Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (27ème partie)
« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…«
Chapitre 25 :
L’amour plus fort que tout ?… (5/12)
Les désillusions de « Peter le Magnifique »…
Peter était un des héros du 6 juin 1944. On l’avait proposé comme correspondant à Isabelle, initiative qui visait à sceller l’amitié Franco-Américaine, après l’armistice en 1945.
Beaucoup de jeunes Françaises eurent ainsi l’occasion d’échanger des courriers avec ces soldats bienfaiteurs, venus d’outre-Atlantique…
Peter avait son avenir tout tracé en tant qu’avocat dans le cabinet familial, mais il était rebelle et très rêveur. Il n’était pas « major de sa promotion » à l’université, au grand désespoir de son père :
un homme aussi intraitable qu’ambitieux !
Il essaya de soustraire sa progéniture à l’incorporation, ce qui n’eut pas le don de plaire aux autorités.
C’est ainsi que Peter se retrouva en première ligne à « Omaha Beach »…
Lui, romantique belliqueux, se croyait invincible, tel son héros de référence
Robin des Bois !
Il pensait que les balles allemandes ne pouvaient occire le juste…
« Omaha Beach » le fit redescendre assez brutalement de son nuage,
il rejoignit le monde cruel des adultes
ce 6 juin 44 où il faillit bien mourir noyé !
Il ne savait pas comment il avait réussi à atteindre la plage, car il avait sauté de la barge, comme beaucoup d’autres camarades d’infortune qui essayaient désespérément de fuir le tir nourri des mitrailleuses allemandes.
Entraînés par un matériel trop lourd vers le fond, pas mal de marines se noyèrent.
D’autres, comme Peter, avaient dû faire l’abandon de leurs armes pour ne pas connaître le même sort.
Il avait nagé entre les corps de ses camarades qui s’entrechoquaient au sein des vagues déchaînées, rouges de leur sang, et les balles qui sifflaient, essayaient de happer tout ce qui était encore vivant…
En décembre 1945, Peter se confia à Isabelle dans une de ses lettres :
« Il est manifeste que Dieu semblait être du côté de cette armée définie comme invincible…
Pour preuve : ils avaient réduit dans cette vieille Europe tous ceux qui refusaient leur autorité en esclavage, colonies comprises !!!
Suprême humiliation, ils nous tiraient comme de vulgaires lapins, nous : représentants d’une nation que nous voulions la première du monde, si l’on s’en référait à notre culture aussi bien littéraire que cinématographique, si chères à mon coeur.
Je m’aperçu, bien avant d’aborder la côte, que tout le scénario de ce film macabre vécu en temps réel, ne nous avait pas été livré intégralement !
Je parvins cependant à atteindre la plage, miraculeusement épargné par les balles qui ne cessaient de me frôler, ma dague entre les dents…
« C’est avec ce « canif » que tu comptes me dégommer ces enculés ?!? »
Ce timbre de voix et ce langage très vert, je les avais reconnus : ils étaient l’oeuvre du sergent chef Harding, le seul dont la disparition n’aurait pas été le drame de mon existence.
J’avais eu le tort d’être « bien-né », contrairement à lui qui se complaisait à m’humilier pendant l’instruction.
Le chef me montra les cadavres de nos camarades qui jonchaient déjà la plage et dit :
« Ils sont armés mais ça ne leur sert plus à grand chose : va faire « tes courses », reprends le combat et allons botter le cul de ces enfoirés de frisés…
Exécution !!! »
C’était demandé si gentiment…
Pour me donner du courage, je chantais une bonne chanson de chez-nous :
« Yankee Doodle » !
http://www.youtube.com/watch?v=AwHvyqNDUvE&feature=related
Et nous avons grimpé cette falaise, mais au prix de la vie de combien des nôtres ?…
Contrairement à mon père qui s’était fait porté pâle en 1917, je devins un héros.
Il y eu la bataille des Ardennes, l’invasion de l’Allemagne et la libération des camps de concentration…
L’horreur : une vision inimaginable !!!
Nous étions beaucoup, parmi les soldats, à admirer Hitler sans en partager la doctrine.
Cet homme, petit caporal de la guerre 14, avait fait de son pays ruiné la plus grande puissance militaire mondiale, et il en était le chef…
Mais en voyant les corps entassés et les survivants réduits pratiquement à l’état de squelettes aux regards vidés de tout espoir, de toute âme, nous fûmes tous vaccinés !!!
Le führer se suicida et ses inconditionnels interprétèrent ce geste comme « grandiose »…
Nous sommes plusieurs, qui étions sur le terrain, à dire qu’il avait pris conscience qu’il était redevenu une sombre merde, et qu’il était mort comme un lâche n’assumant pas ce qu’il avait fait !
Le grand orateur était à court d’argument, mais les débats ne faisaient que commencer…
Pour ma part, je ne pardonnerai jamais à ce sombre personnage ce qu’il m’a obligé à faire au fond de la Manche et que ma conscience me rappelle chaque nuit !!! »
Peter et Isabelle entretenaient une correspondance régulière, chacun confiant ses doutes et ses espoirs dans une vie quotidienne qui reprenait son cours, essayant d’effacer les traumatismes de la guerre…
Et pourtant, c’est en décembre 1947 que « Peter le magnifique » brisa le coeur d’Isabelle, elle qui n’avait déjà pas besoin de ça !!!
A suivre…
Que de jeunesses sacrifiées pour faire taire le fou,extraire la vieille Europe à sa folie,le nouveau monde le fit,la perpétuelle question en suspend,que serait le monde s’il ne l’avait fait,l’esprit fraternel aurait sans doute fait son oeuvre autrement,ne pas en douter,telle est la grande espérance.
très bonne soirée Jean-Jacques.
Dernière publication sur Chasseur d'Images Spirituelles : La vie est bien triste à ce jour
Bonsoir Jean-Jacques
(je suis blonde alors je peux dire hihihihih)
j’aime comme tu racontes cette bataille d’omaha beach, petit village de par chez moi et qui a une histoire dont les vestiges existent encore
Alors je crois supposer que ce brave Peter va laisser tomber sa belle Isabelle pour une blondasse platine pleine de sous et pas intelligente pour un rond
bonne et douce soirée à vous deux
bisous
Dernière publication sur FANETTE : lll
Salut chasseur,
Je me suis autocensuré, évitant de mettre des liens trop pénibles à voir, qui traduisent toute la folie du bourreau et de ses émules…
Que ce serait-il passé « si les ricains n’étaient pas là », comme l’a chanté Michel Sardou ?
Sûr que nous aurions été en Germanie pour longtemps encore, et pour la suite, je n’ose imaginer…
Tu viens de me donner une idée de sujet qui sera intéressant à traiter à l’avenir, mais ça demandera un sacré boulot !!!
Heureusement, ce qui devait être accompli le fut, nous permettant de vivre dès 1945 dans une démocratie…
Amitiés,
Jean-Jacques.
Bonsoir FANETTE,
Je suis souvent allé me recueillir sur les plages du débarquement dans cette Normandie qui est devenue le fief de mes grands parents maternels en 1940 (ou fin 39), donc constitue un peu une partie de mes racines à partir de ce moment…
Pour Peter, tu sauras tout au prochain épisode !
Bisous,
Jean-Jacques.
Ce petit caporal avait fait de l’Allemagne la plus grande puissance militaire au monde, mais à quel prix ?
Ce qu’il a fait de mieux dans sa vie, pour moi c’est son suicide…
Bonne journée Jiji.
Amicalement.
JC
Dernière publication sur Jean Claude's news : Un ange parmi les anges
Bonjour JC,
Je pense même qu’il aurait mieux fait de ne pas naître !!!
Ce que je trouve effrayant, c’est que les hommes perdent la mémoire (pour preuve le 6 juin dont aucun média n’a parlé cette année !), et que ce genre d’individu peut très bien ressurgir au travers d’idéologies « négationnistes révisées », sur fond de crises…
Bonne journée,
amitiés,
Jean-Jacques.
Bonjour JJ,
que dire de plus, une fois encore que tu n’as pas ton pareil pour nous faire vivre le passé!
Comme le temps a passé et pourtant, de nos jours on en est à nouveau a soutenir des partis comme celui qui a fait Hitler, des partis racistes, xenphobes et islamophobes. La peur de ces partis devraient être en chacun de nous et surtout se souvenir que ce genre de parti a fait 39/45 !
Si les ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie, à saluer je ne sais qui, à parler de je ne sais quoi, un gars venu de Géorgie, qui se foutait pas mal de toi, est v’nu mourir en Normandie, alors que toi tu n’y étais pas……………..magnifique chanson de Sardou et qui me fait dire souvent quand j’entends toutes les critiques que l’on peut faire sur les américains: vous oubliez un peu vite à qui on doit de vivre libres et heureux de nos jours…………. comme quoi, les souvenirs et les leçons de vie, hélas, s’oublient, on devrait toujours se souvenirs des leçons que la vie nous offrent!
Bisous à vous deux et encore beaucoup de bonheur !
Helene
Dernière publication sur air du temps : Un cri d'amour !
Bonjour Hélène,
On ne pouvait pas mieux dire !!!
Merci à toi,
bisous,
Jean-Jacques