( 23 février, 2011 )

Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (11ème partie)

« Les anges déchus, les comptables et le père prodigue…« 

Chapitre 9 :

A) Quand l’espoir renaît !!!

Nineties :

6 juin 1944… 

http://www.youtube.com/watch?v=cPk21C0Wpkg 

C’était l’année des 18 ans de Maman, les civils avaient été mis à l’abri dans les tranchées du bois de Bavant.

Les bombardements alliés et la riposte allemande faisaient rage depuis trois heures du matin.

La plupart des parachutistes n’arrivaient pas vivants au sol, beaucoup d’entre-eux descendaient en flamme (ce qui traumatisa Maman qui me relatait souvent cette vision d’horreur.).

Sur les plages, les soldats qui avaient échappé à la noyade, entrainés par un matériel trop lourd vers le fond, se faisaient tirer comme des lapins par les balles ennemies !

Comme si ce n’était pas suffisant, il y avait cette météo qui n’était pas en leur faveur : une tempête dans la tempête.

Les civils étaient partagés entre deux sentiments : l’espoir de pouvoir vivre enfin « libres » de nouveau un jour, grâce à tous ces petits gars venus se faire tuer pour eux (pour nous !), et l’angoisse d’un nouvel échec, à l’image du débarquement de Dieppe du 19 août 1942, baptisé « Opération Jubilee »…

 dans Et mes souvenirs deviennent ce que les anciens en font.

http://www.youtube.com/watch?v=yBsXecz0zE4

Il fut dit par la suite que cette opération n’avait pas pour but une victoire finale. Elle était destinée à évaluer les défenses allemandes, servant de « répétition »…

Quoi qu’il en soit, à ce moment précis, nous étions au coeur du « D-Day », !

 dans Saga familiale

Partie 1 : http://www.youtube.com/watch?v=eec6Qm2jaJ8

Partie 2 : http://www.youtube.com/watch?v=DzRy4DH7Y_A&feature=related

Dans la partie 2, on entend un nom qui me tient particulièrement à coeur :

(Commandant Philippe) « Kieffer »…

Philippe Kieffer, né le 24 octobre 1899, avait constitué un commando de 177 volontaires, dont une majorité de français qui n’avait jamais accepté la défaite et étaient près à donner leur vie pour la France Libre !

Ils furent les premier à débarquer en terre de France, à Ouistréham…

http://www.youtube.com/watch?v=2WDgd6MzoiM

B) Le « Capitaine P »

Parmis les 177, un jeune capitaine breton [qu'on appelera "Capitaine P"] que j’eus l’honneur de côtoyer entre 1982 et 1983, qui faillit bien être mon Beau-Père…

Alors qu’avec ses camarades il avançait à l’intérieur des terres après avoir pris le contrôle du casino au passage, il avait déjà à son actif  le débarquement d’Afrique du Nord !

Je me suis souvent dit que la destinée est une chose très bizarre.

Juin 1944 : le « Capitaine P » était dans le même secteur que Maman.

Décembre 1982 : Je passai le jour de l’an, invité à la table du « Commandant P », en compagnie de sa femme, sa fille (détail troublant : né un 24 octobre, comme Kieffer !) et quelques amis de cette dernière.

Il m’avait tout de suite apprécié car j’étais le seul à avoir fait mon service militaire, parmis tous les prétendants que lui avait amené sa fille.

Quand il sut que c’était dans l’Infanterie de Marine, il m’apprécia encore plus…

Apprenant que mes Grands-Parents et Maman vivaient en Normandie en 1944, à quelques kilomètres de l’endroit où il avait débarqué, son regard brillait de mille feux : c’est tout juste s’il ne m’aurait pas « roulé une pelle » (c’est une image…) !!!

Je n’arrêtais pas de lui poser des questions sur ce qu’il avait vécu, mais la communication n’était pas facile, car il avait dû subir l’ablation des cordes vocales suite à un cancer de la gorge, conséquence du bombardement de Bordeaux en 1940 où il avait ingurgité du fuel, comme ses camarades.

Beaucoup des compagnons qui, comme lui, essayaient de rejoindre De Gaulle avaient péri, soit victimes des bombes et de la mitraille, soit empoisonnés par le carburant des batiments détruits.

Ce qui le sauva, lui et quelques autres, ce fut la biture qu’ils se prirent pour se remettre de leurs émotions qui les rendirent tellement malades qu’ils vomirent, expulsant le fuel « mortel » et l’alcool…

Il finit par rejoindre De Gaulle très peu de temps après, rien ne pouvant enrayer sa détermination !

Il ne devait attraper son cancer que trente-cinq ans plus tard, alors qu’il était retraité de la marine marchande où il termina sa carrière en qualité de Commandant, après avoir fait je ne sais combien de fois le tour du monde !

J’avais rencontré sa fille en boîte de nuit, notre histoire ne dura que trois mois.

Je me remettais assez mal de ce chagrin d’amour, d’autant que d’adorais ses parents !

Il était plus âgé que sa femme, d’origine bretonne comme lui, qui était toujours en activité.

Quelle que soit l’affection que nous avions l’un pour l’autre, la condition essentielle pour qu’ils deviennent mes Beaux-Parents, c’était que leur fille me garde…

Je voulais m’écarter des boîtes de nuit, elle ne vivait que pour la danse, son objectif était contraire au mien : c’est comme ça !

Le coeur lourd, alors que la rupture n’était pas encore officielle, j’étais allé me ressourcer à Tigreville chez Mamie Alice, qui vivait avec cette soeur aînée que je n’avais que très peu connu : dans cette Normandie où tant de destins s’étaient croisés sans se voir…

Qu’espérais-je en foulant le sable que le « Capitaine P » avait foulé trente-neuf ans plus tôt, fusil à la main, moi qui n’avait que pour seule arme une immense peine ?

Peut-être un miracle…

 

A suivre…

6 Commentaires à “ Nineties : « Puisqu’il fallait bien continuer… » (11ème partie) ” »

  1. canelle49 dit :

    Bonjour JJ,

    que cette période a dû être difficile, la guerre est pire que tout sur cette terre, conquérir, encore conquérir des terres et mettre à terre des nations, l’horreur des hommes n’est plus à démontrer, merci pour tes écrits, on en redemande, en tout cas j’en redemande, (sourire) c’est un réel moment de plaisir et de bonheur de venir te lire.

    Bisous, Helene

    Dernière publication sur air du temps : Un cri d'amour !

  2. Bonjour Hélène,

    Encore une fois merci !

    Quand on songe que Maman a vécu l’horreur des hommes pendant toute son adolescence…
    C’est effrayant quand on y pense !

    Bisous,

    Jean-Jacques.

  3. Le courage de cette génération,hormis ces tarés de miliciens je m’entends,est incroyable,leur honneur les poussait véritablement à se surpasser,formidable jeunesse qui rappelle le courage des jeunesses arabes actuellement,ils font l’histoire simplement.
    Salut à toi Jean-Jacques.

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  4. Salut chasseur d’images,

    C’est vrai : ils ne peuvent qu’inspirer le respect !!!

    Amitiés,

    Jean-Jacques.

  5. nanoue dit :

    Bonjour, moi en 1944, j’avais 13 ans et je me souviens de tout ou presque
    Bonne soirée
    Suzanne

  6. Bonjour et bienvenue Nanoue !!!

    Cela n’a pas dû être évident de vivre dès l’âge de dix ans dans ce monde d’intolérance…

    Mais, pour terminer sur une note optimiste : ça a dû être formidable, à treize ou quatorze ans de voir tous les adultes s’embrasser et retrouver enfin la joie de vivre, dans un pays enfin libre !!!

    Amitiés,

    Jean-Jacques.

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