
Le haut-parleur de la TSF raisonnait dans le salon de la villa normande où mon Grand-Père tenait la main de ma Grand-Mère, contre laquelle était venue se blottir leur fille apeurée : une adorable adolescente qui n’avait pas encore 14 ans… Celle que je devais appeler 17 ans plus tard « Maman » (première femme de ma vie) !
Cette allocution venue d’Outre-Manche allait-elle faire oublier celle de la veille, où le héros de 14/18,

oui : nous parlions bien du Maréchal Pétain,
ce héros de jadis qui faisait payer au bon Peuple de France le résultat d’une stratégie, qui justement n’en n’avait pas, ou plus ?!?
Ha ! On avait l’air malin avec notre ligne Maginot « infranchissable » qui nous avait coûté la peau des fesses…
La percée des Ardennes par les »frisés » et la déroute qui en découla, mettant face-à-face notre armée pantouflarde qui s’était reposé sur les lauriers des aînés, et ces revanchards teutons près à en découdre, dont la taille moyenne nous surclassait de 10 à 15 centimètres toute en muscles, ça avait calmé notre suffisance et nos certitudes. Elles avaient fondues encore plus vite que neige au soleil !
Pétain, cette vielle carne, avait fait don de sa personne à la France : tu parles d’un cadeau !!!
Mon Grand-Père était parfois « rustique », mais jamais vulgaire. A l’écoute de cette allocution, il utilisa un chemin de traverse : la grossièreté :
« Honneur mon cul, oui !!!
S’ils avaient écouté De Gaulle, on n’aurait pas été obligé de quitter Paris pour venir se mettre à l’abri dans ce coin tranquille de Normandie ! »
Ce « coin tranquille », lui avait été donné en cadeau de mariage par mon arrière-grand-père, « rentier en fin de course » (il figure dans ma saga familiale), et se situait entre Ouistreham et Cabourg…
Et oui, tu avais raison, mon Papy :

un coin tranquille !!!
Bon, tu pouvais pas savoir ce qui se passerait 4 ans plus tard…
Les bottes des soldats ennemis allaient bientôt piétiner les pavés de Paris en ce triste mois de juin. Tout semblait « classé » dans cette histoire. Le Maréchal, encore lucide malgré son grand âge, donnera son interprétation de la débâcle en cette phrase résumée :
« On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort; on rencontre aujourd’hui le malheur. »
Avait-t-il tort au fond ?
Cette phrase n’a-t-elle plus cours aujourd’hui ?
Son élève, un certain

Charles de Gaulle,
se faisait une autre idée de la France…
Et c’est au moment où elle allait au plus mal qu’il lui prouva son amour immodéré, depuis cette Radio de Londres où il lança cet appel, écouté par ma famille à laquelle il redonna espoir, à l’image d’une majorité de compatriotes :
Nous avions perdu une bataille, pas la guerre!!!

La Résistance au service de la France Libre était Née!!!