tard…

http://www.youtube.com/watch?v=v6rLLE48RL0

Et puis il y avait l’autre groupe : ceux dont l’orientation était déjà toute tracée, destinée à pérenniser la dynastie de leurs ancêtres ouvriers et paysans. Un sillon fait de labeurs et de privations.

Il eut la mauvaise idée de fêter ses 21 ans en 1914, ce qui lui valut d’aller faire une longue promenade, en première ligne, aux frais de l’Etat avec fusil et sac à dos,

face à des soldats allemands aussi terrorisés que lui…

Et d’en revenir salement amoché, victime d’un obus.

Enfin, une fois soigné, il n’aurait plus à revenir pour participer à cette boucherie qui devait le hanter tout le restant de sa vie. De plus, il faisait désormais partie du club des héros.

Il avait appris que « le premier de sa classe », son camarade qui lui avait pourri sa vie d’écolier à grand coup de mépris, était mort lors des premiers assauts.

C’était ben la peine de faire heu’l'prétentieux et d’men faire baver des ronds d’chapeaux, tiens !!!

 

 

Mêm’ là il a fallu qu’il arriv’ premier c’con-là…

Plus personne ne l’appellerait « Einstein » !

La semaine d’avant, il avait écouté avec attention une émission qui lui était consacrée. « E=mc2″, ça ne lui parlait pas; mais lorsqu’il sut que c’était la chute d’un couvreur, observée depuis la fenêtre de son bureau, qui lui inspira les recherches aboutissant à cet équation, il en fut stupéfait !

Effectivement, le speaker expliqua qu’à l’inverse de n’importe quel citoyen lambda, il ne fut pas horrifié par le spectacle dramatique, mais se posa une question :

« Pendant sa chute, quelle a été sa perception du temps par rapport à la mienne, simple observateur ?… »

Et toc : « la loi de la relativité » venait de naître !

 

Ben finalement, l’pékin qui s’est viandé : l’a servi la science !!! P’t'êt mêm’ qu’il a sauvé l’monde…

http://www.youtube.com/watch?v=clXV8Lb2XLU

Tiens, si je regarde ces deux-là : je suis sûr que l’temps leur paraît court, alors que bibi y s’fait chier… finalement, c’est pas si compliqué la r’lativité : suffit d’mexpliquer, c’est tout !

Voilà comment, sur le quai d’une gare en décembre 1947, ce brave homme pris conscience qu’il n’était peut-être pas si con que ça…

 

A suivre…

 

( 16 mai, 2011 )

La 23ème partie des nineties prend forme, mais…

La 23ème partie des nineties prend forme, mais... dans Chronique du temps qui passe...

… Il faut juste que je l’écrive, si vous voyez ce que je veux dire !

En attendant, un peu de rigolade ne saurait nuire :

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=Yz4rcZikq0k

 Et un petit karaoké bien rétro avec l’ami Marcel ?

 dans La musique que j'aime...

http://www.youtube.com/watch?v=jv81sNYSZ9w&feature=related

Et pour terminer, l’ami « Riton Salvadus » chez Sébastien :

http://www.youtube.com/watch?v=kXrGtrLBXXw&feature=fvwrel

A plus les copains et les copines !!!

« J’en étais où, moi ?… »

 

1...34567...9
« Page Précédente  Page Suivante »
|