( 26 octobre, 2012 )

Il n’y a pas que l’alcool qui rend con : la jalousie, c’est pas mal non plus !!!

Je ne sais pourquoi, je me suis mis à repenser à ce jour où j’allais voir Monsieur et Madame « L » (J’en parlerai plus tard dans ma saga et leur donnerai un nom « de scène » le moment venu : en attendant, cette initiale sera leur identité).

J’étais adolescent, vetu d’un blouson « imitation cuir » noir, arborant un brushing qui faisait légèrement la gueule à cause du vent provoqué par le déplacement, aux commandes de ma Motobécane, plus communément appelée « Mobylette ».

A cet âge, on rêve d’être adulte, se raccrochant à une image, un look et surtout un univers.

Il n'y a pas que l'alcool qui rend con : la jalousie, c'est pas mal non plus !!! dans Chronique du temps qui passe...

Je voulais donner cette apparence…

 

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

En réalité, j’avais plutôt celle-là…

On fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a !

Madame L. avait accompagné mon enfance en qualité de femme de ménage, Maman étant seule pour assurer son travail ainsi que l’éducation, la subsistance de deux de mes soeurs et moi-même : le petit dernier arrivé comme un cheveux dans la soupe, en pleine instance de divorce… La mouche dans le lait, quoi !

Madame L. était pour moi bien plus qu’une « employée », elle devint vite un membre à part entière de notre famille « monoparentale », me donnant des douches, m’emmenant à l’école, me faisant à manger, enfin toutes ces choses qui rapproche les êtres.

C’était une conteuse née,

quoi que n’ayant pas fréquenté longtemps l’école. Avec son langage simple, elle me raconta sa vie, qui ne fut qu’une éternelle succession de drames. Elle le faisait par épisodes dont j’attendais la suite avec impatience. Cela dura quelques années, car sa vie est un roman à elle seule…

Comment ?!?

Je te vois venir Hélène,

douce fée de ces lieux !!!

Je la raconterai cette histoire, mais ça se bouscule un peu dans ma tête en ce moment… Le temps de remettre un peu d’ordre et je te livre le tout avec un kilo de pomme de terre…

S’il fallait classer la scoumoune de Madame L. à l’échelle de Richter, nous dépasserions de loin toutes les catastrophes du monde, répertoriées de mémoire d’Homme !!!

Orpheline à 12 ans, tyrannisée par un beau-père qui lui prenait tout son argent durement gagné, mariée à un acoolique qui lui mettait régulièrement sur la gueule, deux guerres mondiales vécues entre l’enfance et la force de l’âge, son gendre qui meurt à 44 ans juste après qu’elle ait enterré Monsieur L., et si ce n’était pas suffisant, une grave maladie cardiaque qu’elle devait traîner jusqu’à la fin de ses jours, ne lui autorisant que des régimes dénués de la moindre saveur…

Si j’écris son histoire un jour,

faites une bonne réserve d’antidépresseurs !!!

 

J’allai donc voir cette brave Madame L. que je n’avais jamais abandonnée depuis son arrêt de longue maladie, son mari n’étant pas plus en forme…

A la porte du hall d’entrée, alors que je mettais mon antivol sur ma mob, je vis un homme de 25-30 ans aux yeux exorbités qui me regardait fixement. Au moment où j’allais actionner la sonnette de mes amis, je vis cet individu vérifier sur quel nom mon doigt se posait. J’allais pour lui demander s’il me fallait un « ausweis » pour entrer ou s’il désirait une photo de mézigue avec mon blaze dans le coin, au moment où Madame L. m’ouvrit. Il s’écarta comme un péteux tandis que nous montions à l’étage.

Le couple me fit assoir comme à l’accoutumée à la table de la cuisine en me servant un petit blanc, celui de l’amitié.

 

Moi :

« C’est qui ce type qui me regardait avec sa tronche de cake, comme si je lui devais de l’argent ?

On a frôlé l’incident… »

 

Madame L. :

« Ho, pas grand chose, mon petit… C’est un des anciens amoureux de la voisine du dessous. »

 

Moi :

« Et il s’est imaginé que elle et moi… Hi-hi !!!

Elle fait dans le détournement de mineurs ?!? »

 

Monsieur L. :

« Y’en a que ça existe, mon p’tit gars ! »

 

Moi :

« Peut-être, mais elle a ce regard qui permet aux joueurs de billards de regarder les boules en même temps qu’elle compte les points : je ne suis pas assez mûr pour affronter ça !!! »

 

Monsieur L., me resservant un coup de blanc :

« Avec l’âge, tu ne verras plus les choses sous le même angle, une question d’hormone, hé-hé… »

 

Moi :

« En tout cas, j’espère que je n’aurai pas l’air aussi con que ce gus qui est dehors à faire les cents pas, et qui risque de se prendre une pastèque s’il continue à faire chier Popol, soit dit en passant ! »

 

Madame L. :

« Et moi, ce que j’espère, c’est de pouvoir enfin dormir la nuit, parceque les « ho oui ! ho chéri ! », ça va bien cinq minutes !!! »

 

Monsieur L., presque rêveur :

« C’est vrai qu’elle a de la santé la gamine du dessous… »

Puis, avec cette poésie qui lui lui était si particulière, il rajouta, résigné :

« Bah, le « touche-pipi », c’est plus de nos âges ! »

 

Je regardais ce couple, et j’aurais trouvé cette réplique moins triste s’il était resté entre-eux cette chose que l’on appelle la tendresse…

 

A plus…

10 Commentaires à “ Il n’y a pas que l’alcool qui rend con : la jalousie, c’est pas mal non plus !!! ” »

  1. ALAIN dit :

    Une sacrée histoire !!!
    ARSENE GRISALI

  2. Ces vieux qui ont marqué notre jeunesse,parfois davantage que nos proches,peut-être leur souffrance intime nous était moins évidente,que ces autres parents dont nous étions témoins de leur faiblesse,à ces vieux oui,dont leur amour d’une évidente sincérité,à un âge où il faut retenir le bonheur,l’amour,le partage,la bonté,à l’enfant faut-il les rendre,oui c’est sans doute là la cause,le vouloir de cette mémoire qui ne les oubliera pas,jamais est la vérité plus exacte,ces vieux qui ont marqué nos souvenirs,que notre amour rend sans cesse plaisant,
    très bon week-end ami Jean-Jacques.

    Dernière publication sur Chasseur d'Images Spirituelles : La vie est bien triste à ce jour

  3. binicaise dit :

    On a comme cela des gens que l’on n’oublie pas, ils font partie de notre enfance.
    Bonne soirée bises Jacqueline

    Dernière publication sur Binicaise : Blog en pause pour une durée indéterminée.

  4. FANETTE dit :

    Coucou JJ
    Ca va ??????
    Et bien oui parfois nos vieux n’ont même plus la tendresse tant ils en ont bavé dans leur vie, et je crois que c’est aussi certainement pour celà qu’on s’y attache si fort
    belle journée à vous deux et des bisous en prime :lol:

    Dernière publication sur FANETTE : lll

  5. Salut Loïc,

    Cette femme, je ne l’ai jamais tutoyé et elle non plus, pourtant nous étions plus proches que bien des gens qui le faisaient…
    C’est assez étrange quand on y pense…
    Ce que tu dis est très bien vu, et je garde à jamais le souvenir de cette femme au fond de mon coeur !

    Amitiés,

    Jean-Jacques.

  6. Bonjour Jacqueline,

    J’aurai l’occasion de reparler de cette femme, ainsi que de sa famille. Elle était très attachante…

    Bisous,

    Jean-Jacques.

  7. Bonjour FANETTE,

    Ce couple en avait bavé effectivement…

    Pour la santé, ça se maintient, j’ai un bilan demain, on verra ce que ça donne.

    Gros bisous,

    Jean-Jacques.

  8. canelle49 dit :

    Bonjour JJ,

    comment j’ai pu passer à côté de ce bijou ? J’ai un peu déserté les blogs et lorsque je suis revenue, je n’ai pas vu ce texte, bon…. ce qui compte, c’est que maintenant je me suis régalée à sa lecture.

    De ma baguette magique, je t’offre la santé et le courage de continuer à nous abreuver de si belle manière !

    Gros bisous à vous deux, Helene

    Dernière publication sur air du temps : Un cri d'amour !

    • Bonjour Hélène,

      Il faut dire que j’avais pensé à toi en écrivant ce sujet, qui venait en remplacement d’un autre que j’avais effacé : un règlement de compte teinté d’une bonne dose de tristesse et d’amertume…
      L’autre sujet était une lettre à « Monsieur mon Père » (alias Barnabé dans ma saga), ce héros aux regard si doux mais à la mémoire tellement sélective, qu’il en oublie chaque année ce qui ce passa un certain 25 octobre 1957 à 7h15 du matin.
      Qu’importe, il aura droit à son coup de fil le 8 février prochain, comme à chaque fois, lorsque son horloge biologique affichera une année de plus…
      Madame « L » faisait partie des « ces petites gens », terme souvent employé par « Son Altesse Sérénissime Barnabé ». C’est à cette période que j’ai pris conscience que ce n’était ni la taille ni le statut social qui faisait la hauteur d’un personnage, et que cette « petite bonne-femme » était en réalité bien plus grande que lui, car elle avait conservé un accessoire qu’il avait perdu en route dans sa quête de gloire : « un coeur gros comme ça » (!!!), celui qui m’a consolé bien des fois, tout en épaulant Maman qui versa tant le larmes à l’abri des regards !!!
      Ha oui ! Il est des gens tellement cultivés, qu’il leur pousse du persil dans les narines !!
      Madame « L », elle (sans jeu de mot), en a appris beaucoup moins, mais très lucide concernant son statut, n’oublia jamais que si haut que l’on soit assis, ce n’est jamais que sur son derrière…

      Une femme admirable, dont je reparlerai bientôt !!!

      Grrrrrrrrrrrrros Bisous,

      Jean-Jacques.

Fil RSS des commentaires de cet article.

Laisser un commentaire

|