Ce n’est pas en tant que maire de la toute petite commune de Saint-Médard (1), 76 habitants, mais sous la casquette de président de l’Association communale de chasse agréée (ACCA) que Jean-François Alligné est appelé à comparaître le lundi 24 septembre devant le tribunal d’instance de Jonzac. Pour un dossier portant sur un préjudice de 21 550 euros, porté par un viticulteur qui a vu ses pieds de vigne mourir, grignotés à la base du cep.
En effet, il est reproché à l’association qu’il préside depuis cinq ans de ne pas avoir assez chassé le lapin de garenne, en particulier lors de la saison2010-2011. Une période qui a connu un hiver si rigoureux que le lapin est allé chercher sa pitance dans les cultures aux alentours. Les vignes, mais aussi dans les plantations de blé tendre et d’orge.
«J’en ai marre»
Si le plus gros dossier contraint le président de l’ACCA à comparaître devant le tribunal, trois autres, déjà réglés à l’amiable ou encore en cours, portent sur de plus petites sommes. Pour des dommages évalués à 124,20 €, 544 € et 1 006,92 €. Alors certes, c’est l’assurance de la Fédération départementale qui couvre l’ACCA, mais cette dernière donne aussi sa part, au minimum 75 € de franchise et au-delà de ce montant, 10 % du préjudice.
« Si l’association est condamnée pour ce gros dossier, c’est plus de 2 100 euros qu’il va falloir verser. C’est-à-dire la totalité de notre budget. Autant tout laisser tomber, si c’est ça…, précise Jean-François Alligné qui compte 18 chasseurs dans son association, dont deux seulement issus de sa commune. « Là, franchement, j’en ai marre. À chaque fois, pour les visites des experts sur le terrain, il faut prendre une demi-journée sur mon temps de travail. C’est sans arrêt ».
1 618 ceps crevés
Il ne conteste pas que les lapins aient fait des dégâts, d’ailleurs ils sont visibles à l’œil nu dans la parcelle qui compte encore malgré tout des pieds en bonne santé : mais on peut compter les ceps crevés où la sève ne peut plus circuler, seulement habités aujourd’hui par des cagouilles blanches. « C’est que le préjudice, outre la perte de récolte estimée à elle seule à plus de 15 000 euros, prévoit aussi l’arrachage mécanique, la désinfection, le remplacement de 1 618 pieds de vigne, les piquets, le fil de fer, les amarres, les tendeurs, le coût de la main-d’œuvre, des filets de protection… », détaille le président. Il montre aussi que sa petite association n’a pas démérité en détaillant les prélèvements de lapins : 10 par saison entre 2006 et 2008, 13 en 2008-2009, 31 en 2009-2010 et 143 en 2010-2011. « Il y a même eu une battue administrative par un lieutenant de louveterie et une quarantaine de chasseurs, pour huit lapins…».
Depuis juillet 2011, il a obtenu que dans sa commune le lapin soit considéré comme nuisible. En attendant, sur le coteau, du côté de Chez Verdon, Grand fief ou Le Colas, le lapin de garenne a trouvé de quoi être heureux, sans doute plus qu’ailleurs.
(1) Dans le canton de Jonzac, en Haute Saintonge. (2) Des procédures similaires ont été engagées sur l’île de Ré, en particulier à Bois-Plage, La Flotte-en-Ré et Sainte-Marie-de-Ré.
Ha pardon : en fait il n’y a pas assez de « coups de fusil », et « contre » les lapins ?!?

Pauv’ p’tit’ bêtes…
En plus, pas question qu’ils se délocalisent à Paris…
Et oui, comme le dit Henri : c’est dur pour tout le monde !!!