( 30 avril, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (21ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Nineties :

(Chanson de Boris Vian diffusée en 1954, mais je pense qu’elle était déjà en gestation en 1947 dans la tête de ce génie atypique…)

Messieurs qu’on nomme Grand !!!

http://www.youtube.com/watch?v=_CUD26DXY8U&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font. dans Saga familiale

L’Oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (3/4)…

 

Chapitre 19 :

Le train n’était plus qu’à quelques kilomètres de la gare de Caen, et la conversation continuait de plus belle entre le professeur et Barnabé…

Le professeur :

« Partout dans le monde, les peuples colonisés se font de plus en plus pressants pour obtenir leur indépendance. Ce qui s’est passé cette année (pour rappel : 1947) à Madagarscar est tout bonnement scandaleux : 30 000 morts, pour un autochtone, c’est payer cher le fait d’avoir exprimé le désir de ne plus être humilié et aspirer au bonheur d’être enfin libre de sa destinée !!! »

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19470329

Barnabé :

« Si vous saviez ce que les békés, du moins les plus riches et influents de mon île, nous ont fait endurer pendant la guerre : vous en seriez tout autant scandalisé !

*Ils jetaient des quartiers de boeuf qu’ils avaient aspergés d’essence, pour que les plus pauvres d’entre-nous ne puissent les manger. Ils s’étaient tellement bien accommodés à l’administration de Vichy qu’ils se sont livrés à des actes que je préfère taire, tellement ils sont ignobles !!!

Heureusement, ils y avait parmis eux des gens bien, qui avaient des postes clefs à la marie et à la gendarmerie : ils ont sauvé la vie de pas mal de mes compatriotes au péril de la leur… »

(*Phrases prononcées récemment par mon Père et que je reproduis textuellement sans en changer une ligne)

 

Le professeur, attérré :

« Si Dieu a fait l’homme à son image, qu’il doit être laid… »

Barnabé, reprenant son sourire :

« Excusez-moi de vous demander pardon, cher Maître, mais s’il pouvait se contenter d’avoir l’apparence de

Danielle Darrieux,

je ferais bien un brin de causette avec lui, moi… »

Le professeur, jouant de son regard impressionnant :

« Hum… Un peu de sérieux, mon ami !!!

Mais, dites-moi : ne vous affichez-vous pas comme un anticlérical, oserais-je le dire :  »épidermique » ?!? »

Barnabé, levant les yeux vers le ciel :

« Ne le dites pas trop fort : « il » va nous entendre…

Je me marie bientôt et pour faire plaisir à la femme de ma vie,

il me faut passer par l’un de ces édifices ! »

Le professeur, amusé :

« Vous avez soudain la posture d’un homme qui prie… »

Barnabé :

« Que néni !!! Je ne faisais qu’admirer le plafond de cette cabine, sans plus ! »

Le professeur :

« Vous vous affichez comme un « agnostique » : êtes-vous bien sûr que cela soit par conviction ? Ne serait-ce pas plutôt une façade ?… »

Barnabé :

« (« Agnostique de façade », il faudra que je la replace, celle-là !!! {bayelef})

Où voulez-vous en venir, cher Maître ? »

Le professeur :

« Je devine en vous « un homme de foi qui s’ignore » en quête de vérité, voire de pureté. »

Barnabé :

« Je serais donc un « curé laïc », selon vous ?!? »

Sourire du professeur …

Barnabé :

« Je me suis toujours méfié de la pureté, quelle que soit son étiquette, car elle débouche souvent sur l’extrémisme !

Ce qui m’écarte de la religion n’est pas Dieu en lui-même, mais l’interprétation de ce que les hommes en font…

Il est censé incarner l’amour

mais on ne le représente que comme quelqu’un qu’il faudrait craindre !

Craindre quelqu’un qui nous aime : ce n’est pas paradoxal ? »

Le professeur :

« Si l’on admet que « Dieu », dans l’inconscient des hommes même anticléricaux, représente l’image du « Père » : celui-ci aime sa progéniture et sa progéniture l’aime, pourtant, le temps qu’un enfant se transforme en adulte, il a bien fallu passer par une étape essentielle qui s’appelle l’éducation. Elle ne se fait pas sans un rapport de force : la crainte d’une sanction si l’on s’écarte trop de la morale et des lois…

Ne dit-on pas « qui aime bien chatie bien » ?!?

Puis après la santion, vient le pardon…

Voilà pourquoi cette notion ne me choque pas plus que cela. »

Barnabé :

« <> : vous m’avez vaincu !

Mais je reste persuadé que les religions, qui nous invitent à les rejoindre pour obtenir le paradis, sont plus destructrices en prêchant la paix que les soldats, dont l’enfer est le quotidien et la guerre la raison de vivre…

S’il n’y avait que moi, si on m’en laissait la responsabilité : toute religion serait interdite, au moins sur notre sol national !

Enfin quoi : ne sommes nous pas un État Laïc, et particulièrement depuis 1905 ?!? »

Le professeur :

« C’est une thèse que défend le communisme : seriez-vous sympathisant ? »

Barnabé :

« Ho non : car ils ont la même technique que les religieux les plus extrêmes à l’époque de  »l’inquisition », dont ils ont récupéré le mode de fonctionnement détestable… La torture, le non-respect de la vie et de la liberté individuelle, entre-autres !!!

Je suis cependant d’accord avec eux pour clamer que le colonialisme est une conception désormais périmée et condamné à court terme…

Pensez-vous que les jeunes, dont je suis, se sentent concernés par l’Indochine « française » ?

Pour ma part, je n’irai pas combattre un peuple qui, lui, ne m’a jamais traité de « sale nègre », même si son idéologie n’est pas compatible avec la mienne !!! »

Le professeur :

« Finalement, vous êtes en phase avec Aimé Césaire… Non ?!?

De plus, c’est bien lui qui souhaité que la Martinique devienne « département français », malgré tout le mal qu’il pense des colons que nous sommes à ses yeux, plutôt que de prôner l’indépendance… »

Barnabé :

« Si vous me parlez de l’être humain,

j’ai une certaine affection pour lui…

Mais de la à l’appeler « Papa Césaire » et le suivre aveuglément tel un pèlerin sur les chemins de son parcours politico-médiatique, il y a de la marge !!!

On ne peut exiger le beurre, l’argent du beurre, et mépriser la main qui vous nourrit…

Les Antilles font maintenant partie de la France, au même titre que n’importe quel département de l’hexagone : les droits sont donc identiques d’un point de vue constitutionnel pour chaque citoyen… Nous sommes d’accord ? »

Le professeur :

« Absolument ! continuez… »

Barnabé :

« Il m’est insupportable qu’on puisse manipuler mes congénères pour les faire éternellement glisser dans cet « entonnoir idéologique passéiste », qui les fait ressasser et ressasser encore l’oppression dont nos ancêtres furent l’objet !!!

Un français demande-t-il des comptes à un italien pour ce qui s’est passé au temps de César ?!?

Les esclaves : ce concept n’a-t-il jamais existé dans l’antiquité : en Afrique, en Asie, en Europe ?!?

Les livres prétendent que l’esclavage a été une composante essentielle du développement du monde grec : ce n’est pas moi qui l’invente !!!

Notre cher Aimé aurait-il l’indignation  »sélective » ?

Et pour ne parler que des antilles : les indiens Arawaks, peuple pacifique et cultivé, ne furent-ils pas massacrés et réduits en esclavage par les indiens Caraïbes, peuple sanguinaire (pour ne pas dire plus !) ?!?

Ils avaient gardé leurs femmes à des fins personnelles, ce qui veut tout dire…

Sauf erreur de ma part, je n’ai pas lu ou entendu beaucoup d’intellectuels que ça ait choqué dans le monde : on a passé ce massacre « fratricide » en perte et profits au patrimoine d’une humanité totalement indifférente !

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Le professeur :

« Tout à fait !!!

Cela explique du reste l’étonnement des premiers colons, en entendant deux langues distinctes : « caraïbe » pour les hommes, « arawak » pour les femmes… »

 

Suite et fin de cette conversation au prochain épisode…

( 24 avril, 2011 )

Adieu Marie-France…

Adieu Marie-France... dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Marie-France Pisier, née le 10 mai 1944, morte le 24 avril 2011…

 

Certains jours, on hésite à allumer la radio, le poste de télé, par appréhension, tellement les nouvelles sont mauvaises !

Aujourd’hui allait-il me donner tort d’être parfois si pessimiste ?

Non, hélas !!!

C’est une journée comme les autres, qui rend mon coeur si lourd, lorsque la nouvelle tombe…

Marie-France Pisier nous quitte à 66 ans !

On part tous beaucoup trop tôt, mais est-ce un âge pour mourir quand on a tant de choses à faire encore ?!?

 dans Hommages et coups de gueule !

Oui, Marie-France, vous avez accompagné un demi-siècle de ma vie…

Grâce soit rendue à François Truffault qui vous révéla en 1961 : vous étiez « Colette », l’amour platonique d’Antoine Doinel.

Vous avez confirmé le reste de votre vie cet incroyable talent qui était le vôtre !

Vous avez su allier la grâce, le charme, la volupté et, chose rare dans ce métier : la simplicité.

Dans cet extrait, vous parlez de Robert Hossein, ce qui me permet d’entendre votre voix qui m’ensorcelle mais que je n’entendrai plus que sur des documents…

http://www.youtube.com/watch?v=v1KTSI5b1E4&feature=related

Reposez en paix, Madame…

 

( 20 avril, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (20ème partie)

« les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit »…

(article premier des Droits et du Citoyen – 17 juin 1789)

Nineties :

http://www.youtube.com/watch?v=wS10laW0rFo

Chapitre 18 :

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font. dans Saga familiale

L’Oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (2/4)…

La conversation entre le Professeur et Barnabé reprenait de plus belle…

Le professeur :

« Contesteriez-vous la chose ?!?

Lorsque Jesse Owens gagna toutes ses médailles à Berlin en 1936, ce fut une belle leçon qu’il donna à l’humanité et un terrible pied de nez (d’autres ont employé des termes moins choisis) au petit caporal de pacotille, lui rappelant au passage qu’il n’était pas César ! »

http://www.youtube.com/watch?v=QDkaOSGDweU

Barnabé :

« Mes dix ans s’en souviennent… »

Le professeur :

« Et, quoique n’aimant pas beaucoup la boxe, sport beaucoup trop violent à mon goût, je vous avoue qu’une grande émotion me tira presque les larmes quand Joe Louis atomisa l’icône du nazisme,

Max  Schmeling, en 1938…

Ces actes symboliques réalisés par des hommes de couleur, admirés enfin par leurs homologues de race blanche : n’en retirez-vous pas une parcelle fiereté, un atome d’espoir ?!? »

Barnabé, soudain nostalgique :

« <>, c’est comme ça que l’on surnomme mon professeur de philosophie, Monsieur « Joseph H », que j’ai quitté cette année à regret pour faire mes études en métropole…

Il a le même gabarit, mais lui, c’est sa culture qui atomise ses ennemis et sa plume Ô combien magique qui enchante ses admirateurs dont je suis.

Il est la preuve qu’un homme de couleur n’est pas uniquement le « saltimbanque » ou le « gladiateur » ayant reçu l’aval d’un « gentil maître blanc » qui pourra l’encenser quand bon lui semblera !!! »

Le professeur :

« Je vous ai agacé, je le sens, par l’évocation de ces deux personnages hors-norme, cependant, vous ne pouvez refuser d’admettre le bien qu’ils ont fait à l’histoire des hommes, avec les armes dont ils disposaient… »

Barnabé :

« Une arme « physique », comme toujours !

Ici, une fois de plus, en valorise encore et encore une élite musculaire et l’on se garde bien d’envisager chez l’homme de couleur des compétences intellectuelles…

Que ce soit positif ou négatif, je ne vois là rien d’autre qu’une discrimination !!! »

Le professeur :

« La discrimination a été inventé par quelque-chose de bien plus cruelle que l’homme : la nature…

Votre solide et impressionnante stature est là pour corroborer ma thèse : vos ancètres étaient les plus solides qui soient, mais… D’autres, venus d’Europe, avaient compensé ce handicap en dominant cette nature, à l’aide d’artifices technologiques.

Étaient-ils plus intelligents ? Je n’en suis pas persuadé !

Plus puissants ? Nous sommes bien forcés de l’admettre, sinon jamais ce trafic d’esclaves n’aurai vu le jour dès le XVème siècle.

Pour en revenir à ce que vous disiez, je suis persuadé que le temps, comme pour toute chose effacera les stéréotypes, du moins si l’on se place du côté « européen ».

Chaque homme ne sera jugé que sur sa compétence intellectuelle et professionnelle, non sur son origine et son physique…

Je crains cependant que la littérature « nègre » (comme la nomment leurs auteurs) ne freine ce processus de réconciliation entre les peuples !

J’ai étudié quelques ouvrages dont la lecture, je vous l’avoue, m’a parfois profondément agacée, lorsqu’elle ne m’a pas tout simplement ennuyée ! »

Barnabé :

« Tiens donc ! »

Le professeur :

« Il y est constamment question de l’Identité Africaine, du souffle des ancêtres, des morts qui ne le sont pas… Certains se complaisent à vouloir respirer l’odeur de leurs morts… Je me suis découragé très vite. Les différents auteurs sont censés s’adresser à un public populaire, mais seuls quelques avertis « ciblés » (pour ne pas dire endoctrinés !) peuvent espérer les comprendre !!! »

Barnabé :

« En quoi cela vous choque-t-il qu’un antillais puisse revendiquer son origine africaine ? »

Le professeur :

« Choqué n’est pas le terme exact…

Parlons justement des Antilles : il me semble que les racines sont quelque peu mitigées, dans la mesure où les africains « exportés » se sont mélangés à la population locale, les indiens arawaks et caraïbes, entre autres…

Sans compter tous les métissages qui ont eu lieu par la suite !

(et quand on voit ce que ça a donné :

Vive le métissage (des cultures, en l’occurence) !!!)

http://www.youtube.com/watch?v=No2N2jSe7HI&feature=related

Il ne faut pas se faire d’illusions : les africains n’aiment pas plus les antillais ou afro-américains qu’ils ne les détestent… En fait, ils leur sont parfaitement indifférents, excepté une ou deux élites qui se sentent concernés par le sujet. »

Barnabé :

« Pour tout vous dire, je ne me reconnais pas en tant qu’antillais dans cette littérature.

Cela ne m’empêche pas d’apprécier leurs auteurs et leur engagement politique,

l’émiment sénégalais ( véritable africain, lui !) Léopold Sédar Senghor en tête, mais…

En ne parlant des hommes de couleurs « noires », « jaunes », « rouges, tels des victimes et de l’homme blanc qu’en qualité d’oppresseur, comme le fait constamment

Aimé Césaire, son grand ami martiniquais,

je ne crois pas qu’on arrivera un jour à abolir les ségrégations !

On finira par le faire « à l’usure », bien sûr, en sortant des lois qui conforteront quelques cérébraux prétendant représenter « le peuple », en prenant bien soin d’ignorer que c’est dans la rue et les lieux publics que se changent les mentalités, non dans les salons et les livres auxquels ils n’ont pas accès !!! »

Le professeur :

« L’homme de la rue suivra, comme d’habitude, que voulez-vous : c’est dans la logique des choses, et Césaire terminera…

Au Panthéon, allez savoir !!! »

Barnabé, sourire aux lèvres :

« Et pourquoi pas Senghor Président de la République, pendant que vous y êtes, hi-hi ?!? »

Le professeur, amusé à son tour :

Marguerite Yourcenar (1903-1987), élue le 6 mars 1980 à l’Académie Française (fauteuil n°3)…

« Puis une femme à l’Académie Française… Hum-hum !!! »

Barnabé :

« Ho non, vous allez trop loin, cher Maître : pourquoi pas la parité homme-femme, pendant que nous y sommes ?!? »

 

A suivre…

( 17 avril, 2011 )

Petit contretemps, la 20ème partie va attendre un peu : ben ouais…

emoticone Les infirmières et médecins s’étant attachés à moi, je n’ai pas pu décliner leur invitation pour demain…

Petit contretemps, la 20ème partie va attendre un peu : ben ouais...  dans Chronique du temps qui passe...

L’équipe est charmante, mais avec toutes leurs prises de sang, je vais finir par ne plus avoir de veines, à force…

Ils m’ont dit qu’il n’y en avait que pour maximum deux jours,

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

L’astuce consistera à éviter la Vampirella de la seringue (y’en a une dans le lot ! :( ), et  à survivre aux coups de scalpels du boucher chirurgien…

Enfin, je suis optimiste, comme toujours !

http://www.youtube.com/watch?v=AMKCF2n-gJk

Si tout ce passe bien : à mercredi, mes chers amis…

En attendant :

http://www.dailymotion.com/video/xj13k2_georges-brassens-supplique-pour-etre-enterre-sur-une-plage-de-sete-rea-live-francois-chatel_music

( 13 avril, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (19ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 17 :

Nineties :  dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

 

L’Oncle Tom, la mauvaise conscience de l’Oncle Sam (1/4)…

Mais que faisait-il donc, mon Papa, dans ce train qui l’emmenait à la gare de Caen, où il captivait cet auditoire improvisé dans la cabine où il s’était installé ?!?

Et Maman : pourquoi n’était-elle pas avec lui ?

Nous le saurons plus tard…

 dans Saga familiale

« Certes, nous leur devons de nous avoir libéré et nous ne remercierons jamais assez les américains d’avoir payé un lourd tribut, en affrontant l’armée la plus puissante du monde ! L’Oncle Sam a lutté contre la forme la plus horrible de racisme qu’on ait connu de mémoire d’homme, et je pense la plus destructrice… Mais cela ne saurai égarer mon jugement !!! »

Ainsi parlait Barnabé à ce professeur à la retraite,

sosie de Sacha Guitry (au même timbre de voix), qui l’avait convié à s’asseoir à côté de lui.

Le professeur :

« Vous m’intéressez : développez, jeune homme ! »

Barnabé :

« L’Oncle Sam réchauffe un serpent dans son sein, nommé « Ku Klux Kan »… »

Le professeur :

« Vous n’êtes pas sans savoir que cette organisation a été dissoute il y a trois ans ? »

Barnabé :

« Je sais, oui, mais pour une raison fiscale, non par désapprobation du gouvernement américain !  »

Le professeur :

« Effectivement… Mais où voulez-vous en venir ? »

Barnabé :

« Au fait que nous avons été délivrés par une nation qui, si elle nous a rendu la liberté en chassant de notre territoire les apôtres du racisme et de la xénophobie, est loin d’en avoir fait autant sur son propre sol !!! »

Le professeur :

« Hum-hum… Vous voulez parler de la « discrimination » ? »

Barnabé :

« Précisément… Les nazis ont obligé les juifs à porter une étoile jaune avant de les parquer comme du bétail dans ces « trains de la honte »…

Les américains n’autorisent pas les noirs à utiliser les mêmes pissotières qu’eux : quelle est la différence avec l’idéologie fasciste, quand on sait que les lynchages de mes frères de couleur sont légion et restent impunis… Les hommes de race blanche se sentent tellement protégés par une impunité ni n’ose dire son nom, qu’ils s’exhibent sur des cartes postales après leurs forfaits, fiers de leurs exactions !!! »

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« Strang fruit », chanson interprétée par Bille Holiday, éveillera certaines consciences, mais il faudra encore attendre pour espérer changer les mentalités…

http://www.youtube.com/watch?v=eKIgLLmzxZA&feature=fvwrel

Le professeur :

« Ceci est bien regrettable et votre indignation est tout à fait fondée, mais je vous trouve bien sévère avec cette nation qui, ne l’oublions pas, est très jeune par rapport à notre vielle Europe, qui ne fut pas toujours un exemple de vertu en la matière… N’oubliez pas que les américains se sont fait une guerre dite de « sécession », ce qui prouve que la moitié d’entre-eux a su se remettre en question concernant l’esclavage et la condition humaine ! »

Barnabé :

« Oui, on peut leur reconnaître ça, et je pense qu’ils irons plus loin encore… Mais combien de victimes innocentes avant d’abolir cette discrimination institutionnelle ?!? »

Le professeur :

« Je comprends votre impatience, mais j’ai bien peur qu’il ne vous faille attendre longtemps encore, et pleurer beaucoup de vos frères d’infortune…

Mais il me vient une question qui me brûle les lèvres :

que pensez-vous du statut des indiens d’Amérique ? »

Barnabé :

« Je ne peux que vous remercier de me poser cette question, car elle va pouvoir me permettre d’exprimer ma révolte concernant ce que des colons ont infligé à ce peuple qui était chez-lui et ne demandait rien, sinon de pouvoir vivre en ses terres, dans le respect de ses coutumes et traditions, à l’écart des nôtres, je veux dire en cela celle des européens…

Ils sont venus fouler leur sol, dont celui de mon île en 1502, et dictèrent leurs lois, au mépris des populations déjà existantes, jusqu’à les exterminer !!! »

Le professeur :

« Je constate, et c’est tout à votre honneur, que vous n’avez pas utilisé le terme « génocide », comme certains…

Dans un de ses écrits, Bernardin de Saint Pierre, écrivain notoire proche de Jean-Jacques Rousseau, avait défini ce qui se passait comme tel :

« On a dépeuplé l’Amérique afin d’avoir une terre pour planter, on a dépeuplé l’Afrique afin d’avoir une nation pour les cultiver »… »

Barnabé :

« Si cet homme était encore vivant, j’aurais eu plaisir à lui serrer la main !!!

Car tout découle de là… »

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Le professeur :

« Savez-vous, mon ami, d’où viens le terme « négritude ? »

Barnabé :

« J’ai entendu ce terme de la bouche même d’Aimé Césaire, un jeune littéraire antillais de renom qui s’est engagé en politique et maire de Fort-de-France… »

Le professeur :

« Aimé Césaire ? J’ai effectivement entendu parler de cet homme qui, je pense, sera une référence pour tout homme de couleur opprimé dans ce vingtième siècle…

Mais s’il s’est approprié le terme  »négritude », il n’en n’est pas l’inventeur.

Il faut remonter au XVème siècle,  lorsqu’un gigantesque trafic vit le jour entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique… En 1444, l’île de Gorée fut découverte par Dinis Diaz, un capitaine portugais, au large de Dakar.

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C’est là que naquit « la maison des esclaves » que l’on appelait « nègres », hommes femmes et enfants, troqués contre des produits européens souvent insignifiants ! Et par qui ?!? »

Barnabé :

« Ho, je ne le sais que trop… Par des africains !!! »

Le professeur :

« Ainsi, nous sommes donc d’accord pour considérer que les premiers négriers furent les africains eux-mêmes… »

Barnabé :

« Je ne saurais contester la chose ! Mais pour revenir à la « négritude » ?… »

Le professeur :

« J’y viens… Je ne saurais vous dire qui a utilisé ce qualificatif le premier, mais il définissait dès le XVème siècle la manière de penser et le désespoir soumis des gens séparés de leur famille. »

Il y aura toujours chez les descendants de ces « déracinés », comme une plainte qui se traduit même aujourd’hui dans leur façon d’être, de penser, de chanter une berceuse dont la nostalie est de toute beauté, mais si triste… »

http://www.youtube.com/watch?v=wTOXdqrFkto&feature=fvst

Barnabé :

« Peut-être est-ce pour cela qu’il ont rouvé refuge dans la religion que leur proposaient les « maîtres blancs » ? »

Le professeur :

« Comme vous y allez !!! Les missionaires ne se sont jamais considérés comme des « maîtres », mais comme des messagers au service de leur foi et d’une religion qu’ils pensaient meilleure que toutes les autres… »

Barnabé :

« …Exigeant de leur « nouvelles recrues » l’abandon des coutumes qui faisaient leur identité et leur personnalité profonde ! »

Le professeur :

« Les coutumes ? Mon dieu, si vous saviez, mon jeune ami… Avez-Vous entendu parler de « l’excision » et d’autres horreurs  qui se pratiquent au nom de « traditions » ancestrales, au sein de certaines ethnies ?!? »

Barnabé :

« Hélas, oui… Et vous marquez un point de plus ! »

Le professeur :

« Ce n’était pas mon intention…

Il faut reconnaître cependant que les chrétiens, en convertissant les esclaves, étaient loin de se se douter que la messe, revue et corrigée par ces nouveaux adeptes, se verrait attribuée de nouvelles lettres de noblesse en modernisant les cantiques, jusqu’à créer ce que l’on appelle le « negro spiritual » et qui donnera le « gospel » !!! »

http://www.youtube.com/watch?v=CNQXQKflJNA

Juste pour le plaisir, cette interprétation de summertime par Miles Davis.

http://www.youtube.com/watch?v=N090STPx-2M

 

A suivre…

( 12 avril, 2011 )

La suite : demain peut-être ?!?

Je coince sur ma 19ème partie des « Nineties », mais je ne désespère pas de la sortir demain…

En attendant : 

Quand je vois ce qui se passe en Côte d’Ivoire , je me dis que Brassens reste toujours d’actualité…

La suite : demain peut-être ?!? dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=pe3e8l-YCOk

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.dailymotion.com/video/x1h2po_mourir-pour-des-idees_music

Mourons pour des idées d’accord, mais de mort lente !!!

( 7 avril, 2011 )

Jiji « Magic » Cinqsept : le retour !!!

Jiji  

Elle avait juré d’avoir ma peau et commençait son oeuvre malfaisante une fois de plus, cherchant une nouvelle porte d’entrée dans ma carcasse qui avait déjà fait les cents pas sur cette terre en évitant ses pièges…

Ne sachant que faire ce jour-là, elle avait choisi mes poumons à quatre heures du matin ce jeudi 24 mars.

Un appel aux urgences, un transport en ambulance puis dix-huit heures sur un brancard (ce qui fait assez mal au…  »Luc », admettons-le !), quelques prises de sang et examens plus tard, le diagnostic fut sans appel : « embolie pulmonaire » !

Ceci était dû à une légère erreur de dosage d’anticoagulant (une petite bourde de plus dans les dossiers, j’étais plus à ça près !).

 dans Ha ! On est bien...

Ils avaient l’air un tantinet embarrassés…

Enfin, il ne leur restait plus qu’à consulter leur « Grand sorcier », le seul qui pouvait contrer celle qui m’attendait avec sa faux. 

Malgré ses pièges, je suis toujours là, plus solide que jamais… Il faudra qu’elle attende, et pour longtemps !!!

Dans ces moments-là, on se pose des questions existentielles, comme Pagnol en son temps…

Qui doit-on croire : la médecine ou la religion ?

Peut-être les deux ?…

 

http://www.youtube.com/watch?v=OCfBC1j1GsE

Quoi qu’il en soit, je demande encore ma part d’imprévu, si c’était pas trop demander à Dame Nature !!!

http://www.youtube.com/watch?v=tR8twKDfaCk

Ainsi, dès demain, je reprends en main mon blog, tout en remerciant toutes celles (et ceux) qui m’ont témoigné leur amitié et fait part de leurs encouragements, Canelle et Cilou en tête…

Je me sens bien avec vous, et c’est tout ce qui compte !

A demain, amis…

Pour Cilou :

http://www.youtube.com/watch?v=FqaSdy3lR7Q

Pour Canelle :

http://www.youtube.com/watch?v=sl-cn_87jPc&feature=related

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