« De vraies raisons de pleurer…«

J’étais allé chercher les gamins à l’école et montais l’escalier avec le même entrain qu’un condamné à mort montant à l’échafaud, la lame de la guillotine étant la porte que j’allais franchir, c’est à dire celle de notre appartement…
Qu’y avait-il de l’autre côté ?

L’antithèse de la joie de vivre et de la convivialité, pour ne pas dire : ma chère et tendre…
Cela faisait un moment que je me demandais si notre couple, encore jeune, ne terminerait pas comme dans cette chanson :
http://www.youtube.com/watch?v=89gnZ14idwM
Marianné était affalée dans le canapé, se gavant de chocolats… De mes chocolats !!!
Elle nous accueillit avec des sanglots, comme très souvent elle le faisait.
Moi :
« Sympa ! j’avais acheté ces petites gâteries pour qu’on les partage avec les gamins…
Enfin bref, allons dans la chambre : tu vas me dire ce qui ne va pas, cette fois-ci.
Et vous les gars vous pouvez regarder le

« Club Dorothée »
pour vous détendre un peu, mais après, on n’oublie pas de faire ses devoirs, hum ?!? »
http://www.youtube.com/watch?v=NRxyPGy9NeU&feature=related
Eux, à l’unisson, avec un petit sourire :
« Oui Jean-Jacques ! »
Moi, un air « faussement » sévère :
« Vous vous foutez de moi ?!? »
Eux, complices :
« Oui, heu… Non, Jean-Jacques ! »
C’était un petit jeu entre nous pour détendre l’atmosphère.
Je conclus avec un sourire « réellement » crispé :
« Je reviens dès que possibe, les gars… »
Eux s’en fichait comme de leur premières couches culottes, car ils avaient allumé la télé.
Marianne pleurait, pleurait et pleurait encore !
Moi, mimant l’expression d’un curé en confession :
« Je t’écoutes, parle sans crainte… »
Elle :
« Tu ne peux pas comprendre ! »
Moi :
« C’est vrai : je suis tellement con… »
Elle :
« Tu ne sais pas ce qu’est la dépression !!! »
Moi :
« Explique-moi : je serais beaucoup plus intelligent après… »
Et la fontaine des lamentations se remis à couler à flot. Elle me taxa de cynisme, ce qui n’était pas faux, mais que faire : pleurer avec elle, m’appitoyer sur ce qu’il y avait de plus négatif sur mon passé et me jeter du balcon ?!?
Non merci !!!
Moi :
« Ecoute-moi bien…
Je ne peux pas ressusciter ton frère, je ne peux pas ressusciter ton père, je ne peux pas changer ton passé… Tu prétends que les enfants sont tout pour toi, mais que fais-tu pour LEUR passé ?!?
Quand ils parleront de ce qu’ils vivent en ce moment, après avoir déjà eu un passé de merde, avec un père alcoolique irresponsable qui leur a fait plein de promesses qu’ils n’ a jamais tenues, ils se souviendront que c’est sur MON épaule qu’ils pleuraient chaque fois que ce con ne se présentait pas, alors qu’il devait les emmener en week-end !!!
Mais combien de dégâts leur aurons-nous faits, nous, les soi-disants adultes, avant qu’ils ne le deviennent eux mêmes, si tenté qu’ils y arrivent ?!? »
Marianne :
« Comment-ça : « qu’ils y arrivent » ?!? »
Moi :
« Tel que c’est barré, que ce soit avec les « mamies foldingues », leur « éthylique de père prodigue » ou toi « soeur sourire » (qui n’arrête pas d’engueuler Tanguy pour un rien, soit-dit en passant !), je ne suis pas persuadé que votre souci premier soit le bien-être des petits… Parceque, je suis loin d’être parfait, mais je ne passe pas l’essentiel de mon temps à me regader le nombril, moi !!!
Et puis, je vais te dire une bonne chose : à moins que tu ne m’invites à sortir de ta vie, le prochain ou la prochaine qui créé le moindre traumatisme aux petits : je l’expédie avec les honneurs qu’on lui doit !!! »
Je sortis de la chambre, les deux avaient l’air inquiets :
Tanguy :
« Tu ne vas pas quitter Maman ? »
Moi :
« Et merde ! Vous avez tout entendu ? »
Kévin :
« Tu parlais fort… »
Moi, après un soupir :
« Bah… Vous savez : faut pas écouter tout ce que je dis quand je suis en colère… »
Kévin :
« Si tu pars, je viens avec toi ! »
Moi, retrouvant le sourire :
« C’est gentil, mais ça n’arrivera-pas…
Bon : pendant que je prépare la cuisine, vous faites vos devoirs et si vous êtes sages je vous laisserai regarder la télé, mais pas trop tard ! »
Marianne fit l’effort de sortir de la chambre et vint me rejoindre dans la cuisine « de la réconciliation ».
Elle admit que cette situation n’était pas évidente pour moi, je lui accordai que j’avais quelques petites choses à rectifier dans mon caractère et que les mots avaient dépassés ma pensée, du moins qu’à défaut, toutes choses n’étaient pas bonne à dire…
Ouf, la soirée était sauvée !
Ce genre de scènes était légion, et plus elle se multipliaient, plus j’étais blasé, comme les mômes l’étaient déjà, hélas pour eux.
Je me disais que ceux qui avaient « réellement le droit de pleurer » étaient les membres des familles de nos chères célébrités disparues, car l’année précédente : 1986, fut une hécatombe pour notre patrimoine « populaire »…

Daniel Balavoine, mort le 14 janvier 1986
http://www.youtube.com/watch?v=6-IR_TVFihk

Coluche, mort le 19 juin 1986…
Le plus sympa des des enfoirés, en plus !!!
http://www.youtube.com/watch?v=xnp-wM9kzM8&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=0F9zAkhJXv0&feature=related

Thierry le Luron, mort le 13 novembre 1986…
http://www.youtube.com/watch?v=8LVRCXcK7fY&feature=related
Triste année quand on y pense !
Pour se consoler, et après réconsiliations, il ne restait plus qu’à faire comme dans ce standard dont je ne donnerai la traduction qu’en présence de mes avocats…

http://www.youtube.com/watch?v=pfYU_xNAvNg&feature=related
A suivre…