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( 10 février, 2011 )

Nineties : « puisqu’il fallait bien continuer… » (4ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 2 :

Depuis 1900, un olibrius surnommé Dranem faisait les beaux jours du café concert, à Paris, où il restera une vingtaine d’année.

Nineties :

Dranem, de son vrai nom Charles Armand Ménard, est un chanteur et fantaisiste français né à Paris le 23 mai 1869, rue Château-Landon, décédé le 13 octobre 1935. Son répertoire de chansons stupides (et souvent scabreuses) a fait de lui une des vedettes les plus populaires du café-concert.

http://www.youtube.com/watch?v=HyQkmo9fUpM&feature=related

Cela faisait partie des soirées parisiennes où l’on pouvait également entendre cela :

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=EGe7MUlp3cQ&playnext=1&list=PL5AAE3BFFF2FD2674

 dans Saga familiale

Et Mayol, bien sûr !

http://www.youtube.com/watch?v=NwBDiGG_7Vo&NR=1

Il y avait aussi les chanteurs de rue, qui faisant rêver des passants qui ne couraient pas comme aujourd’hui : autre temps, autre rythme…

Mais Ludivine préférait la musique classique, qu’elle appelait « la belle musique ».

Lorsque son ventre fut rond, en cette année 1908 qui devait être la dernière de sa vie, l’amour : elle en avait déjà fait le tour avec son époux « Charles »…

Combien de fois a-t-elle dû pleurer sur cette chanson éternelle, dont les paroles résumaient exactement ce qu’elle ressentait à ce moment précis ?

http://www.youtube.com/watch?v=7kICm5Lb04c

Elle ne voulut pas faire un frère ou une soeur à son fils René (mon grand-père), influencée par des tantes et cousines qui détestaient « Charles le catholique », « Charles le maudit »…

Je suppose que c’est dans une pièce bien sordide qu’elle se fit avorter, par une personne sans scrupules.

Une personne, en tout cas, qui n’avait pas la qualification et l’hygiène nécessaires à ce genre d’opération totalement illégale !

Après quelques jours de souffrances, victime de cette fièvre « puerpérale », elle décéda : je crois qu’elle n’avait même pas trente-cinq ans, alors que son mari en avait plus de quarante…

René n’avait que sept ans quand il vit sa Maman, qui était tout pour lui, sur son lit de mort.

C’est à cet instant précis que commença une malédiction qui ne devait jamais quitter la famille, et dont nous subissons encore aujourd’hui les conséquences, comme nous le verrons plus tard…

http://www.youtube.com/watch?v=VhCvIbwtmQY&feature=fvst

 

A suivre…

 

( 9 février, 2011 )

Nineties : « puisqu’il fallait bien continuer… » (3ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 1 :

Nineties :

Il y a des jours comme ça où les choses et les gens vous paraissent bien futiles…

Des jours où l’on n’a plus le goût à rien.

Des jours où l’on se dit que le temps continuera sans vous, sans aucune compassion.

Des jours où l’on prends conscience qu’on est si peu de choses, à l’échelle de l’univers.

Des jours où l’on n’est plus personne, sauf un vague numéro sur un formulaire de sécu : un matricule, en somme…

Des jours où il faudra chercher le chiffre, estampillé sur un formulaire sans âme, le seul repère pour pouvoir enfin pleurer au seuil de la dernière demeure de nos chers disparus !

http://www.youtube.com/watch?v=AB4m885sTeE&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

J’étais dans cette église où je fus surpris de la présence de beaucoup de collègues, et de ma surveillante qui avait quitté son regard sévère, pour laisser apparaître ce qu’il y avait de plus doux en elle.

A ma droite, il y avait ma soeur Odile, née en 1951, la seule qui restait après le suicide de Salomé en 1976, et qui m’avait laissé sa chambre en 1969, lorsqu’elle fut admise à l’université, à 150 kilomètres du foyer monoparental.

A ma gauche, il y avait une femme…

Celle dont je n’ai jamais parlé jusqu’à présent : une soeur avec laquelle nous n’avions jamais vécu, puisqu’élévée par mes grand-parents maternels.

Elle était notre aînée, ayant vu le jour en 1949 : Gwladys !

Je n’avais que de vagues souvenirs de nos premiers contacts, j’avais cru dans un premier temps que c’était ma tante, avant que Maman ne me dise qu’elle était ma soeur.

C’est à cette occasion qu’elle m’expliqua son histoire, indissociable de la sienne et de celle de mon père.

Lorsque le cercueil de Maman entra dans l’église, je me remémorai le vecu de mes parents, grand-parents et l’histoire de leur première petite fille…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=kdtoIUqZuC8

Mes parents s’étaient rencontrés à la faculté de médecine de Paris alors qu’ils étaient étudiants, mon père venant des antilles, Maman de sa Normandie.

Ce fut tout de suite le coup de foudre, cette chose irrationnelle que les scientifiques n’ont pas encore réussi à enfermer dans leurs pipettes…

1948 fut l’année du mariage et de l’abandon de la quasi unanimité de la famille, du côté de Maman.

Il est rare que, dans les antilles, on puisse confondre un autochtone avec un suédois ou un norvégien : y’en a que ça gênait, sans doute !!!

L’amour est plus fort que tout, certes, mais il faut se méfier des périphériques…

Nougaro, dans une de ses chansons, décrivait un monde sans pitié : « certains requins m’ont dit : on va pas te manger, mais travaille ton crowl, ce sera plus prudent !!! »

http://www.youtube.com/watch?v=A45pkKG_fXk

« On t’attentait fiston ? »

Apparemment pas celui-là !

C’est grâce à cela que je n’ai jamais connu de cousins ou cousines de cette partie de la famille, pour une histoire de couleur de peau…

Gwladys naquit en 1949, c’était un beau bébé couleur café, couleur de l’amour, si bien décrite par Mister Serge :

http://www.youtube.com/watch?v=9RDahNm5ASA

Mais le jeune couple vivait dans une mansarde : trop froide l’hiver, trop chaude l’été.

La petite fut donc confiée aux grands parents maternels, comme cela se faisait beaucoup à l’époque.

Maman était fille unique mais n’en fut pas plus heureuse pour autant, élevée par un père qui n’avait pas la fibre paternelle, trop ancré dans le drame qu’il avait vécu en 1908, alors qu’il avait encore sept ans : la perte de sa propre Maman, « Ludivine » pourtant très jeune…

« De quoi est-elle morte, en fait ? » avais-je demandé à Maman…

Elle :

« On a dit que c’était d’une fièvre puerpérale… »

Moi :

« Et c’est quoi cette fièvre pé… Pué… Enfin machin, quoi ?!? »

Maman :

« C’était une façon « éléguante » de ne pas dire qu’elle s’était faite avorter, particulièrement à une époque où c’était illégal… »

Moi :

« Un avortement ?!?

Pépère (c’est comme ça qu’on appelait mon grang-père) aurait donc pu avoir un frère ou une soeur, alors ?!? »

Maman :

« Techniquement, oui… Mais le couple ne s’entendait plus du tout, et Ludivine était de plus en plus indépendante, ce qui ne pouvait que faire plaisir à la belle famille protestante qui n’avait que peu apprécié ce mariage, car Charles, ton arrière-grand-père était catholique ! »

Moi :

« Ha, le délire : y’avais une guerre de religion chez les ancètres ?!?

Faudra que j’écrive un bouquin là dessus, un jour !!! »

Maman :

« Si tu veux, mon fils…

Mais il te faudra faire un peu moins de fautes d’orthographe, mon petit lapin !

Et puis, cette histoire se termine mal, même si la vie de ton arrière grand-mère Ludivine fut passionnante.

Elle avait coupé ses beaux longs cheveux roux pour rejoindre les « garçonnes », des femmes qui ne voulaient plus subir la loi des hommes… »

Moi, admiratif :

« Ho, mon dieu : ce que je donnerais pour l’avoir connu…

Que son sang coule dans mes veines est mon plus grand bonheur !!! »

http://www.youtube.com/watch?v=kqreS7KXP7k

 

A suivre…

 

( 7 février, 2011 )

On se change les idées : ce soir, on danse à « JIJI-LAND » !!!

 On se change les idées : ce soir, on danse à

Je vous invite à une boum : vous venez ?

Y’aura des copains bretons :

 dans La musique que j'aime...

http://www.youtube.com/watch?v=LJwI2INm92M&feature=related

Et puis un guitariste chanteur :

« Alexandre Vukobrat » (il joue d’autres instruments, aussi) et son groupe,

qui va égayer la soirée dans le respect du souvenir et de la convivialité !!!

[Le titre de la vidéo ne correspond pas, mais est-ce important ?]

http://www.youtube.com/watch?v=g4176N5PZcw

Je constate que plusieurs personnes ont sorti leurs plus beaux habits, alors : sortons le grand jeu, avec une valse et toutes les danses  dont mon ami André Rieu a le secret…

 

Mesdames, Mesdemoiselles : sortez votre carnet de bal, on vous observe !!!

http://www.youtube.com/watch?v=OECt2bErTFk&feature=related

Quoi ? J’en vois qui font la moue : mais il en faut pour tout le monde, amis…

Allez, pour faire plaisir aux quelques jeunes dans le coin qui ont l’air de se faire « ièche », là-bas :

http://www.youtube.com/user/davidguetta?blend=1&ob=4#p/u/2/EvulQKVHoGc

Bon : maintenant : un petit James Brown ?

http://www.youtube.com/watch?v=s4HU8B_-zPQ&feature=related

Dis-donc : c’était pas Michael qui était à côté de lui ?!?

http://www.youtube.com/watch?v=ArzUbsv7V9Q

Quoi ?…

Ho oui : pardon !!!

J’avais oublié nos frères et soeurs d’outre-mer…

Bienvenue mes cousines !!!

http://www.youtube.com/watch?v=1XkBNrcByaQ&feature=fvst

Et pour terminer, une petite touche orientale intemporelle :

http://www.youtube.com/watch?v=79aPyuDKz_o&feature=related

J’espère avoir fait oublier les tracas de la vie quotidienne à tous ceux qui auront pris le temps de lire cet article qui n’est destiné qu’à s’évader un peu…

( 6 février, 2011 )

Nineties : puisqu’il fallait bien continuer… (2ème partie)

« La déchirure…« 

Nineties : puisqu'il fallait bien continuer... (2ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=omM5oMSXF0E&feature=related

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

29 mars 1990 : 04h30

Je venais de décrocher le téléphone, c’était la directrice de la clinique où Maman avait été admise quinze jours plus tôt suite à son accident vasculaire cérébral qui lui avait paralysé tout le coté droit…

« Monsieur, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer :

votre Maman vient de décéder d’une embolie pulmonaire… »

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=k1-TrAvp_xs&feature=related

Elle avait fini par tomber, celle qui me poursuivait depuis le premier jour de ma naissance, celle qui était bien campée au dessus de ma tête : cette putain d’épée de Damoclès !!!

Maman était née cardiaque et j’avais passé mon enfance à la voir évoluer d’hôpitaux en hôpitaux où elle dut subir deux opérations à coeur ouvert…

Malgré cela, elle avait toujours assuré son métier et sa vie de famille, entre deux séjours, entre deux crises.

Jésus, toute proportion gardée, avait sa croix pour vivre son martyr.

Moi, pauvre de moi, j’avais cette épée pour vivre le mien…

Chacun son accessoire.

Trente-trois ans, âge que nous avions en commun, était-il maudit ?!?

En tous cas, c’était celui où je me sentis « orphelin », comme dans cette chanson postume du Grand Georges.

http://www.youtube.com/watch?v=jCxT2dfRC8g&feature=related

Maman avait quitté son enveloppe corporelle dont je caressais le front avant de l’embrasser. Quelque chose avait quitté mon corps au même instant, j’étais comme un néon éteint…

Où était-elle, cette âme qui animait le corps de Maman ?

Nos énergies étaient-elles reliées ?

La mort avait-elle coupé le cordon par où elles passaient ?

Ce fichu  cordon ombilical si cher à ceux que je détestais : les psychologues !!!

Enfin : ils pouvaient être satisfaits, puisqu’il était détruit par la force des choses…

On voyait sur le visage de Maman qu’elle était partie dans la souffrance.

Révolté, je levai les yeux vers le Christ qui était au dessus du lit, et m’adressai à lui, tel Don Qichotte s’attaquant aux moulins à vents :

« Ça aurait fait chier ton père de laisser Maman partir sans la torturer ?!?

Tu ne crois pas qu’elle en avait assez bavé déjà comme ça, Non ?!? »

Une infirmière entra dans la chambre :

« Vous avez appelé, Monsieur ? »

Moi :

« Oui, mais pas qui vous pensez… »

Elle :

« Pardon ?!? »

Moi :

« Excusez-moi… Je reviendrai vers dix heures pour régler les détails administratifs. »

Et je laissai l’enveloppe corporelle de Maman dans cette chambre devenue sans âme et regagnai tel un robot mon véhicule alors qu’il ne faisait pas encore jour.

Je savais que ce serait forcément une sale journée qui m’attendait, la première de ce parcours du combattant que serait le reste ma vie sans elle !

Dès lors, ma propre vie ne m’intéressait plus…

 

A suivre…

( 5 février, 2011 )

Nineties : puisqu’il fallait bien continuer…

« 200 ans après la Révolution française, juste avant les nineties…« 

Nineties : puisqu'il fallait bien continuer... dans Chronique du temps qui passe...

Ceux qui avaient eu la bonne idée de naître du bon côté de l’Europe, juste après l’armistice, connurent les trente glorieuses.

Hélas, pour les autres, l’oppression continuait !

Puis un jour, ils connurent à leur tour la libération, au prix du sang de leurs camarades les plus courageux…

http://www.youtube.com/watch?v=sUZWlf_vuKg&feature=related

le 9 novembre 1989, Maman eu le temps de voir la fin du mur de la honte, à la télévision…

« Je ne croyais pas vivre ça un jour ! », me dit-elle avec émerveillement.

Puis elle se tourna « par réflexe » vers le vieux fauteuil qu’affectionnait Mr Baltazard quand il nous rendait visite, ce pourquoi on ne l’avait pas mis à la décharge.

Il était vide mais on y voyait encore son empreinte : c’est dans ces moments-là que la mort deviens effective, lorsqu’on prend conscience que l’être cher ne repondra plus jamais…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=CVL6wIeBo2g&playnext=1&list=PL560C62AF5D6AE6CB

« Y’a des souvenirs qui se proposent, comme pour mieux déchirer encore… » : qui disait ça ? Ha oui : Charles Aznavour dans une de ces chansons (Me voilà seul), que je passais en boucle en 1977…

Je me souvenais de cette soirée improvisée en 1985, année où j’avais fait un break avec Marianne, n’en pouvant déjà plus de ses scènes perpétuelles.

Nous avions acheté un 45 tours de Frédéric François qui était destiné à « éteindre l’incendie » à chaque hostilité, en le passant :

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=_eWXlX8-brI

(Si tout était si simple…)

J’étais revenu habiter dans mon foyer maternel « monoparental », seul endroit au monde sur terre qui ressemblait au Paradis, enfin… Lorsque je n’étais pas harcelé de coups de fils de Marianne, qui avait obtenu que je vienne passer le mercredi chez elle et le week-end (nuits comprises) !

J’avais accepté pour les enfants, dont elle se servait comme d’une arme de chantage, car elle savait que je les aimais et que c’était réciproque… Et puis, il n’y avait pas d’autres femmes dans ma vie : j’étais tout simplement saturé par son univers pesant de tristesses et de fausses contraintes.

Mais cette soirée-là était toute à moi, Maman avait décortiqué des crevettes qu’elle avait acheté le matin au marché, pour nous faire des tarines dont elle avait le secret.

Soudain, la sonnette retentit…

Maman, avec le sourire :

« Ha, ça : c’est Mr Baltazard, à tous les coups ! »

J’ouvris la porte, c’était effectivement lui qui venait se changer les idées et s’offrir un peu de bien-être en se joignant à nous.

Il avait apporté une bouteille de champagne, j’avais moi-même été faire quelques petites courses, donc, je n’étais pas revenu les mains vides, assortiment de charcuteries fines, fromages variés et bouteilles de bons crus à l’appui !

Maman nous donnait ses tartines pendant que je versais, en guise d’apéritif, un Chivas (whisky) de derrière les fagots dans nos verres… Quel bonheur, même si  éphémère, que cette « tisane malté d’origine écossaise » qui nous coulait sur le jabot, comme la rosé du matin sur les feuilles.

La soirée ne fut tinté que de poésie et d’humour au service de notre convivialité !

Ma plus grande joie étais de voir Maman heureuse de vivre cet instant de joie et de bonheur…

C’est alors que je sortis ce vieux disque des mousquetaires au couvent :

http://www.youtube.com/watch?v=eTmp3sK9FSA

Hélas, tout a une fin et le fauteuil de notre ami restait, aujourd’hui, désespérement vide…

La santé de Maman se dégradait lentement mais sûrement en cette fin d’année 1989.

J’avais repris la vie commune « à plein temps » avec Marianne  depuis 1986, à la plus grande satisfaction des gamins.

Mais elle ne comprenait pas que je sois souvent pendu au téléphone pour échanger quelques mots avec « le premier amour de ma vie » : précisément celle qui me l’avait donné, et devait hélas perdre la sienne quelques mois plus tard…

http://www.youtube.com/watch?v=mUpPi0s7Ggo&feature=related

Moi (il paraît que mon visage se déshumanisa à cet instant) :

« Si tu ne peux pas accepter ça, alors : il faudra te passer de moi, car jamais, Ô grand ja-mais (!!!), je ne laisserai qui que ce soit m’obliger à abandonner ma Maman !

Si tu dis UN mot de plus sur le sujet,

que tu me sors la théorie de ta connasse de psy sur le « cordon ombilical non coupé »,

je quitte à l’instant cet appartement et tu ne me reverras jamais plus !!!

Compris ?!? »

Elle acquiesça timidement…

Moi, bouillant de l’intérieur, montrant mon oreille :

« J’ai pas entendu !!! »

Elle, haussant les épaules :

« Oui : j’ai compris… »

Je n’étais pas particulièrement fier de mon comportement « macho », mais c’était plus fort que moi… Je pouvais encaisser toutes les critiques me concernant sans répondre, mais  il ne fallait surtout pas toucher à la dernière divinité vivante de mon univers bien ébranlé : Maman !!! »

Pour me détendre et me calmer, je mis une cassette vidéo d’un film de Jean-Yanne :

http://www.youtube.com/watch?v=XVDXebfFvEE&feature=related

Un monde beau et gentil, même pastiché, pouvais-je encore y croire, alors que tanguy avait 16 ans et se faisait de plus en plus rebelle ?

Et ça ne faisait que commencer : ce que vous appelez l’enfer, c’était déjà chez-moi…

 

A suivre…

( 4 février, 2011 )

Eitghties : du flash-back comme s’il en pleuvait… (8ème partie)

« Mr Balthazard : dernier tour de piste…« 

Eitghties : du flash-back comme s'il en pleuvait... (8ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

http://www.youtube.com/watch?v=fRwlTMu4Hyg

Janvier 1989…

Ce n’était pas le « Fernand » de la chanson mais sa solitude et mon désespoir étaient similaires, même s’il y avait sa famille, quelques amis et proches dont j’étais…

Non : il s’appelait « Dr Balthazard »; c’était le collègue de Maman, un véritable ami… Mon presque Père : celui du coeur, et on me l’avait tué !!!

Ho ! Il n’avait pas été victime d’un homicide au sens « juridique » du terme, mais son suicide tombait à pic pour renflouer les caisses de son « amante religieuse », sa troisième femme qui s’était fait faire deux enfants de lui, comme d’autres font des placements, spéculant avec leurs doigts crochus, peaufinant un avenir fructueux…

Je n’avais rien pu faire pour lui, toujours amoureux de cette créature dont il avait divorcé quelques temps avant, mais dont il était toujours fortement amoureux, malgré qu’elle l’ait trompé d’une manière éhontée.

Ce n’était pourtant pas faute de l’avoir pris en charge, jours après jours, week-ends après week-ends, sauf ceux pendant lesquels je travaillais…

Il avait toute mon admiration, toute mon affection.

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

Aussi lui en ai-je beaucoup voulu, lors qu’il a sauté de ce pont un dimanche maudit de janvier 1989, alors que j’assurais mon travail au Centre des Moines !!!

Pendant ce temps, le téléphone de sa maison sonnait : c’était moi qui essayait de le joindre depuis la cabine téléphonique du sous-sol, pendant ma pause. Le fait qu’il ne réponde pas ne présageait rien de bon, et pour cause…

Cette chanson de Gilbert Bécaud me revenait en mémoire, elle collait parfaitement à mon état d’esprit, à cette différence près que mon ami était mon ainé de plus de trente ans…

 dans Saga familiale

http://www.youtube.com/watch?v=qk-GfbACo-8

La chapelle était pleine, mais où étaient-ils ces gens-là, lorsque la dépression vint le faucher et qu’il avait besoin de présence, victime d’un passé qui l’avait soudainement rattrapé ?!?

La retraite, il savait bien qu’elle allait arriver un jour, mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était de veillir et se voir diminué, lui : cet être si actif et enjoué !

Mourir : sa solution… Etait-ce la solution ?

Il avait donné une lettre à son ex-femme, où il expliquait exactement ce qu’il allait faire, à n’ouvrir que quand elle serait arrivée chez elle avec les enfants, dans le Sud-Ouest… Ce sombre dimanche !!!

Elle voulu me faire croire qu’elle avait respecté sa volonté, pour une fois, elle qui était si curieuse et sournoise.

Mais cela ne concerne que sa conscience : je n’en dirai pas plus…

 

« Ha, il peut sourire : il n’a plus de problème, lui, maintenant !!! »

Ainsi parlait son fils aîné, né du premier mariage, degardant son père sur son lit de mort.

Il avait été placé à l’institut médico-légal après avoir été retrouvé noyé… Ils lui avaient reconstitué un visage  effectivement souriant, avant de le restituer à la famille. Une de ses amies avait téléphoné dans mon service pour m’apprendre l’horrible nouvelle, le lundi en fin de matinée.

Ma surveillante, me voyant au téléphone, fronça les yeux dans un premier temps, puis son visage si sévère se fit tendre et compréhensif, quand elle vit les larmes qui coulaient sur mon visage, le téléphone encore dans ma main qui bipait…

J’essayai de lui dire qu’on avait retrouvé le corps de Mr Balthazard dans le fleuve, un ou deux kilomètres en aval du pont où son sac, sa veste et deux ou trois effets personnels avaient été bien rangés sur cette rampe qu’il avait ensuite enjambée !

Mais aucun son ne sortait de ma gorge qui était trop nouée, ma poitrine trop oppressée…

« Venez dans mon bureau, Jean-Jacques. »

Elle était là à me regarder craquer, me tendant kleenex sur kleenex.

J’avais toujours cru que son coeur était de marbre.

Ho, je savais bien qu’elle m’apréciait, et quelle ne fut pas ma fierté lorsque j’appris de la nouvelle surveillante générale, lors d’un entretien, que « Mme Florentino » [appelons-là comme-ça ] était à l’origine de ma mutation dans son service, alors qu’il était prévu que je soit affecté en maison de retraite (service plus « pépère »), suite à la libération du CDI en 1987 !!!

En fait, elle m’avait repéré depuis longtemps et considérait que je serais un « bon soldat » au sein de son équipe, que quelques filles fuyaient à cause de son sale caractère…

« Mon Dieu, Jésus-Marie-Joseph et tous les Saints du Paradis » : vallait mieux éviter de la croiser quand elle était de mauvaise humeur, ou alors, il ne fallait surtout pas oublier la gousse d’ail, la bible, le crucifix et : si t’avais un copain exorciste et qu’il passe dans le coin, fallait lui demander de jeter un oeil, sinon, t’étais mort !!!

Etait-cela, la femme des années 80, à l’aube des « nineties » ?!?

http://www.youtube.com/watch?v=D7dyrq2r2Sk&feature=related

Mais j’avais trouvé la parade, n’ayant même pas fait exprès : j’avais juste besoin d’être moi-même…

N’étant globalement entouré que de dépressifs et suicidaires dans ma vie privée, j’avais trouvé « refuge » dans l’humour et la dérision. Je pense, avec le recul, que c’est ce qui m’a sauvé la vie, en fait ! Cela et la faculté de me réfugier, non en absurdie comme l’ami Michel, mais dans celui des rêves et de l’espoir… Et de la foi qui existait en moi, peut-être ?…

En regardant le fils observer son père au « sourire artificiel médico-légal » bien exposé sur son lit, je me disais qu’en fait, les larmes de la progéniture de mon ami et bienfaiteur ne sortaient que parcequ’il ne s’appitoyait que sur lui-même…

Certains font des bras d’honneur, ce qui est très vulgaire ! D’autres, beaucoup plus poètes, savent faire rimer « révérence » avec « élégance », pour quitter un monde dans lequel ils n’ont plus leur place, car trop sordide !

La cérémonie se déroula comme tant d’enterrements auxquels j’avais participé jusque là, et je vis le cercueil de mon ami disparaitre dans ce fourgon mortuaire, qui l’emportait dans le Sud-Ouest, dans le fief de cette femme qui ne l’aimait pas mais avait porté ses enfants, fruit d’un amour à sens unique…

A suivre…

( 1 février, 2011 )

Eighties : du fash-back comme s’il en pleuvait… (7ème partie)

« De vraies raisons de pleurer…« 

Eighties : du fash-back comme s'il en pleuvait... (7ème partie) dans Chronique du temps qui passe...

J’étais allé chercher les gamins à l’école et montais l’escalier avec le même entrain qu’un condamné à mort montant à l’échafaud, la lame de la guillotine étant la porte que j’allais franchir, c’est à dire celle de notre appartement…

Qu’y avait-il de l’autre côté ?

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

L’antithèse de la joie de vivre et de la convivialité, pour ne pas dire : ma chère et tendre…

Cela faisait un moment que je me demandais si notre couple, encore jeune, ne terminerait pas comme dans cette chanson :

http://www.youtube.com/watch?v=89gnZ14idwM

Marianné était affalée dans le canapé, se gavant de chocolats… De mes chocolats !!!

Elle nous accueillit avec des sanglots, comme très souvent elle le faisait.

Moi :

« Sympa ! j’avais acheté ces petites gâteries pour qu’on les partage avec les gamins…

Enfin bref, allons dans la chambre : tu vas me dire ce qui ne va pas, cette fois-ci.

Et vous les gars vous pouvez regarder le

 dans Saga familiale

« Club Dorothée »

pour vous détendre un peu, mais après, on n’oublie pas de faire ses devoirs, hum ?!? »

http://www.youtube.com/watch?v=NRxyPGy9NeU&feature=related

Eux, à l’unisson, avec un petit sourire :

« Oui Jean-Jacques ! »

Moi, un air « faussement » sévère :

« Vous vous foutez de moi ?!? »

Eux, complices :

« Oui, heu… Non, Jean-Jacques ! »

C’était un petit jeu entre nous pour détendre l’atmosphère.

Je conclus avec un sourire « réellement » crispé :

« Je reviens dès que possibe, les gars… »

Eux s’en fichait comme de leur premières couches culottes, car ils avaient allumé la télé.

Marianne pleurait, pleurait et pleurait encore !

Moi, mimant l’expression d’un curé en confession :

« Je t’écoutes, parle sans crainte… »

Elle :

« Tu ne peux pas comprendre ! »

Moi :

« C’est vrai : je suis tellement con… »

Elle :

« Tu ne sais pas ce qu’est la dépression !!! »

Moi :

« Explique-moi : je serais beaucoup plus intelligent après… »

Et la fontaine des lamentations se remis à couler à flot. Elle me taxa de cynisme, ce qui n’était pas faux, mais que faire : pleurer avec elle, m’appitoyer sur ce qu’il y avait de plus négatif sur mon passé et me jeter du balcon ?!?

Non merci !!!

Moi :

« Ecoute-moi bien…

Je ne peux pas ressusciter ton frère, je ne peux pas ressusciter ton père, je ne peux pas changer ton passé… Tu prétends que les enfants sont tout pour toi, mais que fais-tu pour LEUR passé ?!?

Quand ils parleront de ce qu’ils vivent en ce moment, après avoir déjà eu un passé de merde, avec un père alcoolique irresponsable qui leur a fait plein de promesses qu’ils n’ a jamais tenues, ils se souviendront que c’est sur MON épaule qu’ils pleuraient chaque fois que ce con ne se présentait pas, alors qu’il devait les emmener en week-end !!!

Mais combien de dégâts leur aurons-nous faits, nous, les soi-disants adultes, avant qu’ils ne le deviennent eux mêmes, si tenté qu’ils y arrivent ?!? »

Marianne :

« Comment-ça : « qu’ils y arrivent » ?!? »

Moi :

« Tel que c’est barré, que ce soit avec les « mamies foldingues », leur « éthylique de père prodigue » ou toi « soeur sourire » (qui n’arrête pas d’engueuler Tanguy pour un rien, soit-dit en passant !), je ne suis pas persuadé que votre souci premier soit le bien-être des petits… Parceque, je suis loin d’être parfait, mais je ne passe pas l’essentiel de mon temps à me regader le nombril, moi !!!

Et puis, je vais te dire une bonne chose : à moins que tu ne m’invites à sortir de ta vie, le prochain ou la prochaine qui créé le moindre traumatisme aux petits : je l’expédie avec les honneurs qu’on lui doit !!! »

Je sortis de la chambre, les deux avaient l’air inquiets :

Tanguy :

« Tu ne vas pas quitter Maman ? »

Moi :

« Et merde ! Vous avez tout entendu ? »

Kévin :

« Tu parlais fort… »

Moi, après un soupir :

« Bah… Vous savez : faut pas écouter tout ce que je dis quand je suis en colère… »

Kévin :

« Si tu pars, je viens avec toi ! »

Moi, retrouvant le sourire :

« C’est gentil, mais ça n’arrivera-pas…

Bon : pendant que je prépare la cuisine, vous faites vos devoirs et si vous êtes sages je vous laisserai regarder la télé, mais pas trop tard ! »

Marianne fit l’effort de sortir de la chambre et vint me rejoindre dans la cuisine « de la réconciliation ».

Elle admit que cette situation n’était pas évidente pour moi, je lui accordai que j’avais quelques petites choses à rectifier dans mon caractère et que les mots avaient dépassés ma pensée, du moins qu’à défaut, toutes choses n’étaient pas bonne à dire…

Ouf, la soirée était sauvée !

Ce genre de scènes était légion, et plus elle se multipliaient, plus j’étais blasé, comme les mômes l’étaient déjà, hélas pour eux.

Je me disais que ceux qui avaient « réellement le droit de pleurer » étaient les membres des familles de nos chères célébrités disparues, car l’année précédente : 1986, fut une hécatombe pour notre patrimoine « populaire »…

Daniel Balavoine, mort le 14 janvier 1986

http://www.youtube.com/watch?v=6-IR_TVFihk

Coluche,  mort le 19 juin 1986…

Le plus sympa des des enfoirés, en plus !!!

http://www.youtube.com/watch?v=xnp-wM9kzM8&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=0F9zAkhJXv0&feature=related

Thierry le Luron, mort le 13 novembre 1986…

http://www.youtube.com/watch?v=8LVRCXcK7fY&feature=related

Triste année quand on y pense !

Pour se consoler, et après réconsiliations, il ne restait plus qu’à faire comme dans ce standard dont je ne donnerai la traduction qu’en présence de mes avocats…

http://www.youtube.com/watch?v=pfYU_xNAvNg&feature=related

 

A suivre…

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